Les résultats des élections départementales sont commentés comme une grande victoire de la droite (et du centre), en particulier de l'UMP, et même par extension de son leader Nicolas Sarkozy. Pourtant, l'équilibre des forces est inchangé. C'est uniquement le mode de scrutin majoritaire, renforcé encore par la fusion des cantons (nombre divisé par 2) et le jeu des alliances qui a donné ce résultat. L'abstention forte (50%) a plutôt joué en faveur de l'opposition dans un contexte morose de mécontentement des citoyens et d'impopularité du gouvernement de couleur PS.
En proportion des voix au 1er tour, la gauche (PS-PRG-EELV-PCF-DVG) était même en tête, totalisant presque 37% des voix. La droite et le centre (UMP-UDI-MoDem-DVD) était deuxième, totalisant 35,5% des voix. Le FN était quant à lui à25,2% des voix, confirmant son étiage des élections européennes.
Si ces élections avaient été au scrutin proportionnel, les sièges et les départements auraient été déterminés par cette répartition et la gauche aurait été majoritaire même si désunie. Mais le FN aurait aussi obtenu 1/4 des sièges et peut-être des départements.
Le mode de scrutin majoritaire, renforcé par la barre éliminatoire de 12,5% des inscrits (donc 25% des votants en moyenne) pour atteindre le second tour pour le binôme arrivé 3ème, qui évite beaucoup de triangulaires, a éliminé les candidats n'arrivant pas en tête. Il en résulte une concentration des voix sur le PS et sur la droite unie avec le centre, cette dernière prenant l'avantage. En nombre de voix au second tour, la droite unie avec le centre passe en 1er en améliorant son score de plus de 2 points à 37,8% et la gauche baisse de presque 10 points à 25,4%. Le FN diminue un peu à 22% mais garde son étiage car il est souvent arrivé en tête. Le Parti de Gauche, le PCF et EELV partis seuls sont souvent éliminés, de même pour le MoDem seul sauf quelques exceptions.
Mais en nombre de sièges, l'écart se creuse brutalement au détriment du FN qui n'a pas de ressources d'alliance. La gauche arrive à rattraper son score par l'effet du soutien des listes de gauche parties séparément et éliminées du second tour mais elle a parfois été elle même éliminée, laissant se jouer un duel UMP-UDI face au FN, au profit de la droite. Le FN arrive tout de même à compter 62 sièges.
Et en nombre de départements c'est encore pire, l'effet majoritaire est exacerbé. Le FN n'a aucun département. La droite+centre obtient la majorité sur 66 départements et la gauche seulement 31. Un rapport de force 2/3 1/3 qui s'inverse comparé aux élections précédentes.
Si la droite ne s'était pas unie avec le centre et si la gauche s'était unie dans des alliances comme l'ont fait l'UMP avec l'UDI et souvent le MoDem, le résultat aurait été probablement inversé.
Voir résultats : http://election-departementale.linternaute.com/