Au début, a priori, en théorie, la politique est noble, sert un idéal au service des autres et de l'intérêt général, prône de belles valeurs, un langage de vérité, l'exemplarité et l'honnêteté, permet d'exercer la démocratie par une juste représentativité des citoyens via les partis et le vote. Elle enthousiasme les militants prêts à tout donner d'eux-mêmes, temps, argent, sacrifice parfois familial ou professionnel, au début en soutien de personnalités, puis en présentant leur candidature et en prenant leur propre risque.
A la fin, a posteriori, en pratique, la politique est parfois et même bien souvent vile, sert des intérêts claniques ou personnels au bénéfice de quelques-uns, ne garantit pas la juste représentation des partis et des courants d'opinion (scrutin majoritaire), parle la langue de bois, permet à des élus qui ont menti, non tenu leurs promesses ou commis des tricheries et des abus de biens sociaux de continuer leur mandat et de se représenter. L'avidité du pouvoir et des honneurs, ainsi que le carriérisme politique prend le pas sur la défense des belles idées. La politique finit par désillusionner et dégoûter les citoyens et mêmes les militants. Ceux qui ne sont pas adoubés par leur partis, investis puis élus, sont dans la plupart des cas ignorés voire méprisés, bon à rester des petits soldats pour tracter et coller des affiches, organiser bénévolement des meetings et recruter des adhérents. On attend d'eux une diffusion de la parole de leurs dirigeants élus et non l'expression de leur avis s'il est différent ou de leurs propositions.
En permanence jaugée à l'aune des sondages, la politique consiste de plus en plus à séduire un électorat et à éviter les propositions et les décisions courageuses (et non populaires), ce qui explique le problème du déficit public chronique et de la dette publique cumulée depuis 30 ans. Elle manque aussi à son devoir de pédagogie. Les élus et les partis ont de plus en plus mauvaise presse (sauf les maires, les élus de proximité), soupçonnés de connivence avec les lobbies, de clientélisme, de défense de leurs privilèges (en atteste le livre édifiant "Pilleurs d'Etat" de Philippe Pascot, ancien adjoint au maire d'Evry Manuel Valls).
La politique est un vrai rouleau compresseur et elle est devenue presque un gros mot, comme la mafia. Voilà où nous en sommes, voilà ce qui creuse le fossé entre les élites élues et le peuple des citoyens, ce qui déprime et favorise le repli, l'abstentionnisme, les manifestations anarchiques de Nuit Debout et qui nourrit aussi le populisme.
Pour qu'elle reprenne ses lettres de noblesse et redonne envie, il faut la refonder profondément, modifier les institutions (scrutin proportionnel mais gare au scrutin de liste qui permet aux partis de désigner les heureux élus !), limitation en nombre et en durée des mandats, sanction de l'absentéisme, démocratie plus participative permettant de voter pour des idées et d'en débattre,...