Maux et langage

Le citoyen ne joue plus le jeu. Le pouvoir d'achat se réduit. Le morale des ménages est au plus bas. Les spécialistes sont convoqués. Des cellules psychologiques sont mises en place, assistées par d’autres cellules psychologiques. Tout le Pays est en état de choc. L’émotion est à son comble, et le compassionnel. Une voiture perd le contrôle de son conducteur. Tout à fait. Absolument. Que du bonheur ! La consommation s’essouffle. L'inflation trottine. La croissance ralentit. La récession nous guette. La crise, la peur, l’insécurité persistent. La relance stagne, au bord de l'abîme, elle redémarre. Le chômage est reparti. Le mal se propage, et la pollution. Une loterie pour désigner les gagnants du jeu de l'auto et les accidentés de la route qui seront épargnés. La guerre des mots fait rage. La parité progresse. L’énergie verte pâlit. L’horizon s’assombrit. Le style décline, notre vocabulaire dérape, dépérit. Nos arts demeurent contemporains. Le ras le bol est général. La vulgarité, le bêtise n’avancent même plus masquées. Nos indicateurs de qualité se dérèglent. Le spectre de la Pauvreté frappe à notre porte. Qu’il entre, en Majesté ! Et qu’au moins s’enrichissent nos maux, notre langage et notre ortografe.

Marcel Hanoun - cinéaste