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Billet de blog 26 juin 2013

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Confusion à propos de l'euroscepticisme

La polémique actuelle sur les européistes face aux eurosceptiques, illustrée notamment par les commentaires suite aux noms d'oiseaux échangés entre Montebourg et Barroso, est empreinte d'une grande confusion.

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La polémique actuelle sur les européistes face aux eurosceptiques, illustrée notamment par les commentaires suite aux noms d'oiseaux échangés entre Montebourg et Barroso, est empreinte d'une grande confusion.

Avant de désigner les "anti-Europe", il faut en effet distinguer :

- une position "contre l'Europe" (contre l'organisation supra-nationale qu'est l'Europe)  ainsi que la position "contre l'euro" (monnaie unique partagée) ;

- d'une position "pour l'Europe", mais qui peut cependant être critique :

  • sur le mode de fonctionnement de l'Europe (institutions) insuffisamment démocratique, avec une gouvernance inachevée
  • sur le contenu politique, par exemple jugé trop libéral, trop axé sur les échanges marchands et pas assez sur le social, ne favorisant pas assez la coopération et les projets communs.

Ainsi, assimiler le discours de la gauche de Montebourg ou de Mélenchon à celui de l'extrême droite relève d'un syllogisme ou d'un paralogisme car si l'extrême droite est bien contre l'Europe et pour une sortie de l'euro, ce n'est pas le cas de la gauche qui critique à la fois le mode de fonctionnement, la gouvernance et la politique conduite par l'Europe, tout en souhaitant le maintien de l'Europe et même de l'euro.

De même que les critiques à l'égard de José-Manuel Barroso (au sujet de l'exception culturelle, de la gauche française qualifiée de sectaire,...) ont été abusivement interprêtées comme une attaque de la Commission européenne, alors qu'elles visaient les déclarations outrancières du commissaire en personne.

Enfin, lorsque la gauche, et pas seulement la gauche mais aussi le centre (Le MoDem et aussi l'UDI) et même un commissaire européen, Michel Barnier (droite républicaine affilié à l'UMP), critiquent l'orientation  ultralibérale de la politique économique européenne, son dogme de la concurrence à toute force qui entrave la coopération, il ne s'agit pas d'attaquer la Commission européenne elle-même mais de donner une opinion, ce qui est heureusement encore possible en démocratie, non ?

Michel Barnier s'est ainsi exprimé le 22 juin lors d'un forum sur l'Europe, à l'invitation de François Bayrou : "Les ultra-libéraux, qui ont pris le pouvoir en Europe, ont dévoyé le capitalisme et laissé la première place à la finance internationale, sans régulation. Il faut retrouver le sens de « l’économie sociale de marché » et remettre l’Homme au centre de l’Europe." (vidéo)

Voilà c'est dit !

Voir aussi le billet de Jean Quatremer, journaliste à Libération détaché à Bruxelles :
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2013/06/barroso-et-la-france-signent-leur-d%C3%A9saccord.html

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