Dans le contexte agité médiatique autour de l’insécurité à Marseille, le sénateur-maire Jean Claude Gaudin nous explique un peu partout sa gestion de la ville de Marseille… Il ne s’en cache pas, JC Gaudin est le digne héritier des vestiges des démocrates-chrétiens. Contrairement aux libéraux sarkozistes de tout poil que nous voyions et entendons régulièrement, il lui reste donc quelques valeurs, notamment sur la question du vivre ensemble.
Et donc, quand M. Gaudin nous raconte Marseille, l’ensemble de sa politique en matière sociale, de logement, de « cohésion » de la ville, tout est passé aux cribles de ses valeurs chrétiennes et, à la marge, républicaines.
Et pourtant, c’est bien contre la République et notamment la République laïque, que se sont élevés les catholiques français et encore aujourd’hui, on peut comprendre dans ses propos qu’il faut que l’on continue à se battre pour que la religion n’intervienne pas dans la « chose publique », dans les affaires de la cité.
Les catholiques français n’ont eu de cesse de fustiger les principes de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, le principe de souveraineté nationale et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes dans la droite ligne de la pensée traditionaliste ; condamnant la Révolution française et les principes dont elle porteuse. Au début du 20ème siècle, c’est cette même Eglise qui par la voix de Pie X (le 11 février 1906, l’encyclique Vehementer nos) condamne la séparation de l’Eglise et de l’Etat et engage ainsi l’épreuve de force.
Cette loi est pourtant une loi d’apaisement, fondatrice de la République. Elle garantit la liberté de conscience, de croire ou de ne pas croire et nous donne, ainsi, le cadre du vivre ensemble en ne renvoyant pas les citoyens à une communauté confessionnelle. La laïcité est, donc, tout à la fois un principe d’organisation politique et social, un idéal d’émancipation pour chacun et la garantie pour tous de pouvoir affirmer ses différences dans le respect mutuel.
Nous, peuple de gauche, devons défendre la laïcité envers et contre tout. Cette laïcité qui doit permettre, à tous les enfants, d’avoir une scolarisation générale donnant accès aux enseignements essentiels pour avoir une formation, un emploi. Cette laïcité qui doit permettre aux femmes de choisir de leur vie. Cette laïcité qui doit permettre à tout individu de faire les choix librement.
La République est tellement mise à mal, par l’UMP de Jean Claude Gaudin, que les quelques élus de droite qui ont encore des valeurs humanistes, n’ont plus que la religion pour déterminer une ligne d’action alors que le libéralisme prôné leur parti est indéfectiblement destructeur de l’humain.
Nous en sommes donc revenu à une conception digne du 19ème siècle de la société. Le capital est roi, l’Etat se replie sur ses pouvoirs régaliens (la monnaie par exemple qu’il faut en grande partie co-gérer avec l’Allemagne et pourtant en termes de démocratie, on a vu mieux que le fonctionnement européen actuel…), et la droite n’a qu’un seul dessein, re-confessionnaliser la France. Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas affirmé que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur », lors de son discours du chanoine de Latran ? Cette fameuse « laïcité positive » dont il se fait le héraut est en fait un cléricalisme rampant, la (ou les religions) servant de ciment social.
Nous sommes en pleine régression, droite cléricale rime avec anti-sociale… Et Jean Claude Gaudin donc, passe au crible tous les problèmes de « société », comme ils disent pudiquement à droite, par une gentille « coopération » avec les représentants religieux de Marseille. C’est comme cela qu’il se défend face au FN pour la Grande Mosquée de Marseille, c’est comme cela qu’il explique qu’il a généreusement donné 300€ aux Rroms de la Porte d’Aix pour qu’ils rentrent chez eux. Ils lui ont chanté « ce n’est qu’un au revoir mes frêres » paraît-il, on en a la larme à l’œil. Alors que nous sommes bien placés pour savoir qu’aujourd’hui encore, les Rroms sont chassés de quartier en quartier par la police qui détruit leurs installations de fortune. Il en appelle même au communiste Guy Hermier, qui fut maire de secteur dans le 15ème arrondissement, pour nous montrer à quel point cette politique est porteuse de valeurs humanistes.
De réponse aux problèmes du grand briganditisme dans les Quartiers Nords, il n’en fait point. Il a l’art de la rhétorique le sieur Gaudin et sait utiliser la pagnolade avec talent. On s’y laisserait quasiment prendre…
Or, cette politique est scandaleuse et signifie que seuls les religieux aujourd’hui sont à prendre en considération quand on gère une ville. Sauf que la République avec la laïcité offre un cadre réel qui permet à l’élu, qui ne vivrait pas dans le monde merveilleux des « bisounours » qu’est Marseille vu par JCG, d’assurer le cadre du vivre ensemble et celui-ci est le nôtre.
Que fait-il de la multitude d’associations citoyennes qui mènent des actions depuis des années dans les quartiers ? Que fait-il des enseignants, des travailleurs sociaux, de la police, des syndicats, des partis politiques ? Que nenni, tout ceci ne sert à rien… il suffit de mettre un rabbin, un curé et un imam autour d’une table et, hop, le tour est joué.
L’argent public est donc communautarisé et la religion s’installe comme un service public ayant à sa charge la gestion des différentes communautés et de la paix sociale qui doit en résulter…
Comme quoi, on ne comprend pas pourquoi tout ne se passe pas bien dans le monde merveilleux de Jean Claude Gaudin. Parce que non, monsieur Gaudin, tout ne se passe pas bien à Marseille… Les Marseillais sont bien placés pour le dire.