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Billet de blog 13 septembre 2012

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A Marseille, une métropole pour cacher la misère…

On assiste depuis quelques semaines à un déchaînement de lieux communs, plus ou moins dangereux sur la sécurité à Marseille et à une « vallse » de ministres.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On assiste depuis quelques semaines à un déchaînement de lieux communs, plus ou moins dangereux sur la sécurité à Marseille et à une « vallse » de ministres.

Depuis un an, les règlements de compte dans les Quartiers nords, et dans Marseille plus généralement, sont la cause de ces réactions. Une sénatrice PS veut appeler l’armée dans les quartiers nords. A croire que nous sommes en guerre civile. Le maire veut que la ville entière soit en zone de sécurité prioritaire. Quant au gouvernement, il organise une conférence intergouvernementale et le 1er ministre vient en visite pour convaincre les « acteurs » qu’il faut une grande métropole.

Que va-t-il en sortir ? un saupoudrage de financement localisé sur des quartiers sensibles ? Qu’en est-il d’un véritable projet de société ? Pourquoi en est-on arrivé à cette situation ?

Des quartiers abandonnés, sans service public, où les commissariats ont été fermés les uns après les autres. Un chômage galopant, une discrimination sans commune mesure, un manque de volonté de couper la tête au grand briganditisme.

Il est évident que le chantier est vaste pour réintroduire un état de droit dans certains quartiers de Marseille qui sont aujourd’hui sous le contrôle de dealers. Il est tout aussi évident qu’envoyer l’armée est une proposition populiste, dangereuse qui renvoie les Marseillais à des bandes armées sanguinaires incontrôlables. Une proposition digne du Front national, à croire que les élus de la République de droite et de gauche à Marseille, font de la surenchère pour piquer un électorat du FN en oubliant que leur devoir est de faire vivre les valeurs républicaines afin que tous y soient à leur place… Quand on cultive la peur, on aide ceux-là même que l’on combat : le Front national.

N’est-ce pas oublier que le problème de la sécurité est un problème global accentué par une crise qui touche en 1er lieu les populations les plus précaires ?

Il semble urgent de faire des propositions concrètes, pérennes et efficaces afin que les quartiers nords de Marseille redeviennent des quartiers où il est possible de vivre dignement.

-         Réinsertion d’une police de proximité avec des moyens,

-         Réhabilitation des infrastructures publiques,

-         Présence de pôle emploi, sécurité sociale, CAF,

-         Rénovation des habitations,

-         Aides à un tissu associatifs.

Assurer les conditions d’une vie collective est le meilleur moyen d’assurer une sécurité collective. Et nous attendons d’un gouvernement socialiste qu’il permette cela afin que tous en bénéficient sans logique clientéliste et électoraliste.

La considération des habitants des quartiers populaires comme enfant de la république, de la même manière que n’importe quel citoyen de Marseille, voilà le meilleur moyen de réinstaurer de la confiance entre les élus et les citoyens. Et non les déclarations à l’emporte-pièce sans lendemain qui accentuent la décrédibilisation de la politique.

Et les propositions du gouvernement ?

Alors que la réunion interministérielle réaffirme la nécessité de moyens importants pour sortir la 2e ville de France de sa situation, le ministre de l'économie et des finances, Pierre Moscovici annonce des coupes "dans les ministères, les institutions sociales" et les collectivités locales. Le président de la République demande à la France des « efforts » ! Avec quel argent les décisions seront-elles menées à Marseille ?

Comment réaliser un plan ambitieux de rénovation et de construction de logement alors que le gouvernement s’est privé des moyens de le financer par le doublement du plafond du livret A ?

Quelles nécessaires formations pour l’accès à l’emploi peuvent être mises en place à Marseille ? Les députés socialistes voteront-ils simplement les amendements du Front de Gauche sur les contrats d’avenir pour qu’ils bénéficient d’une véritable formation ?

Quelle politique de l’emploi peut être menée quand la loi contre les licenciements boursiers n’est pas votée, quand le gouvernement ne trouve pas de solutions pour les Fralib à Gémenos ? Ou Peugeot ?  Quant à la Banque publics d’investissement, outil principal d’un possible redressement productif elle sera une banque comme les autres, puisque ce sont des banquiers  qui sont en charge du projet.  

Ouvrir les écoles pour tous les enfants dès 2 ans et aujourd’hui extrêmement urgent ! Mais pourtant, on continue de fermer des classes pour cette rentrée à Marseille, notamment dans les Quartiers nords.

C’est une véritable lutte pour le maintien de services qui doit être menée dans les Quartiers nord. On prévoit d’ores et déjà la fermeture de l’Hôpital Lavéran ! Et quand le gouvernement parle de transports, il parle d’autoroute ! Est-ce vraiment la L2 qui sera la solution aux problèmes de déplacements quotidiens des habitants ?! Elle ne servira qu’à contourner Marseille. Nous avons besoin de transport en commun, dans les quartiers nord comme dans le centre-ville, pour avoir accès à l’emploi, aux services publics, à la santé, aux loisirs !

Comment le gouvernement compte avoir une politique volontariste à Marseille alors qu’il s’apprête dans le même temps à faire voter au Parlement le Traité de Merkozy ? Ce traité, rappelons-le, a vocation à diminuer les dépenses publiques afin que l’Etat français ne dépasse pas les 0.5 % de déficit. Ce même traité qui liera totalement les mains de l’Etat qui ne pourra plus engager de financements.

Comment rétablir la situation sans prendre en considération les nécessaires investissements qui devront être faits par la mairie, le département et l’Etat ? Tout le contraire de l’austérité préconisée par ce gouvernement qui se contente de proposer une metropole.

Parce qu’un changement réel dans la vie de tous ne peut se faire avec les orientations économiques et sociales décidées par Merckel et Sarkozy. Parce que l’austérité décrétée en Europe s’appliquera aussi à Marseille comme ailleurs.

C’est pour cela que le Front de Gauche s’élève contre le traité de l’austérité (TSCG) et manifestera le 30 septembre à Paris et combattra à Marseille comme en France les politiques libérales pour dire l’Humain d’abord !

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