On a pu lire ici ou là, ces derniers jours, que Jean-Luc Mélenchon pourrait choisir la 3ème circonscription de Marseille pour sa candidature aux législatives. Une rumeur se répand dans les medias faite de bouts de ficelles.
Les bouts de ficelle sont le meeting du Prado qui a rassemblé 120 mille personnes, ma candidature dans la 3ème circonscription (13ème et partie des 12ème et 14èmearrondissements) et mon statut de porte-parole du Parti de Gauche.
Les journalistes ont assisté au Prado à quelque chose qu’ils ne connaissaient pas : l’échange durant plus d’une heure et demie entre des citoyens et un candidat qui se faisaient leur porte-parole. Le candidat du Front de Gauche à la Présidence de la République a exprimé les besoins d’une ville, d’une Région. Ceux qui refusent les discours de stigmatisation, de division qui ont libre cours à Marseille et dans la région, ont enfin leur porte-parole. La volonté de rassembler, de réconcilier les histoires, à trouver une résonance forte pour les milliers de personnes présentes. La dynamique de notre campagne, la force de notre mouvement, de la volonté d’unité de la gauche radicale a pu s’exprimer pleinement à cette occasion. C’est une journée qui fera date dans l’histoire politique de la ville, voire du pays.
A un moment où le FN est si clairement posé comme le parti qui aurait la solution aux maux de notre société, où la droite s’extrêmise pour trouver le moyen de parler à des millions d’électeurs qui rejettent son bilan, à un moment où au PS, on entend des voix s’élever pour dire qu’il faut bien régler la question de l’immigration, Jean-Luc Mélenchon a clairement exprimée notre combat : ce n’est pas l’immigré le problème mais le banquier. Dans une société ultra-libérale, ce qui provoque la crise, ce qui fait que les pauvres sont exclus, ce n’est pas l’immigré qui vole le travail ou qui coûte cher à la Sécu mais c’est le choix de sauver les banques avec l’argent des contribuables plutôt que d’avoir un système social qui permette une République sociale.
Pour revenir à la 3ème circonscription, autre élément d’argumentation pour alimenter la rumeur médiatique, c’est sur le fait que je « laisserai » plus facilement ma place qu’un communiste. Alors, passons sur le côté extrêmement condescendant de l’affaire pour regarder plus précisément ce que cela signifie. Les journalistes ont tellement l’habitude aux crises d’ego de nos « politiques » qu’ils en oublient le fond, les objectifs.
Pourquoi, cela est certain, je « laisserai », sans état d’âme, ma place à Jean-Luc si la décision de mon organisation est celle-là ? Parce que la question fondamentale est celle de l’utilité politique.
Qu’est-ce qui sera plus utile pour les marseillais du 13-14 ? Qu’est ce qui sera plus utile pour le Front de Gauche à Marseille ? Qu’est ce qui sera plus utile pour le Front de Gauche nationalement et nos combats futurs ?
Tout d’abord, et nous pouvons le regretter, la possibilité de Jean-Luc à porter notre message politique, sera bien plus forte que la mienne, notamment grâce aux médias qui en feront une des circonscriptions les plus suivies de France. A ce stade, la capacité des médias à s’intéresser à la 3ème circonscription tourne essentiellement autour d’une potentielle candidature de Jean-Luc Mélenchon. Et assez peu autour de ce que nous pourrions avoir à dire. De fait, sa candidature augmenterait les possibilités de gagner.
Surtout que nous avons milité ces derniers mois d’arrache-pied pour mobiliser autour de la candidature pour les présidentielles de Jean-Luc Mélenchon et nous pouvons être fiers d’un score honorable de 13.30%. Nous engageons, d’ores et déjà, une campagne de terrain efficace pour faire basculer tous ceux qui ont voté par défaut et ceux qui se sont abstenus à être présents massivement le 10 juin et faire entendre leur voix.
