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Billet de blog 17 mars 2021

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Confinement et dépression

Comment la pandémie fera autant de morts physiques que de blessés psychiques. Témoignage

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le premier confinement m'a pris par surprise, comme beaucoup de monde. Du jour au lendemain, j'étais enfermée chez moi avec ma fille de quatre ans. La perspective de recommencer à travailler s'est évaporée en quelques jours, puisque je travaillais dans le tourisme, avec une clientèle américaine, principalement. 

"Que vais-je faire?" tous les jours, je me posais cette question. Comment vais-je occuper ma fille, comment continuer à rire, comment se créer une bulle protectrice. N'ayant pas de télévision à la maison, ce qui est en soi déjà une bonne protection, j'ai opté pour la musique, la danse, les grasses matinées et les soirées tardives. Les gin&tonic sont venus s'installer les midis, ils me détendaient. Les jeux de société, les livres audio, les livres, le jardinage (quelle chance, que celle d'avoir une parcelle d'herbe). J'ai crée cette bulle, elle et moi, on continuait à vivre, à l'abri du monde. 

L'actualité, aussi, j'ai décidé de faire le tri, de ne suivre que quelques medias, sur internet. Il me semblait indispensable de s'informer correctement, afin de pouvoir rester ancrée dans une réalité angoissante, et de la comprendre. 

Je ne m'en suis pas rendue compte sur le coup, mais ce premier confinement, au printemps dernier, j'ai retenu ma respiration, tout au long. Et lors du déconfinement, chacun reprenait ses activités sauf moi, toujours pas d'école ouverte, pas de travail. Le retour à la vie "normale" m'a fait explosé en pleurs. Rien n'avait changé, j'étais toujours seule avec ma fille. 

J'ai commencé à me faire suivre pour dépression. L'été est arrivé, le soleil a adoucit les fêlures. Puis est venu l'automne, la deuxième vague. Les écoles sont restées ouvertes, et j'en suis mille fois reconnaissante. J'avais trouvé un travail d'appoint, qui me maintenait occupée, et surtout, qui me nourrissait. 

Désormais, aux tristement célèbres un an du premier confinement, nous y revoilà. Nous allons de nouveau être confinés les weekends. Il n'y a pas plus de place en réanimation. Et dès qu'on prononce le mot confinement, j'ai le coeur qui bat à mille à l'heure, je suis angoissée. 

Est-ce que les antidépresseurs suffiront? Pourquoi les psychologues ne sont-ils pas pris en charge à 100% en France? Pourquoi la santé mentale est-elle traitée comme secondaire, minimisée? 

Quand est-ce qu'on va enfin s'indigner de ces mesures prises à la hâte? En voulant protéger la santé physique des uns, on a oublié de protéger la santé mentale des autres. Combien de suicidés, combien d'entreprises fermées, combien de personnes au chômage, combien plongés dans une solitude extrême? Comment va t-on faire, après tout cela, pour tisser à nouveau du lien social, pour retourner au théâtre, comme si de rien n'était. Comme si la culture était plus dangereuse qu'un magasin d'habillement. 

Que peut-on faire, au quotidien, pour ne pas retomber dans le gouffre de l'isolement? La vaccination... oui. Oui. 

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