« Le Comité de la Hache » proposé par Valérie Pécresse : Bonjour les dégâts !
Dans ses propositions officielles en vue du Congrès LR, Valérie Pécresse a déclaré (18 Octobre 21, Twitter #avecValérie)
(…)Je souhaite diviser par 3 les codes, comme celui du travail ou de l’urbanisme. Je proposerai un « Comité de la hache »(…) pour m’attaquer aux normes.
Qu’est ce que cela veut dire dans les faits ?
Nous expérimentons à notre corps défendant ce comité de la Hache à l’Haÿ-les-Roses (Val de Marne), laboratoire militant qui met en œuvre les propositions de Valérie Pécresse. C’est le maire Vincent Jeanbrun, le bras militant de Valérie Pécresse, qui manie la hache. Précurseur, il avait averti lors d’un meeting pour la précédente campagne présidentielle (à l’époque il soutenait Bruno Le Maire, celui qui aujourd’hui, d’après Valérie Pécresse « a cramé la caisse ») : La France étouffe ! Elle a besoin d’être libérée de ses lois, de ses normes, de ses textes qui nous étouffent !
M Jeanbrun a effectivement manié la hache pour se débarrasser d’un cadre naturel arboré, historique et exceptionnel, centré autour de la Roseraie de l’Haÿ-les-Roses, un chef d’œuvre admiré dans le monde entier. La hache s’est abattue sur les arbres centenaires du square.
Le tort de ce square: être un bien public
Son intérêt : border la Roseraie
Le but : se débarrasser du bien public, propriété de tous, au profit d’intérêts purement privés.
Ce square a été acquis en 1936 par la Ville pour protéger la Roseraie et lui servir d’écrin végétal. Mais la hache a tranché : il va être remplacé par une résidence privée de luxe surplombant la Roseraie, et cela, malgré l’avis de l’Autorité environnementale. Il faut savoir qu'en France, un maire qui délivre un permis de construire a autorité sur l’Autorité environnementale. Donc, voici le projet libéré du droit environnemental. Et de un !
La Roseraie de l’Haÿ-les-Roses étant inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques, l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France a été sollicité. Le premier avis a été défavorable pour devenir favorable dans un deuxième temps, à la demande du supérieur hiérarchique, le préfet. Voici le projet libéré des codes de protection du patrimoine. Et de deux !
Les associations environnementales ont porté l’affaire en justice. Les juges administratifs ont comparé le dossier des associations à un dossier de centrale nucléaire et ont cautionné l’intégralité des arguments du promoteur, à la virgule près. Voici le projet libéré des codes du droit administratif. Et de trois !
Résultat : la hache a parlé. Le promoteur a pris possession du terrain dévasté à la hache pour commencer à pré vendre ses appartements de luxe.
La Roseraie? Une catastrophe. Beaucoup de rosiers historiques, le long du mur de séparation, ont dépéri…Les risques que font courir aux collections anciennes les travaux et les prochaines constructions sont considérables. Les acteurs du projet se débarrassent des codes et saccagent le Chef d’œuvre par la même occasion !
Maintenant, parlons du dépassement de la ligne rouge telle qu’elle existe actuellement. Voir en particulier l’article de Madame Emeline Cazi dans le Monde du 15 juin 2021.
Nous pouvons établir le premier bilan du Comité de la Hache de Valérie Pécresse dans son laboratoire militant.
Qui gagne en plus du promoteur ? Qui perd ?
Celui qui gagne, c’est surtout l’Aménageur Citallios, l’intermédiaire « obligé » entre la Ville et le Promoteur.
Le modus operandi de l’opération a été déjà écrit. On le trouve tel quel dans le livre de deux inspecteurs de la lutte anti-corruption, Noël Pons et Jean-Paul Philippe, 92 Laboratoire de la corruption ?, un chapitre étant consacré a la SEM92 qui a donné Citallios. Actuellement, la SEM Citallios est dirigée par Vincent Franchi, un ami bien connu et bienveillant de Vincent Jeanbrun.
Tous les détails financiers sont accessibles dans les documents officiels, il suffit d’accepter de les lire.
Le terrain du square qui protégeait la Roseraie, est tout simplement donné (0 euro) à l’Aménageur. Les équipements publics promis se réduisent comme peau de chagrin tandis que les coûts pour les contribuables explosent. En outre, la Région Ile de France, présidée par Valérie Pécresse, donne 4 millions de subvention à l’Aménageur ami, sous prétexte que le projet est « écologique et innovant », plaisanterie de très mauvais goût.
Ceux qui ont tout perdu ce sont les L’Haÿssiennes et L’Haÿssiens. Ils ont perdu leur patrimoine, leurs biens publics, les bienfaits des grands arbres en ces temps de canicule et de pandémie et des sommes considérables sont englouties dans le projet, au détriment des familles.
Alors l'association Anticor a déposé plainte au Parquet National Financier pour détournement de biens publics (le maire a donné un grand terrain gratuitement à un aménageur ami), favoritisme (le choix de l’Aménageur ami), prise illégale d’intérêt (la famille de la femme du maire, elle-même maire adjointe et conseillère départementale), trafic d’influence ( le cadeau en plus de Valérie Pécresse à l’Aménageur ami).
Lorsqu’on se débarrasse des biens publics à la hache, la louche n'est peut-être pas si loin...
Après le sabre et le goupillon, la hache et la louche?
A l’heure du danger absolu du réchauffement climatique, plutôt que de diviser les codes par trois, il faut au contraire renforcer le code de l’urbanisme et celui de l’environnement afin que nous puissions préserver au minimum notre cadre de vie et nos chefs d’œuvre pour nos enfants.