marie-agnes strazel

Déléguée nationale de l'UDE. Secrétaire nationale Front Démocrate à la culture.

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Billet de blog 16 mai 2017

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une ambition démocratique, écologique et sociale

Comment consolider l’extension des droits de l’individu et de la solidarité ? Parité, lutte contre la pauvreté et l’exclusion, refus de la discrimination seront ils les sujets et les préoccupations pour les prochaines législatives? la veille doit être plus que jamais active.

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Une société du gagnant-gagnant

  Le « Je » a une résonnance dans la sphère psychique voire psychanalytique, c’est le son de nos instincts (primaire, grégaire, de survie) c’est là que nous entendons, « je veux, je pense, je désire…. ». Mais tout cela ne fait écho que si nous avons la faculté de nous faire entendre par l’autre. C’est ce lien subtil qui fait que nous n’existons que parce que l’autre nous offre cette existence, et cette interdépendance crée le « Nous ». Hélas, nous sommes bien souvent dans une société amnésique qui a perdu toute notion d’héritage, où l’individualisme nous éloigne du simple fait que nous ne sommes rien sans les autres. Il s’agit d’une vraie problématique que l’on voit se refléter dans la nouvelle bulle internet. Le terme de bulle est tout à fait approprié, c’est l’enchevêtrement très singulier de la sphère du privé dans le domaine public. Plus que jamais, l’homme contemporain est un animal social. Le rôle des réseaux sociaux et des moteurs de recherche redéfinissent les personnalités. Ce que nous appelons communément échange devient un partage à sens unique. On offre une image, un instant, un selfie comme vérité. Ce que je veux dire, c’est que nous nous inscrivons de plus en plus dans un paradoxe, bien que nous nous développons dans un monde individualiste avec comme valeur refuge, le profit. Il semble pourtant que jamais le regard de l’autre n’est apparu aussi nécessaire pour exister. Nous assistons en direct à une petite révolution humaine dont nous n'avons pas encore pris conscience des effets. Dans cette transformation de la société moderne, que devient le « Nous » ? Il reste bien entendu du domaine social, politique,  il mène à l’idée de citoyenneté. La question d’aujourd’hui, c’est comment puis-je me construire avec mes satisfactions, mes contradictions et mes frustrations dans un monde globalisant ? Ce sentiment de faire partie d’une vie qui englobe tout,  conduit à accroitre nos réflexes narcissiques, augmentation du désir de surpuissance et déception d’être si peu de chose dans un monde si vaste. Face à ces changements, il est important que chacun se sente responsable et participe à l’évolution. Le nous, désormais nous dépasse, nous avons pour la plupart intégré l’effet papillon et que la théorie du chaos n’était pas affaire d’État, mais bien interdépendante des actions de chacun. Si nous touchons du doigt le fait que nous devons nous montrer écoresponsables, il est indispensable de prolonger ce mouvement à tous les organes de la société, nous devons développer ensemble le concept d’une éducation créatrice de valeur. Il doit s’agir d’une volonté politique. Il ne serait pas idiot de revenir non pas à un service militaire, mais à un service humanitaire, ce qui ne serait pas excluant comme le premier intégrant aussi bien les hommes que les femmes, mais surtout cela serait un moyen de valoriser un travail coopératif, communautaire et écologique.

