Nicolas Sarkozy a annoncé un débat sur l'Islam, qui promet d'être aussi polémique que celui sur l'identité nationale. Associé à une actualité qui en parallèle attise les craintes de nouvelles immigrations venues du Maghreb, et qui montre notre président faire l'éloge des racines chrétiennes de la France, il faudrait être naïf pour ne pas y voir une intention électoraliste de flirt avec l'électorat attiré par les thèses du Front national.
Le débat d'hier lors de l'émission "A vous de juger" fut très éclairant. Les invités : Jean-François Copé, François Bayrou, Pierre Moscovici, Dominique de Villepin, Marine Le Pen et Rama Yade. Tous s'accordent en tout cas sur l'importance de la laïcité, inscrite dans la loi de 1905, qu'il faut préserver. La laïcité est un principe républicain qui permet aux citoyens la liberté de culte et de vivre leur foi dans le respect de celle du voisin, sans faire interférer la religion dans les affaires publiques. Il faut garantir la séparation de l'Etat et de la religion pour préserver la paix des cultes et du peuple. La question du voile islamique avait été abordée dans cet esprit, sous l'angle de la laïcité (pas de signe ostentatoires religieux dans les lieux publics). La question de la burqa l'a été plutôt sous l'angle de la sécurité citoyenne (nécessité du visage à découvert, reconnaissable) et du respect de la femme, symbole instrumentalisé par les islamistes radicaux (la burqa n'étant pas inscrite dans le Coran d'ailleurs). Cette loi de 1905 inscrivait également une autre disposition, qui revenait à faire don à l'Etat du patrimoine immobilier des lieux de culte en échange de l'entretien à ses frais de ces bâtiments ensuite. Trois religions étaient à l'époque concernées : catholique, protestante et judaïque. Pas l'Islam, qui était à l'époque en position prières de rues" de musulmans à Paris aux abords de mosquées notamment en période de Ramadan, ont choqué des citoyens et ont été dénoncées par le Front national. Au final, nous réalisons que la question qui reste à régler est technique et financière. Il s'agit de savoir comment, par souci d'équité, faire bénéficier les musulmans de la disposition d'entretien des mosquées par l'Etat, les communes, et comment financer la construction de nouvelles mosquées. Comme cela a été le cas des églises, temples et synagogues, construites sous l'impulsion des croyants et financées par eux initialement, il devrait en être de même pour construire de nouvelles mosquées, qui pourraient ensuite être données à l'Etat qui en poursuivrait l'entretien. On peut regretter que le débat n'ait pas été plus concret sur la solution pratique, la comparaison avec les autres pays européens, etc.
En Allemagne, il existe un impôt obligatoire qui permet de financer l'entretien des cultes. Le citoyen choisi son affectation en fonction de sa religion et doit l'acquitter même s'il est athé. Mais ce système passerait assez mal en France et pose de surcroît le problème de fichage de la religion dans un dossier public.
Enfin, une idée originale, que certains vont trouver saugrenue, aurait pu être émise : celle de lieux de culte multi-cultuels :
- le vendredi réservé aux musulmans, ainsi que certaines plages horaires notamment lors de périodes cruciales (Ramadan),
- le samedi réservés aux juifs,
- le dimanche réservé aux catholiques et aux protestants sur eds plages horaires prédéterminées.
Les objets rituels seraient conservés dans des pièces réservées pour être installés le moment voulu.
Les églises catholiques étant moins fréquentées de nos jours, elles pourraient aussi accueillir des musulmans à certains moments. Si elles ne sont pas orientées vers La Mecque, les fidèles peuvent néanmoins se tourner de son côté pour prier.
Serait-ce choquant ? Cela démontrerait justement une forme de tolérance et ce lieu de rencontre permettrait aussi des échanges entre les citoyens de religions différentes, les rassembleraient sur des valeurs communes, un message de fraternité, une spiritualité qui s'enrichit de leur différences !



