MarcJ (avatar)

MarcJ

Individu citoyen de genre neutre

Abonné·e de Mediapart

94 Billets

0 Édition

Billet de blog 4 novembre 2013

MarcJ (avatar)

MarcJ

Individu citoyen de genre neutre

Abonné·e de Mediapart

Vie et mort sous les drones: des Pakistanais témoignent

Alors que l'administration américaine assure que les attaques par « véhicules aériens sans pilote » (unmanned aerial vehicules) en Afghanistan et au Pakistan (mais aussi au Yemen) constituent des frappes ciblées avec précision et qu'elles sont effectuées en dernier recours en cas de menace imminente par des militants terroristes (se reporter par exemple aux déclarations de John Brennan lors de son audition au Sénat américain avant son investiture comme directeur de la CIA), un nouveau rapport d’Amnesty International apporte un éclairage différent.

MarcJ (avatar)

MarcJ

Individu citoyen de genre neutre

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors que l'administration américaine assure que les attaques par « véhicules aériens sans pilote » (unmanned aerial vehicules) en Afghanistan et au Pakistan (mais aussi au Yemen) constituent des frappes ciblées avec précision et qu'elles sont effectuées en dernier recours en cas de menace imminente par des militants terroristes (se reporter par exemple aux déclarations de John Brennan lors de son audition au Sénat américain avant son investiture comme directeur de la CIA), un nouveau rapport d’Amnesty International apporte un éclairage différent.

Amnesty International a enquêté sur le terrain, au Pakistan (voir le rapport du 22 octobre : "Will I be Next?" US Drone Strikes in Pakistan), recueillant de nombreux témoignages et a conclu que certaines attaques sur des victimes civiles pourraient bien constituer des crimes de guerre. En particulier et dans plusieurs cas, il apparaît qu'après une première frappe, les drones réapparaissaient pour lancer leurs missiles Hellfire sur les gens venus porter secours à leurs voisins bombardés.

Déjà en 2012, un rapport avait été publié par les Universités de Stanford et de New York (voir : Living under drones), tentant de faire le décompte des victimes civiles par attaques de drones. Ces attaques ont vu leur nombre augmenter rapidement avec la prise d'investiture à la Maison Blanche de Barack Obama en janvier 2009. Mais l'administration américaine garde le plus grand secret sur ces opérations distantes et il est très difficile aux enquêteurs de collecter des chiffres précis. L'étude avait publié les chiffres suivants : sur la période 2004-2012, il y eut de 2 600 à 3 300 personnes tuées, dont 500 à 900 civils et avec un décompte de 176 enfants.

Aujourd'hui, un film documentaire du cinéaste américain Robert Greenwald, Unmanned: America’s Drone Wars, bientôt en accès gratuit sur Internet, tente de relancer le débat en montrant au public la réalité de ces attaques cachées dont les USA n'ont officiellement admis que très récemment l'existence. Une présentation du film avec extraits et une interview du cinéaste sont visibles sur le site alternatif d'information Democracy Now! : "These Drones Attack Us and the Whole World is Silent": New Film Exposes Secret U.S. War

Est d'abord décrite l'attaque ayant tué le jeune pakistanais Tariq Aziz, 16 ans, qui venait d'assister à une réunion publique à Islamabad, réunion visant justement à dénoncer les attaques américaines inconsidérées. Puis est évoquée l'attaque d'une réunion tribale (appelée jirga) dont le sujet était des problèmes miniers et de découpe du bois. La réunion, pacifique et en plein air, avait été déclarée aux autorités pakistanaises 10 jours à l'avance. L'attaque américaine causa ce jour là la mort de 45 personnes. Le problème des « signature strikes » est posé, quand des pilotes, distants de plusieurs milliers de kilomètres, « reconnaissent », suivant des critères qui leur sont propres, des gens au « comportement de militants terroristes» (comme des gens plus ou moins barbus, assis en cercle avec des fusils à proximité). Ils ouvrent alors le feu...

Le cas de la famille pakistanaise Rehman est des plus choquants. La grand-mère, 67 ans, a été visée et littéralement « explosée » alors qu'elle ramassait des légumes dans son champ. La famille de cette femme, son fils et ses deux petites enfants, Zubair 13 ans, blessé dans l'attaque et qui a dû être opéré de la jambe, et sa petite fille Nabila 9 ans, témoignent dans le film documentaire.

Cette semaine, cela constitue une première, ils ont été reçus par le Congrès américain qui a entendu leur témoignage (seuls 5 représentants démocrates se sont déplacés). Ils ont aussi été interviewés dans les locaux de Democracy Now ! : "Too Scared to Go Outside": Family of Pakistani Grandmother Killed in U.S. Drone Strike Speaks Out

Le 11 octobre, Barack et Michelle Obama recevaient à la Maison Blanche Malala Yousafzai, la jeune pakistanaise de 16 ans, ardente partisane de l'éducation des filles et rescapée d'une attaque des talibans en octobre 2012 où elle reçut une balle dans la tête. Après sa visite, la jeune pakistanaise a dû en rectifier le compte-rendu officiel. En effet, la Maison Blanche ne mentionnait pas ses déclarations au président américain : plutôt que des attaques de drones qui tuent des civils innocents, l'effort américain serait bien plus efficace à lutter contre le terrorisme s'il se concentrait sur l'aide à l'éducation.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.