Interrogé le 11 mars dernier sur Europe1 au sujet du retour de la France dans le commandement militaire de l'Otan voulu par Nicolas Sarkozy, François Bayrou a accusé Jean-Pierre Elkabbach de commentaires partisans.
Farouchement opposé au retour de la France dans l'Otan, le leader du Modem a expliqué qu'avec une telle mesure le pays perdrait de son indépendance.
"Sans vous choquer,c'est du baratin!" lance alors le journaliste d'Europe 1.
"Je ne sais pas si vous pouvez utiliser des mots de cet ordre!" répond François Bayrou. "Je regrette infiniment! Vous venez de faire naturellement la propagande du gouvernement!".
Jean-Pierre Elkabbach l'accuse alors d'être "l'avocat du diable". Ne manquant pas de répartie, François Bayrou répond du tact au tact "Non, je suis l'avocat de la France".
Cette scène est tout simplement incroyable. Réalisez que ce journaliste renommé, directeur de chaînes d'information, se permet de sortir de son rôle, incarnant ainsi une sorte de Frédéric Lefebvre, surnommé "porte-flingue" de Nicolas Sarkozy.
Pour terminer de façon humoristique (même si c'est au fond tragique), l'animateur de l'émission enchaîne en concluant :
"Il ne s'agissait pas d'une promotion gouvernementale mais d'une interview de François Bayrou !"
Tout est dit.
Dans cette saynette du théâtre politico-médiatique, la formule qui fait mouche et qui restera gravée dans l'esprit des Français, associée à François Bayrou, est bien celle-ci : "Je suis l'avocat de la France". Que ce soit aujourd'hui sur l'OTAN, l'affaire Pérol, la réforme de l'Université, la Guadeloupe, la crise financière touchant les plus faibles, et hier l'Affaire Tapie, Edvige, le RSA, c'est bien François Bayrou qui se fait le porte-parole des Français et défend leurs droits, l'intérêt général, les valeurs de la démocratie et de la République. Et cette posture n'est pas de l'anti-sarkozysme primaire, c'est plutôt de l'anti-primaire de Sarkozy, car Nicolas Sarkozy paraît primaire dans son approche des problèmes et son comportement.