Le parrainage, une bonne idée pour accueillir et aider les réfugiés. Mon amie "Etoile66", ancienne abonnée-blogueuse de Mediapart, qui réside en Allemagne, nous livre son témoignage.
Les premiers réfugiés sont arrivés à Kleinbli le 23 septembre en provenance de Munich.
J'ai rencontré ce matin la famille dont je suis "marraine": le père, la mère née en 1982, trois enfants : un garçon de 3 ans, deux filles de 11 et 14 ans et le frère de la mère. La mère est enceinte de 6 mois. Ils ont fui Lattaquié (fief de Bashar Al Assad, j'ai entendu hier que la ville avait été reprise par l'armée syrienne et les Russes, il y a donc dû avoir des combats). Ils sont passés par la Turquie où ils ont été mis dans un camp de réfugiés à Izmir pendant 7 jours. Ils m'ont dit que les Turcs n'aimaient pas les Arabes et qu'ils n'avaient pas été bien traités. Ils ont réussi à fuir, ont pris un canot pneumatique pour faire les quelque 10 km qui les séparaient de l'Europe - la Grèce.
Le canot pneumatique s'est renversé, ils avaient heureusement des gilets de sauvetage, le petit de 3 ans était tombé à l'eau, le frère de la mère l'a repêché, ils ont été repêchés par les garde-côte grecs.
Ils ont ensuite traversé la Grèce, la Macédoine, etc... l'Autriche et sont arrivés à la gare de Munich où ils ont été enregistrés. Ils ont mis deux mois pour arriver à Munich. Ils m'ont été "confiés" par des bénévoles qui ont reçu les listes complètes des réfugiés enregistrés par les administrations.
Je dois reconnaître que tout est extrêmement bien organisé. Le plus jeune va déjà au jardin d'enfants, les deux filles sont inscrites à l'école dans une classe pour réfugiés où les enseignants leur apprendront l'allemand depuis zéro après les vacances d'automne qui ont commencé aujourd'hui.
Ils ne savent pas lire les lettres latines, je vais donc commencer à l'écrit par l'alphabétisation. J'ai passé 2 h avec eux ce matin. Ils sont logés dans l'ancien appartement du concierge de l'école primaire, dans notre rue, tout à fait en haut, près de la piscine. Je leur ai appris à dire leur nom et à répondre à des questions élémentaires ce matin. Ce qui est extra, c'est qu'on leur a donné une carte SIM allemande pour leur portable et qu'ils ont un accès internet, ils utilisent le WiFi de l'école. Grâce à Google translation, on peut communiquer sans problème, ils écrivent en arabe, je lis la traduction en allemand, leur réponds en allemand et ils lisent en arabe. L'arabe classique que j'avais appris à l'université me sert juste pour quelques échanges, mais je ne peux pas faire une vraie conversation détaillée. Ils ont soif d'apprendre vite l'allemand pour pouvoir s'intégrer et commencer à travailler. Le frère de la mère a 18 ans, il veut vite apprendre l'allemand pour faire un apprentissage et avoir un bon métier. C'est une nouvelle tâche qui commence, cela me fait très plaisir d'y avoir ma part.
Je ferai des photos lundi, j'ai rdv avec eux pour le 1er cours lundi matin à 9h... Je vais improviser car je n'ai pas encore de méthode avec exercices...
Ils viennent remplacer la génération qui manque en Allemagne. Ils arrivent par centaines de milliers, des milliers tous les jours, des familles avec des enfants. On suppose qu'il en arrivera un million en 2015 ! Sans savoir ce qui va se passer en 2016.
J'ai vu l'accueil de nombreux réfugiés depuis que je vis ici : les "boot people" du Viet-Nam, les réfugiés pendant la guerre de Yougoslavie, les réfugiés de Russie - qui avaient des ancêtres allemands - les réfugiés d'Allemagne de l'Est, les Polonais, Tchèques, etc...
Le village de Friedland (assez bon reportage de France Culture) près de Göttingen qui a 1.200 habitants a actuellement 3.000 réfugiés dans le camp d'accueil. Renate, qui avait gardé mon fils Arnaud quand il était petit, avait été infirmière dans le camp de Friedland, il accueillait alors les réfugiés qui fuyaient devant l'arrivée russe en 1945. Cette arrivée massive de réfugiés pose des problèmes de logistique, mais je trouve tout très bien organisé, malgré tout...
J'ai demandé à l'entreprise polonaise qui fait des maisons en préfabriqué avec ossature en bois de préparer d'urgence une documentation que je traduirai en allemand pour les maires qui ne savent plus quoi faire pour loger tous ces arrivants. On y trouve des conteneurs, des tentes (voir la vidéo en bas de l'article), des maisons en bois, etc... Je leur ai écrit qu'ils avaient un marché immense ces deux - trois ans qui viennent... et qu'ils aideraient les maires à sortir les gens des abris de masse à l'arrivée de l'hiver Pour le moment, on pare au plus pressé dans tous les grands halls des villes et villages :


A Berlin - qui est moins bien organisé que Munich pour l'accueil des réfugiés - ceux-ci font la queue parfois pendant des jours, dormant sur place pour ne pas perdre leur place dans la queue :

En annexe, la traduction d'un article sur l'aide aux réfugiés que j'ai traduit avant de l'envoyer à ma famille.