L'élection de Donald Trump apporte encore plus d'incertitudes concernant le conflit opposant l'Ukraine et la Russie. Si la position de Kamala Harris allait s'inscrire dans la continuité de la politique de Joe Biden en cas de son élection, celle de Donald Trump reste, toutefois, plus floue et emmène plusieurs questionnements concernant ce qu'il veut atteindre et la façon dont il réagira en cas de désaccord avec les positions russe et ukrainienne.
En juin 2023, Donald Trump s'est présenté comme un homme avec qui la guerre n'aurait tout juste pas eu lieu et qui mettrait fin au conflit "en vingt-quatre heures" sans donner plus de détails quant à la réalisation de son plan. Suite à la question qu'on lui a posée sur comment il allait terminer cette guerre, Trump a dit qu'il s'entendait tout aussi bien avec Volodymyr Zelensky qu'avec Vladimir Poutine et aurait répondu ensuite en ces termes :
Il n'est pas clair laquelle des deux parties est laquelle, mais nous pouvons supposer que Trump souhaite arrêter le conflit en faisant promettre à l'Ukraine de rester un pays "neutre" (un des premiers objectifs annoncés de Poutine) et en laissant à la Russie les territoires déjà conquis. Cette solution est problématique sur plusieurs points. Premièrement, cela contredit directement l'objectif ukrainien concernant la fin du conflit qui est la récupération de toutes les terres occupées par l'ennemi. Cela laisserait également des millions de réfugiés ukrainiens dans l'impossibilité de rentrer chez eux. Deuxièmement, cela démontrerait à Poutine et au reste de la planète que l'agression sur d'autres pays peut être acceptée et rester impunie. Troisièmement, cela ne peut jouer qu'en faveur de la Russie qui aurait le temps de se replier et de préparer une nouvelle attaque, car rien donc ne l'empêcherait d'en lancer une autre (nous pouvons rappeler ici ce qui s'est passé après l'annexion au Reich de la région des Sudètes en application des accords de Munich en 1938).
Difficile donc à savoir, pour l'instant, comment se traduiraient en actes les paroles de Trump, maintenant qu'il a accédé au poste de président. Néanmoins, il est à craindre que l'aide américaine va diminuer si on analyse d'autres propos de Trump et de son vice-président J.D.Vance pendant la campagne. Ce dernier a affiché à plusieurs reprises son indifférence envers l'Ukraine, ainsi que sa position contre l'aide militaire de la part des États-Unis à l'Ukraine. Il reste cependant possible qu'il change d'avis, comme le remarque dans son entretien avec POLITICO le responsable des relations extérieures du Parlement ukrainien Oleksandr Merezhko, car Vance est passé de comparer Trump à Hitler à devenir son vice-président. Nous pouvons donc espérer que l'imprédictibilité de Trump et de son entourage irait en faveur de l'Ukraine dans les temps à venir.