Quant à la question de Sylvie Andrieux que le PS retirerait pour des questions de justice, c’est au Parti socialiste de faire ce choix afin de prouver aux électeurs qu’ils ne sont pas traités comme de vulgaires serfs que les élus méprisent à leur guise. Et non au Front de Gauche de négocier quoi que ce soit. Bout de ficelle aussi, interprétation pure de journaliste. Le PS n’a jamais exprimé l’intention de se débarrasser de Sylvie Andrieux, autrement il ne l’aurait pas présentée.
Je suis convaincue que pour les habitants de la 3ème circonscription, il vaudrait mieux un député Front de Gauche qui saura porter haut et fort les revendications de milliers de citoyens qui vivent dans des ghettos abandonnés de tous. Le clientélisme qui se vit au quotidien dans les quartiers n’a visiblement pas pour objectif de construire des logements dignes de ce nom mais simplement de reconduire un électorat à qui l’on donne une carotte pour le satisfaire. Et pourtant aujourd’hui il est plus que nécessaire de permettre à tous d’avoir des services publics, une police de proximité, une école avec des moyens. Nous souhaitons des députés qui fassent avancer la République sociale, au contraire de tous ceux qui nous promettent une politique d’austérité. Il faut voir en Grèce ce que ça a donné ! Un fonctionnaire qui ne peut pas vivre avec plus de 2€ par jour, ça veut dire quoi pour ceux qui vivent déjà dans la précarité ???!
Ce que nous essayons de construire, c’est une réelle alternative politique à Marseille pour faire en sorte qu’aux municipales, cette ville qui n’a aucune raison d’être à droite, à part des magouilles de politiciens, repasse à gauche avec le Front de Gauche. Une candidature de Jean-Luc Mélenchon aux législatives pourrait faire de lui l’homme de la situation, si ce n’est pour être candidat, au moins pour générer autour de lui le rassemblement nécessaire à cela.
Nous pourrions entreprendre les grands travaux nécessaires pour cette ville et qui ne soit pas une nouvelle fois de s’inventer un projet de construction coûteux qui n’améliorera pas la qualité de vie des Marseillais ! Les Marseillais ont besoin de crèches, d’écoles, de logements décents, d’une politique volontaire contre la précarité énergétique, de transports en commun efficaces… Bref d’une vraie politique de services publics et de planification écologique au niveau des enjeux de la Ville.
Enfin, il est indispensable que le Front de Gauche ait une voix nationale. Le fait que Jean-Luc Mélenchon soit député permettrait à tous de continuer le combat à l’Assemblée nationale pour faire avancer pas-à-pas, nos propositions. La décision de ne pas participer à un gouvernement qui mènerait une politique austéritaire, est en droite ligne avec notre volonté de construire un rassemblement de l’autre gauche majoritaire sur un programme de partage des richesses.
Aujourd’hui la seule possibilité de faire évoluer de manière constructive la politique d’un gouvernement de François Hollande, c’est d’être présent fortement à l’Assemblée nationale avec une voix claire et forte. Nous ne serons pas une caution de gauche d’un gouvernement austéritaire, nous nous battrons à l’Assemblée nationale pour le partage des richesses, la planification écologique et la VIème République. Et cela change tout !
Qui plus est, nous avons toujours dit que l’Assemblée nationale est le lieu de la souveraineté populaire et sera la pierre angulaire de la Révolution citoyenne. C’est donc là le lieu de notre engagement.
Parce que le combat continue, pendant les 5 prochaines années, Jean-Luc Mélenchon doit avoir toutes les chances d’être député où il le souhaite.
Quelle que soit la décision de mon organisation, je mettrai toute mon énergie au service des habitants des 13-14 pour défendre notre programme l’Humain d’abord. La nature de mon engagement vise à l'aboutissement d'une République sociale, dans laquelle chaque citoyen peut trouver sa place. Et je sais que cela est particulièrement nécessaire pour la 3ème circonscription.
Lorsque j’ai accepté d’être candidate pour le Front de Gauche, je me suis engagée à être une candidate qui sera capable d’être une députée intransigeant. Et je mettrai tout en oeuvre pour l'être !
Marie Batoux
Candidate du Front de Gauche dans la 3e circonscription de Marseille