
Ce petit livre, par le "collectif Acides" - des enseignants-chercheurs en sciences humaines, éditions Raisons d'agir, traite de la problématique de l'augmentation (à venir ?) des frais d'inscriptions dans l'enseignement supérieur public en France.
Faire payer aux étudiants une part importante de leurs études apparait à certains analystes comme la bonne solution pour financer des établissements devenus autonomes et pour lesquels l’État pourrait un jour vouloir réduire la part du budget global qu'il leur octroie.
Plusieurs arguments sont avancés pour justifier la « financiarisation » des études par les promoteurs de cette solution : une meilleure santé financière pour les universités (à condition que l’État n'en profite pas pour se désengager davantage !), une plus grande motivation des étudiants à réussir leurs études dès lors que celles-ci leur coutent plus cher, et paradoxalement une plus grande justice sociale. Ce dernier argument est basé sur la constatation que les jeunes issus des milieux les plus aisés sont plus représentés dans les études supérieures et réussissent mieux. Ils bénéficieraient donc, grâce au financement public des universités, d'un transfert anti-redistributif de l'impôt. De plus, si le fait d'avoir fait des études représente un bénéfice privé sous la forme d'un salaire plus élevé dans le monde du travail, ce bénéfice ne devrait pas être financé sur des fonds publics.
A l'appui de cette proposition d'augmenter les frais d'études à la charge des étudiants et de leur famille, les tenants de l'économie libérale ont fait des simulations suivant les prémisses et les méthodes mathématiques dont ils ont le secret, simulations démontrant « scientifiquement » la validité de leur proposition.
Les auteurs du livre s'attaquent donc à ces arguments, pour montrer les effets pervers que cette introduction d'un nouveau domaine de compétition, la fameuse « concurrence libre et non faussée » à laquelle devraient se livrer (encore davantage qu'aujourd'hui) les établissements d'enseignement supérieur, aboutirait à des effets pervers n'allant pas dans le sens de la démocratisation des études.
Un aspect intéressant du livre, outre l'illustration par les expériences de l'étranger, Chili et Australie notamment, est l'analyse des arguments de l'« économie scientifique » présentés par les tenants de l'augmentation (importante) des frais d'inscription dans les universités.
Pour qui connait la pensée unique néo libérale qui règne actuellement en enseignement de l'économie, la déconstruction à laquelle se consacrent les auteurs de cet ouvrage, apparaitra comme un effort salutaire.