Incipit : Quand j’étais petit garçon et qu’une petite sœur des pauvres avec cornette venait sonner à la porte de notre maison, je l’agressais, sans comprendre, d’un : « Encore un navet ma sœur ? » tout en filant, coupable, le long du grand couloir.
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La mort doit-elle faire évènement, plus que la vie, sans n’être qu’un prolongement , une continuité obligée, sans transition ?
Le paradoxe serait-il que la vie soit conclusive, et la mort, ouverture ?
A travers la mort, la parole se libère-t-elle, s’éclaircit-elle et prend-elle le relais d’une petite musique de vie ?
Quand j’entends dire que Sœur Emmanuelle est une des personnalités favorites des français, est-ce l’essence de ses actes qui est exaltée, est-ce la cristallisation excessive, abusive de nos pensées centrées sur une « icône imagière » interchangeable et tout compte fait païenne, empreinte de paganisme ?
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Hors un certain schéma manichéen (noir / blanc), la pensée se détermine-t-elle par le faciès. La couleur de peau du penseur vocalise-t-elle la couleur de sa pensée et celle-ci peut-elle être soumise au choix électif, sélectif, conditionnel, au vote d’un vis-à-vis qui aurait ou n’aurait pas la même couleur de peau ? Toute pensée ne pourrait-elle être un concept irrationnel, abstrait, séparé du corps, désincarné. Exercer son esprit, une pensée, n’est-ce pas intransitif, universel ?
Marcel Hanoun - Cinéaste