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Billet de blog 18 novembre 2016

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Éloge du trading haute-fréquence, version Université Paris-Saclay

A propos d'un article « Spéculer vite pour spéculer bien », par un maître de conférence à HEC, dans la livraison n°2 de l’Édition de l'Université Paris-Saclay.

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Illustration 1
Article spéculation, Université Paris6saclay © UPSay

Science partout, tout est scientifique et la belle science sert à tout !

Par exemple la science dit que si vous recevez un « signal positif » sur un actif estimé à 1000€ mais que si, selon « l'histoire des signaux de l'actif », celui-ci à plus long terme va plutôt baisser à 800€, eh bien il faut l'acheter et le revendre assez vite. Ainsi, quand le prix de l'actif aura augmenté, disons à 1200€, vous le revendrez avant la chute et empocherez, dans ce cas, 200€ par actif.

Magnifique non ?

« Tout cela s’est passé en quelques secondes. Et notre spéculateur rapide est le seul à avoir vu cette occasion ».
L'article prétend présenter un « modèle novateur » basé sur le fait suivant : « Le spéculateur rapide anticipe les mouvements de prix à court terme, grâce à une information qui n’a pas encore été rendue publique ».

Le signal positif de l'exemple serait-il un délit d'initié et l'article en ferait-il éloge ? On se le demande.

En tout cas « Les traders gèrent des millions de dollars chaque jour, en achetant et vendant des biens, façonnant les marchés en quelques secondes ».

Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous, l'activité de trading haute fréquence est déjà connue et a déjà été déplorée par les gens à qui il reste une once d'humanité.

Ce qui est en fait étonnant ici, ce n'est pas le cynisme de cette activité boursière en elle-même, mais c'est l'étalage d'une pratique purement spéculative, mise en avant dans la revue de l'Université Paris-Saclay.

Le grand projet de pole majeur de recherche francilien (« 15 % » de l'ensemble de la recherche française tel qu'indiqué dans un document officiel), l' « Initiative d'Excellence », c'est donc aussi ça, ce bas business ?

C'est un but certes clairement revendiqué d'intégrer dans le « cluster » le maximum de business possible. Paris-Saclay, c'est un vaste ensemble essentiellement dirigé vers les sciences de l'ingénieur et une proximité géographique avec de nombreuses entreprises privées.

Nous sommes donc loin des valeurs traditionnelles, il est vrai de moins en moins mises en avant pour les universités : réussite de tous les étudiants, partage et création de connaissances, ouverture vers la société et le monde. Le mot humanisme n'est plus jamais cité. Les mots d'ordre sont dorénavant le business, le marché, la compétition internationale et, aujourd'hui, cette nouveauté : la spéculation rapide.

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Ah j'oubliais, il y a aussi beaucoup d'autres belles réussites vantée dans cette « Édition de l'Université Paris-Saclay ». Il y a une interview de Timothée Le Quesne, étudiant à Télécom ParisTech et cofondateur d’EnergySquare (produisant un dispositif inédit, une surface de recharge par conduction pour smartphones et tablettes). . La startup a été lauréate du concours Paris-Saclay Startup Booster 2015.

Et l'on apprend : « grâce à l’Université Paris-Saclay, nous avons passé une semaine dans la Silicon Valley pour rencontrer des pépinières d’entreprises, des investisseurs et des entrepreneurs français locaux ».

Une autre valeur de la nouvelle université, c'est donc aussi d'organiser la fuite des cerveaux vers les USA (un phénomène pourtant déjà très largement avancé).

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