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Billet de blog 18 septembre 2009

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Rhapsodie (6) : L'Autre Royaume

Puisque la clef de la compréhension de l'ordre correct des idées semble résider dans le principe de non-contradiction, il faut, pour assurer son choix, s'exercer à percevoir la contradiction partout où elle peut se trouver. Or celle-ci repose sur l'idée d'une dualité irréductible dont on affirme pourtant l'unité. C'est comme affirmer que « oui » est « non », ou que « positif » est « négatif » ou que « l 'être » est « le non-être ».

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Puisque la clef de la compréhension de l'ordre correct des idées semble résider dans le principe de non-contradiction, il faut, pour assurer son choix, s'exercer à percevoir la contradiction partout où elle peut se trouver.

Or celle-ci repose sur l'idée d'une dualité irréductible dont on affirme pourtant l'unité. C'est comme affirmer que « oui » est « non », ou que « positif » est « négatif » ou que « l 'être » est « le non-être ».

Introduire la distinction entre l'être et le non-être est le fondement élémentaire de toute autre distinction.

D'un autre point de vue, tout à fait compatible avec le précédent, le « non-être » consiste précisément à présenter une dualité irréductible : ce qui n'est pas, c'est que l'être soit le non-être.

Ce qui n'est pas, c'est qu'il existe deux réalités incompatibles entre elles.

La réalité est une, et c'est cette unité qu'il faut en tout rechercher, par la chasse à la contradiction, à la dualité irréductible qui introduit le trouble et l'illusion dans la pensée.

Ce qui ne revient pas à dire que toute dualité soit une erreur : ne le sont pas les dualités qui s'unissent et s'ordonnent à l'unité de l'ensemble.

Et c'est sans doute à l'unité aussi que conspirent, malgré eux, notre "héros" et sa parèdre qu'il retrouve ici, après s'être exilé, semble-t-il, du monde.

L'Autre Royaume

Dans les marais noircis, sur les plaines fumantes,

S'attarde quelque fois un être merveilleux.

Sauvage, elle s'esquive, éperdue et errante,

Pour ne pas apparaître, innocente, à vos yeux...

Aucune habileté ne pourrait la surprendre.

Mais avec de la chance, et en sachant attendre,

Furtive, effarouchée, en train de se repaître,

Vous la verrez, peut-être..

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Profitez un instant de cette découverte;

Il n'est rien de plus beau

Dans ce sombre tombeau

Que cette nudité qui vous est toute offerte...

Et que cela fait-il si le plaisir est traitre,

Si la brulure en vous ne peut plus disparaître?

Seul compte désormais l'étrange sensation

Que procure à l'esprit cette vision lascive...

Drogue dure épurée, le corps de la rétive,

Indécente, s'expose à votre déraison...

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Un désir infini,

En des scènes de stupre et d'orgies,

S'élance dans vos crânes écartelés...

Et l'envie s'épandra, sans cesse martelée,

En vos corps pourpres et décrépis,

Pour empoisonner vos vies.

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Que d'os écrasés ainsi, sous les coups répétés

Et sous les contorsions de la belle reptile,

Pendant que la victime, abrutie et docile,

Apathique et servile, s'imagine embrassée!

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Quand de votre cadavre enlacé, au supplice,

Sous les sinuosités de votre séductrice,

Un liquide étonnant coulera goutte à goutte,

Vous l'aurez vu, sans doute...

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L'autre royaume est un autre trépas;

Et la tendre Lilith y règne, tout à côté de moi...

Lilith (1892), par John Collier (1850 - 1934)

(à suivre)

(Ne manquez pas la dernière pièce de ce puzzle!)

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