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Billet de blog 19 septembre 2009

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Rhapsodie (7) : L'Ultime Malédiction

Toutes les tentatives de mise en ordre, toutes les tentatives de raisonnement pour comprendre la vraie signification du mythe, qui transparaît des divers morceaux auxquels nous avons accès, sont malheureusement condamnées à n'être que des hypothèses.Sauf si l'on parvient à découvrir, par chance, et par persévérance, une pièce tout à fait particulière, et que l'on peut d'ailleurs ne pas reconnaître au premier moment.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Toutes les tentatives de mise en ordre, toutes les tentatives de raisonnement pour comprendre la vraie signification du mythe, qui transparaît des divers morceaux auxquels nous avons accès, sont malheureusement condamnées à n'être que des hypothèses.

Sauf si l'on parvient à découvrir, par chance, et par persévérance, une pièce tout à fait particulière, et que l'on peut d'ailleurs ne pas reconnaître au premier moment.

Cette pièce joue le rôle de clef de voute : en la découvrant, on comprend que toute l'histoire conspirait à celle-ci. Elle en est à la fois l'aboutissement (pour celui qui lit l'histoire) et le commencement (pour celui qui l'a écrite).

Parce que cette pièce porte en elle sa propre justification, parce qu'elle n'a pas besoin de preuve supplémentaire, elle donne le « fin mot » de l'ensemble.

Et, la plupart du temps, cette finalité de l'histoire la fait soudainement apparaître différente : elle réclame de nous qu'on la parcourt à nouveau, à la lumière de cette découverte, et, peut-être, que l'on réordonne les pièces et qu'on les réinvestisse d'un sens jusque là trop peu aperçu.

Mais je n'ai pas eu le courage de refaire tout ce travail. Pourtant, je suis bien certain d'avoir découvert cette pièce unique qui justifie, achève, couronne et solidifie tout le reste.

Et la voici.

L'Ultime Malédiction

Lis pour moi, assoiffé, tous ces vers nécrophages ;

Qu'ils te rongent l'esprit comme ils rongent ces pages!

Que la démence absurde absorbe tes espoirs,

Et que s'instaure ainsi mon règne dans la gloire!

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Inutile mortel, en vain, tu m'as honni ;

Tu peux te réjouir ; oui, je suis le banni,

Celui dont on ne peut éradiquer la race,

Et je m'en vais encore - mais en laissant ma trace,

Au plus profond des âmes,

Au plus profond des corps, dans vos rèves infâmes,

Dans vos plaisirs putrides.

Goûtez votre malheur :

Mon esprit vous dissout de ses poisons acides.

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Pour moi a sonné l'heure

Sinistre de l'éclipse.

Mais ne me pleurez pas. Car je serai debout,

Quand tout s'effondrera et quand l'apocalypse

Aura fait retentir les trompes du Courroux.

Alors, je règnerai : un an, un mois? Qu'importe!

Puisque je serai tout et que vous n'aurez rien.

Et nul pour prier Dieu et toutes ses cohortes,

A peine une supplique, entonnée pour des chiens.

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C'est alors, je le sais, qu'il viendra, le Voleur.

Je l'attends. J'ai dressé mes armées contre lui.

Mes armées - et c'est vous!- embraseront la nuit,

Se feront écrasées et hurleront d'horreur.

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Ah! Je m'affaisserai, las, sous le ciel qui gronde ;

Il règnera enfin... sur les ruines d'un monde.

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Oh, je serai perdu. Vous serez morts aussi.

Mais que croyez-vous donc? Il sera bien trop tard.

Devant le Tribunal, j'userai de mon art :

Je vous assisterai - oui, ce sera permis!

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Je fus le séducteur, le trompeur magnifique,

Je connais l'éloquence, je sais la rhétorique ;

Conservez bien au chaud votre sérénité :

Je dirai seulement l'inique vérité!

Le jeu sera fini ;

J'aurai déjà menti.

Lâchetés, crimes, morts, et terribles blasphèmes ;

Tout ce qui s'est tapi au fond de vos fronts blèmes,

Je le mettrai au jour.

Je suis l'Accusateur, aux ténèbres ultimes ;

Vous êtes mes amours?

Vous serez mes victimes.

(fin)

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