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Comment atteindre la neutralité carbone ?
Le changement climatique affecte déjà le monde entier. Les conditions climatiques extrêmes telles que la sécheresse, les vagues de chaleur, les fortes pluies, les inondations et les glissements de terrain deviennent de plus en plus fréquents, y compris en Europe. L'augmentation du niveau de la mer, l'acidification des océans et la perte de biodiversité sont d'autres conséquences des changements climatiques rapides.
Qu'est-ce que la neutralité carbone ?
La neutralité carbone implique un équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption du carbone de l'atmosphère par les puits de carbone. Pour atteindre des émissions nettes nulles, toutes les émissions de gaz à effet de serre dans le monde devront être compensées par la séquestration du carbone.
Un puits de carbone est tout système qui absorbe plus de carbone qu'il n'en émet. Les principaux puits de carbone naturels sont le sol, les forêts et les océans. Selon les estimations, les puits naturels éliminent entre 9,5 et 11 gigatonnes de CO2 par an. Les émissions mondiales annuelles de CO2 ont atteint 38,0 Gt en 2019.
À ce jour, aucun puits de carbone artificiel ne peut éliminer le carbone de l'atmosphère à une échelle suffisante pour lutter contre le réchauffement de la planète.
Le carbone stocké dans les puits naturels, les forêts par exemple, est rejeté dans l'atmosphère par les incendies de forêt, les changements dans l’utilisation des terres ou l'exploitation forestière. Voilà pourquoi il est essentiel de réduire les émissions de carbone pour atteindre la neutralité climatique.
À la suite de l'Accord de Paris sur le climat, la loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte et le Code de l’Environnement ont introduit le principe d'une Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Concrètement, c'est une feuille de route qui précise les orientations que la France doit suivre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre avec deux objectifs :
Viser la neutralité carbone collective d'ici 2050 ;
Réduire l'empreinte carbone de notre consommation.
Signé en 2015, l'accord de Paris précise qu'en vue d'atteindre l'objectif de température à long terme, le groupe des (194) pays signataires cherche à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais, étant entendu que le plafonnement prenne davantage de temps pour les pays en développement.
Quels sont les principaux gaz à effet de serre ?
L'effet de serre est un phénomène naturel nécessaire à notre survie. Celui-ci provoque une augmentation de la température à la surface de notre planète. Notre activité sur Terre modifie la composition chimique de l'atmosphère, et entraîne l'apparition d'un effet de serre supplémentaire, responsable en grande partie du dérèglement du climat.
Si le CO2 est le gaz à effet de serre le plus répandu, il en existe cinq autres. Voici la liste complète et leurs principales sources :
Dioxyde de Carbone (CO2)
- Combustion des énergies fossiles
- Agriculture et élevages intensifs
- Déforestation
Méthane (CH4)
- Élevage des bovins et ruminants
Hydrofluorocarbure (HFC)
- Exploitations minières et pétrolières
- Décharges d'ordures
Protoxyde d'Azote (N2O)- Industries du froid et automobile
Per fluorocarbure (PFC)
- Climatiseurs et systèmes de froid
- Extincteurs
Hexafluorure de Soufre (SF6)- Industrie Pharmaceutique
En France, les transports émettent à eux seuls 30% des émissions, devant l’agriculture et le bâtiment, 19%.
Comment atteindre la neutralité carbone ?
La responsabilité particulière des États
La définition de la neutralité carbone en tant qu’objectif de lutte contre le réchauffement se fait à l’échelle planétaire. Toutefois, on peut se demander si chaque acteur doit chercher à atteindre sa propre neutralité carbone. Si l’on considère que non, il suffirait que les émissions nettes positives de certains pays soient compensées par les émissions nettes négatives d’autres nations.
Cette situation pose néanmoins de graves problèmes d’équité. Ainsi, l’Agence de la Transition Écologique estime qu’il est de la responsabilité de chaque État d’atteindre la neutralité carbone sur son territoire. Une combinaison d’objectifs nationaux est aussi plus facile à atteindre qu’un grand objectif global du fait de la souveraineté des Etats.
On peut ainsi citer quelques pratiques à développer nationalement :
Investir massivement dans les énergies renouvelables et diversifier le mix énergétique ;
Améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments (on parle souvent de lutte contre les passoires thermiques) ;
Développer les pratiques d’agriculture durable et l’agroécologie ;
Privilégier des technologies bas carbone (Löw-tech) ;
Mettre fin à la vente de véhicules légers thermiques ;
Passer à un modèle d’économie circulaire (moins de déchets et de gaspillage de ressources).
La coopération territoriale, moteur de la transition
Il faut envisager une société organisée autour d’un nouveau mode de gouvernance et d’une coopération plus affirmée entre les territoires.
Les «ONG, institutions publiques, secteur privé et société civile trouvent des voies de coopération pragmatique qui permettent de maintenir la cohésion sociale ». L’objectif est de parvenir à des transformations positives et de façon plus progressive. La consommation de viande devra avoir diminué en 2050, certes, mais seulement de moitié par rapport à aujourd’hui.
Et si la mobilité s’oriente, elle aussi, vers plus de proximité avec le développement des trains du quotidien, des vélos cargos, mini voitures et autres, la baisse moyenne du nombre de kilomètres parcourus par habitant n’est plus que de 17 %. Les investissements dans la transition sont également très importants. Dans le transport de marchandises, par exemple, outre une réduction des volumes et des distances parcourues,
Vers une transformation de l’intérieur
De manière générale, on cherchera prioritairement à réduire les émissions directement liées à son activité, au sein même de sa chaîne de valeurs, plutôt que d’agir en dehors de sa chaîne de valeur. On parle alors de compensation carbone intégrée ou in setting.
Les projets d’in setting permettent des réductions significatives des coûts et de l’empreinte carbone au cœur du processus de création de valeur des entreprises. L’approche vise donc une transformation du modèle d’affaire, seule à même de permettre l’avènement d’une société bas carbone.
En effet, en compensant annuellement ses émissions par l’achat de certificats, l’organisation ne réduit pas ses émissions propres et est vouée à poursuivre le système de compensation année après année. Impossible donc d’atteindre la neutralité carbone à l’échelle planétaire. Tandis que si l’organisation investit chaque année dans sa transformation (assainissement des bâtiments, remplacement des équipements, éco conception des produits, nouveau système de distribution, etc., elle réduit petit à petit son impact climatique et contribue ainsi véritablement à atteindre la neutralité carbone au niveau mondial.