APRES LES ATTENTATS DU 7 JANVIER ET LA RIPOSTE POPULAIRE :
Les victimes sont les coupables. Les victimes sont accusées par les coupables d’être des victimes. Les coupables demandent aux victimes de justifier leur situation de victimes. Les victimes doivent défendre « les valeurs » des coupables.
Dirigé par PUJADAS, insupportable débat jeudi soir sur A2.
De quoi hurler !
La première partie de l'émission a été consacrée aux questions de sécurité avec un arsenal de nouvelles dispositions étalées budgétairement sur trois ans, ce qui atténue un peu la portée réelle de l’annonce spectaculaire faite par le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur. Malgré les précautions de langage, les intervenants avaient du mal à cacher les dérives prévisibles contre les libertés individuelles.
Le plus remarquable, si on peut dire, dans cette émission c’était les absents et principalement le ministre de l’Économie et tous ceux qui s’occupent des questions sociales. Ce qui donnait tout de suite la mesure des limites de l’émission et surtout de ce à quoi il faut s’attendre demain dans les quartiers populaires et plus généralement pour la jeunesse.
C’est l’ineffable ministre de l’Éducation que l’on a envoyée au feu. Car, dans le petit cercle politico-médiatique, tout le monde s’accorde pour dire que c’est à l’école de régler les problèmes et aussi aux familles auxquelles on fait les gros yeux. Elles ne seraient pas suffisamment responsables.
Évidemment le « grand penseur » Alain FAINKIELKRAUT, se prêtait avec complaisance à son rôle d’alibi, lui dont la pensée penche obsessionnellement vers ce qu’il estime être le danger de tous les dangers : l’emprise de la culture islamique sur la culture occidentale. Aidé par la professeure Barbara LEFEBVRE, les outrances de Finkielkraut étaient à la hauteur du discours insipide de NAJAD VALLAUD-BELKACEM. Toute la discussion a tourné autour d’une supposée responsabilité des jeunes des quartiers populaires qui ne montreraient pas suffisamment d’enthousiasme à l’égard de « nos valeurs », dont la définition reste à établir.
On pouvait s’attendre à ce que l’on prenne en compte le désarroi de nombreux jeunes dont le marqueur est toujours magrébins-immigrés même si on en est à la troisième génération et que les jeunes dont on parle sont français. Ce que l’on croit être le fin du fin de l’action en direction de ces jeunes c’est la rigueur. La République devrait revenir dans ces quartiers avec la rigueur et la sévérité. Que l’on doit trouver à l’école où chanter La Marseillaise, exorciserait les démons islamiques. Et une série d’inventions de l’eau chaude, telle que le respect des enseignants, dont on ne dit guère comment ils sont formés à leur métier complexe. Seule une professeure, Laurence DE COCK, très courageusement, avec beaucoup de compétence et à partir de son expérience en Seine Saint Denis, a fait entendre une autre musique. Elle parlé de la réalité que vivent quotidiennement des milliers de jeunes abandonnés à leur sort de chômeurs et de stigmatisés. Qui expriment souvent incompréhension et quelques fois mépris à l’égard de valeurs plaquées, incompréhensibles dans un environnement dont l’état de dégradation est ignoré par le petit monde politico médiatique dominant.
Dans ce concert d’exigences à l’égard des jeunes et de leurs familles où la question de la religion est abordée comme source et non pas comme conséquence des difficultés que l’on rencontre, l’Imam Abdelali MAMOUN, pouvait nuancer les propos péremptoires des intervenants. Il n’en a rien été.
L’Iman, au demeurant très sympathique et ouvert, nous a servi une morale à deux sous. Pressé de dire ce qu’il répondait aux jeunes en détresse, quelques fois agressifs contre « l’occident », il a répondu à peu près ceci : « Je dis aux jeunes, vous êtes au chômage, mais vous avez le RSA, la CMU. Vous êtes choyés par la République, entretenus, protégés par le système que vous appelez Occidental ». Pas moins ! Horizon RSA, le grand projet républicain à l’égard de la jeunesse de notre pays.
Voilà où on en est. Autrement dit, sauf changement de politique, après quarante années de retard nous risquons d’assister encore aux élucubrations fumeuses sur la réalité de quartiers abandonnés avec des millions de jeunes livrés à eux-mêmes. Après ça on se plaindra, comme cela a été dit tout au long du débat, que la religion prenne le pas sur la citoyenneté.
Mais voilà, notre Premier ministre qui a pourtant été le maire d’une commune de la banlieue parisienne semble avoir la révélation. Selon le point : « Pour éviter que la situation ne dégénère, Manuel Valls, qui explique en effet que le risque dans ces territoires, qu'il compare à des "poudrières sociales", "c'est que, faute d'espérance, la dérive, la criminalité, l'islamisme radical trouvent un terreau fertile", soumet l'idée de "commissaires du gouvernement" envoyés dans les villes ». Après TAPIE, ministre de la Ville, voilà la nouvelle grande idée d’un ministre socialiste, "des commissaires pacificateurs".