Redistribuer les rôles, offrir des valeurs

Nous constatons que face aux inquiétudes grand nombre de Français décident d’épargner plutôt que de dépenser, c’est plutôt une sage décision, Gandhi disait « œil pour œil, le monde deviendra aveugle. La logique reste la même, à force de dépenser nous épuiserons la Terre, elle-même. La nécessité de rappeler l’individu à ses devoirs est plus que jamais un acte politique. Tout individu sait qu’il a des droits et des devoirs. Pourtant s’il a été aisé d’établir une déclaration des droits des hommes et des citoyens, la réponse est moins évidente pour la question des devoirs. Il semble que seule l’autorité religieuse confère une réponse morale en ce qui concerne les devoirs. Hors, je pense que l'état laïc, fort de son expérience ne serait-il pas en droit de demander certains devoirs à ces concitoyens. Le politique ne doit pas seulement se cantonner à trouver des solutions économiques à un modèle qui est en train de péricliter. Elle se doit d’aller au-devant des réflexions, de créer des dynamiques d’actions. C’est une réflexion importante sur l’homme de demain, et nous ne pouvons avoir ce regard nouveau que si nous sommes dans l’empathie. C’est-à-dire, sans nous éloigner des préoccupations réelles, de la joie, de la violence qui est en chacun de nous. La crise des valeurs que nous traversons doit nous faire revenir à l’individu, non pas dans son individualisme, mais comme un élément d’un tout. Et il ne serait pas absurde de revenir à la question du bonheur. Non pas un bonheur quantifiable, monnayable, mais ce juste état où l’on se sent bien. Nous devons réexaminer nos indicateurs économiques et nous débarrasser de cet éternel refrain qui serait la reprise de la croissance. Les indicateurs de qualité de vie Calbert-Henderson montrent que les facteurs constituant la qualité de la vie sont du domaine de la culture, de la santé, de l’éducation, des revenus, de la sécurité, de la paix et de l’ordre public. Quelles sont les choses nécessaires pour être heureux?  Si nous venons de traverser une longue époque de consumérisme, l’ère actuelle appelle au sacrifice. Il nous faut abandonner le superficiel pour revenir à l’essentiel. Roland Barthe disait “la littérature permet d’être dans la nuance des  mots”. À nous de trouver en politique, un nouveau dialogue qui permettrait la subtilité des maux. Il nous faut un regard nuancé sur la jeunesse, sur l’immigration, sur les Français issus de cette immigration, sur l’identité culturelle. Nous devons légitimement et sincèrement nous demander pourquoi certains jeunes s’engagent vers la mort de nos jours. Je crois sincèrement que nous n’avons pas eu le temps, ni l’envie de leur expliquer quelle était la valeur de la vie.

Une conscience positive

 Pour revenir à ce “je” comme entité sociale, il faut lui offrir un socle dont les trois piliers seraient la paix, la culture et l’éducation. Réaffirmons que la société est fière du travail de chacun, que la victoire de l’un d’entre nous fait avancer le développement social et en fin de compte influe sur l’histoire de l’humanité. J’évoquais plus haut l’héritage. François Mitterand affirmait qu’il croyait en la puissance de la volonté humaine et n’est-ce pas lui aussi qui disait ces mots : “Que chaque citoyen se sente prince en son royaume.” N’oublions, mais cela n’exclut pas la critique. Car nous avons échoué, le monde n’a jamais été aussi excluant que depuis ces dernières années. Malgré bien des luttes, la figure féminine n’est encore pas à sa place. La diversité n’est toujours pas représentée. Si l’homme fait l’histoire, il est du choix politique de réaffirmer la place des femmes dans notre société, de citer avec plus de conviction et d’hommage des femmes comme Rosa Parks dans le domaine des droits humains, Rachel Carson pour ce qui touche à l’environnement, Petra Kelly fondatrice du parti vert en Allemagne, Wangari Maathai prix Nobel de la paix, ou Nadine Gordimer qui a combattu l’apartheid en Afrique du Sud. Il est important d’intégrer les femmes à leur histoire et garantir une représentation accrue des femmes à tous niveaux des institutions. Quant à la diversité, quel vilain mot ! À nous de changer de vocable, de nous inscrire dans une tendance positive. La colère contre la justice sociale devient une force motrice du changement. Il est important de soutenir les personnes ordinaires qui n’ont de réponse que dans les Biens de consommation. Certes, jamais les placards n’ont été aussi pleins, mais les cœurs sont vides, vides d’espérance. Peut-on à nouveau redevenir un peuple responsable, acteur et héritier du monde démocratique au lieu d’être un peuple victimisé, culpabilisant, accusateur ?

Vers une Politique du bien Être

 Nous avons besoin d'être visionnaires et nous demander ce que ce sera l’homme de demain. Un système reposant sur la productivité n’est qu’une vision à court terme, cependant elle a réussi à façonner des individus qui n’ont que des désirs, qui ne répondent qu’à leurs instincts, qui ont perdu leurs acquis, la Raison. Si encore on se réfère au PIB comme marqueur d’un pays en bonne santé, il faudra que le BNB (Bonheur national brut) soit le marqueur d’une société qui fonctionne. S’appuyant sur les critères déjà définis par L’OECD, et l’indice du bonheur mondial répond :

  • Un pays où l’on vit en paix et en sécurité.

  • Un pays où l’on vit en liberté et en démocratie, où les droits de l’homme sont respectés

  • Un pays qui connait une qualité de vie importante où la recherche, la communication, l’information, la culture sont partagées par tous  

Nous pouvons guider nos choix économiques et politiques dans cette direction. Il nous faut expliquer que nous n’avons pas d’autres choix que d’être des militants civiques, des citoyens planétaires, nous devons nous montrer exigeants en matière d’écologie, d’économie, de gaspillage, de partage. Nous n’existons que parce que les autres existent.

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