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"Aussitôt élu, le vainqueur croit l’être sans partage : son mandat ne saurait avoir de limites. Trop de maires, plutôt dans les villes où l’argent n’est pas rare, se comportent en tyranneaux, imposant à des majorités prosternées des choix qu’ils ont seuls inspirés. Le maire n’est plus seulement le premier : il est le maître et tout doit s’incliner quand il commande !"Eric de Montgolfier, ancien procureur

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Billet de blog 19 août 2020

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"Aussitôt élu, le vainqueur croit l’être sans partage : son mandat ne saurait avoir de limites. Trop de maires, plutôt dans les villes où l’argent n’est pas rare, se comportent en tyranneaux, imposant à des majorités prosternées des choix qu’ils ont seuls inspirés. Le maire n’est plus seulement le premier : il est le maître et tout doit s’incliner quand il commande !"Eric de Montgolfier, ancien procureur

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La Roseraie de l'Haÿ-les Roses est un chef d'oeuvre. Protégeons-le!

La Roseraie de l'Haÿ-les-Roses est une oeuvre d'art, jardin d'avant-garde de 1899. La construction Emerige-Roseraie bafoue ses créateurs Jules Gravereaux et l'architecte paysagiste Edouard André. Honte à Vincent Jeanbrun et à sa brochette de maires-adjoints à sa botte qui cherchent à intimider par tous les moyens les l'Haÿssiennes et les l'Haÿssiens qui s'opposent à ce scandale!

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"Aussitôt élu, le vainqueur croit l’être sans partage : son mandat ne saurait avoir de limites. Trop de maires, plutôt dans les villes où l’argent n’est pas rare, se comportent en tyranneaux, imposant à des majorités prosternées des choix qu’ils ont seuls inspirés. Le maire n’est plus seulement le premier : il est le maître et tout doit s’incliner quand il commande !"Eric de Montgolfier, ancien procureur

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

La Roseraie de l’Haÿ est un chef d’œuvre de l’art des jardins, reconnue comme telle dans le monde entier. Elle est la « mère » de toutes les grandes Roseraies du monde.

La Roseraie de l’Haÿ a obtenu en 1995, première de toutes les Roseraies du monde , l’Award of Garden Excellence décernée par la World Federation of Roses Societies.

La Roseraie est l’œuvre de Jules Gravereaux, qui a apporté les collections exceptionnelles de rosiers anciens, et d’ Édouard Andréarchitecte paysagiste, dessinateur de jardin, artiste.

Édouard André a écrit en 1879 le traité de référence pour faire d’un jardin un chef-d’œuvre :

« L’art des jardins : traité général de la composition des parcs et jardins »

Dans cet ouvrage, il expose en détail comment concevoir des jardins comme des œuvres d’art. C’est grâce à ces principes, mis en œuvre par Édouard André que la Roseraie de l’Haÿ , non seulement est devenu le chef d’œuvre reconnu dans le monde entier , mais a été l’inspiratrice des autres Roseraie exceptionnelles, les 60 Roseraies dans le monde qui ont obtenu l’Award of Garden Excellence.

Ce sont les grands principes de l’art des jardins, exposés par Édouard André dans son Traité fondateur , qui font de la Roseraie un chef d’œuvre.

Le jardin comme œuvre d’art 

Édouard André écrit : Le jardin est conçu comme une œuvre d’art et est inspiré des grands peintres ; c’est un tableau. La composition est essentielle, avec l’harmonie de chaque détail, et l’harmonie du tout.

Le concepteur du jardin d’exception est d’abord un artiste, au même titre que le peintre de paysage. Ses compositions, parcs et jardins, sont des œuvres d’art,  des alliances de l’art et de la Nature

Le cadre arboré

Comme le tableau d’un  peintre paysager, le jardin d’exception a besoin d’un cadre arboré à l’arrière-plan, dans lequel le créateur va insérer sa composition.

Le cadre arboré du jardin doit être complet, de tous les côtés, pour apporter au spectateur recueillement et sérénité.

Édouard André : Les arbres font valoir les vues en les encadrant.

Ils sont le relief et servent à faire valoir les rosiers et les parterres de broderies de buis, dessins en arabesques, et arceaux . Les bois, les bosquets qui forment l’écrin des multiples collections de Roses anciennes sont une partie essentielle du jardin.  

            Le choix d’un cadre avec de grands arbres existants 

Ne pouvant attendre 40 ans que les arbres poussent, le créateur part à la recherche d’un site planté d’arbres déjà anciens. Le cadre arboré préexiste au jardin, et le lieu du jardin est choisi en fonction de la beauté des arbres existants. La beauté des arbres comme écrin de la Roseraie est l’œuvre du temps.

