Les 1 % des plus riches de la planète détiennent près de la moitié du patrimoine mondial et ce rapport va en s'accroissant et même s'accélérant ces dernières années en moyenne et dans la plupart des pays. C'est ce que rapporte l'ONG Oxfam alertant, à la veille du sommet mondial de Davos, sur le creusement constant des inégalités. Peut-on y remédier en changeant de politique économique ?
Annonce sur le site de l'OXFAM :
http://www.oxfam.org/fr/rapports/en-finir-avec-les-inegalites-extremes
Résumé du rapport (6p) avec recommandations :
http://www.oxfam.org/sites/www.oxfam.org/files/file_attachments/bp-working-for-few-political-capture-inequality-200114-summ-fr_0.pdf
Et doc avec plus de détail (34p):
http://www.oxfam.org/sites/www.oxfam.org/files/file_attachments/bp-working-for-few-political-capture-inequality-200114-summ-fr_0.pdf
L'étude fait ressortir que les 1% les plus riches possèdent 48% de la richesse mondiale et extrapole : l'an prochain, 1% des plus riches possèderont 50%, plus que les autres 99%".
Les 20% suivants de la population possèdent encore 46%. Donc 21% de la population possède 94%, et les 79% restants possèdent 6%.
Et surtout, en examinant l'historique, on remarque des périodes de croissance et décroissance de ces inégalités et des décrochages liés aux crises et à la reprise mondiale.
L'OXFAM reconnaît que "Un certain degré d'inégalité économique est nécessaire pour le progrès et la croissance, rétribuant ceux qui ont du talent, des compétences durement acquises, l'ambition d'innover et d'entreprendre. Toutefois, la concentration extrême des richesses observée actuellement menace de priver des centaines de millions de personnes des fruits de leur talent et de leur travail."
De plus, "l'Oxfam s'inquiète des effets potentiellement irréversibles si rien n'est fait, conduisant à une « confiscation des opportunités » puisque que les taux d'imposition les plus bas, la meilleure éducation et les meilleurs soins de santé seront réservés aux enfants des plus riches, créant ainsi une dynamique et des cycles d'avantages qui s'amplifient mutuellement et se transmettent de génération en génération."
L'évolution des inégalités a été plus marquée dans certains pays ( Etats-Unis, Australie, Suède) que dans d'autres, la France marquant une petite évolution à la hausse.
Que faire pour réduire les inégalités ?
L'OXFAM estime qu'il est possible de renverser cette dangereuse tendance et fait une série de recommandations qui s'articulent autour de la suppression des paradis fiscaux, d'une fiscalité plus progressive, de l'instauration d'un salaire minimum, de services publics (éducation pour tous notamment), de la protection sociale et du travail décent.
Quel modèle de société ? Le modèle capitaliste dans la mondialisation est-il remis en cause ?
Il est vrai que la logique libérale et la loi du plus fort, dans un contexte ou la cupidité est plus forte que l'altruisme, pousse à l'inégalité matérielle entre les individus. Il faut un cadre de valeurs (la république) et des institutions protectrices à l'égard du plus faible, avec un système de protection sociale et une fiscalité redistributrice, pour corriger ces inégalités. Ce cadre est établi au niveau de chaque pays, avec des niveaux d'inégalités différents (on voit que plus la protection est forte, comme en France ou au Danemark, à l'inverse des Etats-Unis, plus les inégalités se réduisent). Mais avec la mondialisation, l'évasion fiscale, il faut un cadre de régulation mondial, une réelle suppression des paradis fiscaux, une harmonisation fiscale à l'échelle d'un continent homogène (Europe).
L'idéal serait un modèle économique qui prévienne les inégalités en amont plutôt que les corriger en aval (égalisation des salaires...) mais l'imposer par la force, passant par une "dictature du prolétariat", l'Etat au centre de tout et possédant les sociétés, les moyens de production et de financement, cela a donné le communisme et ses dérives totalitaires, liberticides et finalement appauvrissante avec égalisation vers le bas. Pour que ce ne soit pas de force, il faut un changement des comportements naturels des hommes, plus d'altruisme et moins de matérialisme et d'individualisme, et penser à valoriser le modèle coopératif où les actionnaires de la structure sont en même temps ses clients, ses usagers, l'économie de partage de l'usage des biens (co-voiturage etc.). On sent monter un mouvement citoyen en ce sens, par exemple avec les "Colibris" de Pierre Rabhi par exemple, mais qui paraît souvent utopiste tant qu'une minorité de personnes se comportent ainsi.
Dans mon livre "La Révolution Humaniste", je recommande non pas une rupture brutale de modèle mais une transformation progressive, à l'instar d'Eggar Morin, qui remette l'homme au centre de la société pour l'intérêt du bien commun, à la place de l'argent ou de l'Etat, avec deux axes d'actions :
- d'une part par le haut, l'établissement d'un réelle régulation mondiale indispensable pour résoudre les question de réchauffement climatique et d'accès aux ressources naturelles dont l'air et l'eau, pour supprimer les paradis fiscaux, pour protéger les populations opprimées ; le modèle de société démocratique et républicain étant aussi à favoriser dans chaque pays ;
- d'autre part par la base, les citoyens, les faisant réfléchir sur leur comportement, leurs propres valeurs, l'intérêt humain de l'altruisme, ainsi que le réel pouvoir dont ils disposent en s'organisant, à l'aide d'internet, de création de labels et de comparateurs d'entreprises et de produits responsables, citoyens en tant que consommateur consomm'acteur", en tant qu'actionnaire et investisseur, en tant que client usager...
Solutions aussi évoquée dans un ouvrage collectif du Comité Pauvreté et Politique publié récemment "2030 : faisons un rêve".