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Billet de blog 14 septembre 2009

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Rhapsodie (2) : Le maudit

De ce livre décousu, dont j'ai commencé à vous parler, il m'a fallu ensuite essayer de retrouver l'ordre. C'était une sorte de puzzle poétique auquel, malheureusement, il manquait des morceaux. Reconstituer le mythe, parti en lambeaux, pour en saisir le sens, ce n'est jamais facile ; il faut d'abord mettre à plat toutes les pièces, ce qui suppose de les avoir bien établies.

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De ce livre décousu, dont j'ai commencé à vous parler, il m'a fallu ensuite essayer de retrouver l'ordre. C'était une sorte de puzzle poétique auquel, malheureusement, il manquait des morceaux.

Reconstituer le mythe, parti en lambeaux, pour en saisir le sens, ce n'est jamais facile ; il faut d'abord mettre à plat toutes les pièces, ce qui suppose de les avoir bien établies.

Pour cela, il m'a semblé nécessaire de m'habituer à les observer, à les examiner en détail, pour voir plus clairement ce qu'elles sont, en quoi consiste leur beauté propre; et ne pas hésiter à s'y attarder longtemps car il y a souvent des aspects nouveaux que l'on découvre dans ce que l'on croyait pourtant connaître.

Et lorsque j'ai cru, peut-être à tort, avoir ainsi cerné tous les aspects d'une des pages suivantes, et que j'en avais arrangé au mieux les parties morcelées, afin qu'elle fût à nouveau ce qu'elle devait être à l'origine, j'ai pensé que je pouvais vous la soumettre.

L'intitulé de la pièce parle de lui-même :

« Le Maudit »

“Je suis de mon coeur le vampire

- Un de ces grands abandonnés”

Baudelaire, Fleurs du Mal

Je suis né parmi vous mais ne suis plus des vôtres.

A l'aube de ma mort, j'ai cessé d'être humain.

Ce fut mon premier crime. Et depuis, de mes mains,

J'étrangle les vivants et j'en fais mes apôtres.

Des plus sombres sommets des funèbres Carpathes,

Je rêgne, en mon palais, d'où j'étends mon empire.

Irrepréssiblement, l'ombre honnie du vampire

Etale sous vos cieux son poison écarlate.

Les deux mondes entiers, j'embrasse en ma puissance.

Je sème sur la terre et dans les profondeurs.

Mon pouvoir s'enracine au milieu des douleurs;

Contre l'homme, partout, je répands mon engeance.

Les supplices du coeur ont fait ce que je suis.

La haine désormais est tout ce qui m'anime.

Je suis mort et je vois dans l'oeil de mes victimes

Les éclats de terreur qui étoilent mes nuits.

La patience est mon art; je suis le fruit des temps.

Peu à peu, je distille en tout lieu mon venin.

Quand j'aurai terminé mon travail assassin

Vous vous effondrerez sous vos vomissements.

L'univers à jamais gémira de ma fièvre;

De son cadavre encor je serai le vautour.

Je suis une légende - et les hommes toujours

Prononceront mon nom avec la peur aux lèvres.

(à suivre)

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