Édouard André écrit : il est indispensable que le site soit déjà pourvu d’arbres déjà bien venants. L’artiste choisit un paysage naturel qui va se prêter à ses embellissements.

On pourra créer avec les éléments même de la nature un paysage qui réalisera les effets d’un tableau que l’esprit aurait conçu : c’est là le côté le plus élevé de l’art des jardins .

Je dois exprimer mon sentiment sur le respect dû aux beaux et aux vieux arbres et prendre leur défense devant des gens qui ne résistent pas à la tentation de les abattre sans nécessité absolue.

C’est à l’artiste à faire pour eux des sacrifices, à modifier ses plans, à tirer profit de leur forme noble, grandiose, tourmentée ou pittoresque.

Comme dit le poète Jacques Dellile de l’importance des arbres pour le jardin:

Ah ! songez que du temps ils sont le lent ouvrage

Que tout votre or ne peut racheter leur ombrage

            Disparition à la vue de toutes les constructions

Aucun bâtiment susceptible d' attirer l’attention ne doit être visible. Tous doivent être cachés impitoyablement par le cadre arboré afin d' éviter qu’ils ne focalisent l’attention.

Les immeubles doivent être totalement cachés par les arbres de l’écrin arboré et ne doivent pas occuper la moindre surface qui attire le regard. 

Ponctuellement, on peut laisser apparaitre des touches historiques, comme un clocher ou une tour à travers le feuillage.

Édouard André écrit : La beauté du jardin s’appuie sur les lois de la vision : la perspective et les échelles, La composition végétale de l’ensemble doit se faire sur l’ensemble du champ visuel du visiteur du jardin : 40 degrés au-dessus de l’horizon, 180 degrés en largeur (vue panoramique), et ceci depuis tous les points du jardin .

Les constructions autour du jardin, tous les « objets disgracieux » doivent être cachés par les arbres . Il faut absolument les masquer impitoyablement s’ils sont trop rapprochés 

Les constructions ne peuvent rentrer dans les ornements pittoresques de toute scène paysagère parce qu’elles absorbent l’attention d’une manière prépondérante dans le paysage

Pour un jardin de petite étendue, pour obtenir l’illusion qu’il est plus grand, le principal moyen est « l’effacement des limites de la propriété, de manière à faire embrasser à l’observateur l’ensemble du paysage sans aucune interruption » 

L’harmonie de l’ensemble et de tous les détails

Une fois qu’il a choisi un beau site, le créateur cherche à l’embellir.

Il veut que le visiteur voie en même temps l’ensemble et les détails agencés de façon harmonieuse

L’embellissement doit s’appuyer sur les contrastes de couleurs

Les teintes subtiles sont mises en valeur et perçues grâce à la loi des contrastes de Chevreul. La délicatesse des teintes des collections exceptionnelles de roses ne se perçoit bien que parce que le fond est vert et arboré

Eugène Chevreul a été maire de l’Haÿ, son laboratoire était situé dans le parc actuel. Le chimiste  a inspiré Edouard André et Jules Gravereaux.

Édouard André écrit : La composition des couleurs doit s’appuyer sur la loi des contrastes de Chevreul, où ce qui fait la délicatesse d’une teinte n’est perçue que si le contraste avec le fond coloré la met en valeur. Sur un fond vert, se détachent les couleurs des roses, les vases, les statues.

La lumière trop vive confond les nuances.

De plus, cette perception dépend de l’éclairage, de la lumière du jour.

Illustration 2

Le choix d’un site exceptionnel

Édouard André avait choisi le site actuel parce que les conditions étaient remplies pour créer un chef d’œuvre.

Le cadre arboré était complet, avec des arbres existants, grâce à l’alliance entre le domaine Gravereaux   (le parc départemental actuel, au Sud-Ouest et Sud-Est), et la propriété du sculpteur Lepère, qui était un parc arboré ( le square Watel actuel, au Nord)

S’il n’ y avait pas eu les grands arbres du Parc cet du square Watel,  Édouard André n’aurait pas créé la Roseraie à cet endroit.

Toutes les constructions de la ville sont actuellement cachées par les arbres du square Watel , à l’exception du clocher de l’église qui émerge au milieu des arbres. De plus, plantés sur plusieurs plans, les grands arbres donnent une impression de largeur et de profondeur, de perspective totale . Les collections de roses s’étendent jusqu’à la limite nord de la Roseraie (Roses-thés grimpant sur le mur historique Nord )

C’est la raison pour laquelle en 1936 le maire de l’Haÿ, Raymond Baudin, qui avait compris l’importance du cadre pour la Roseraie, a fait acheter la Roseraie, le Parc Gravereaux, et la propriété arborée du sculpteur Lepère par la puissance publique. Comme les finances de la Ville n’étaient pas suffisantes, il a fait acheter par la Ville le Parc Lepère, et il a demandé au Département de la Seine d’acheter la Roseraie et le Parc Gravereaux. Il a transformé le Parc Lepère en un Square, qui est devenu le Square Watel , puis Allende.

L’aberration de la construction Emerige-Roseraie par rapport aux principes d’Édouard André

La construction Emerige -Roseraie est une aberration qui détruit le chef-d’œuvre d’Edouard André en méconnaissant les principes établis par l’artiste

La construction détruit le cadre arboré constitué par le square Watel et ampute la Roseraie d’une grande partie de son écrin naturel. Elle fait perdre le caractère « intemporel » de la Roseraie (comme le dit le rapport de la MRAe)

La construction détruit l’effet de composition de la Roseraie comme un tableau avec le centre et l’arrière-plan.   C’est exactement comme changer, altérer l’arrière-plan d’ un tableau d’un grand peintre.

La construction Emerige-Roseraie autorisée par le PC , remplace l’écrin arboré par une façade lumineuse de 14 mètres de haut, 100 mètres de long, à 12 mètres des Rosiers

Une construction de 14 mètres de haut à 14 mètres de distance (position du visiteur) et de 100 m de long, occupe la totalité du champ visuel du visiteur et détruit toute la composition du chef d’œuvre d’Édouard André .

L’irruption va être brutale et réduire drastiquement l’impression d’espace actuel. Les bâtiments de 14 m de haut vont casser la perspective et rétrécir la perception actuelle de la Roseraie. Ils vont  donner au visiteur de la Roseraie l’impression d’être dans la cour d’un immeuble.

La construction fait apparaitre, de tous les points de la Roseraie, la masse imposante des bâtiments qui capte le regard et focalise l'attention du visiteur.

La façade de la construction produit un contraste sur fond blanc et ce fond blanc est fortement lumineux puisque la façade est exposée au sud.

L’effet de cette construction est similaire à l’effet de grands coups de pinceau blancs sur le tableau d’un grand peintre.

En tentant de cacher maladroitement la construction par un rideau d’arbres qui mettra des décennies à pousser, on amplifie l’effet attractif de la construction sur le regard du visiteur  : quoi de plus attractif pour le regard qu’un objet que l’on cache à moitié !

Le rideau d’arbre proposé dans le PC, censé cacher la construction Emerige-Roseraie ne sera efficace qu’au bout de 30 ans , dans le meilleur des cas. La seule vue présentée dans le PC de l’effet de ce rideau d’arbres qui fait disparaitre la vue de la construction aux yeux du visiteur, est totalement frauduleuse. L’utilisation du mot « rideau » pour parler de ces arbres replantés est trompeuse. Avec toutes les techniques existantes, on est strictement incapable de reproduire en 6 mois ce qui est l’œuvre du temps sur des décennies. Dire qu’il suffit de replanter des arbres démontre l’incompétence des rédacteurs.

            Qu’ils commencent au minimum par lire le traité écrit par le concepteur de la Roseraie ! Pourquoi ne connaissent-ils pas le Traité fondateur d’Eugène Chevreul sur la loi des contrastes, connu des peintres du monde entier et ignorent-ils que Chevreul, maire de l’Haÿ, a inspiré Edouard André, Jules Gravereaux  et les concepteurs des plus belles Roseraies au monde?

La construction Emerige-Roseraie qui va faire une énorme masse blanche tout le long du mur Nord sera catastrophique sur la perception des teintes de roses.

 Les collections de roses s’étendent jusqu’au mur de séparation et leurs teintes vont être écrasées par la lumière blanche réfléchie par la façade.

La construction Emerige-Roseraie est antinomique de la beauté de la Roseraie.

Le PC Emerige-Roseraie dégrade irrémédiablement un chef-d’œuvre d’art inestimable

La présidente de la World Federation of Rose Societies, Henriane de Briey, a écrit au maire de l’Haÿ pour protester contre ce qu’elle appelle à juste titre un « scandale historique ». Elle n’a reçu en retour qu’une réponse aberrante.

Il est effectivement scandaleux que la première des grandes Roseraies au monde soit la première détruite par cupidité et incompétence !

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