Adresse à Médiapart : nous ne sommes pas des journalistes !
L’intégrité en matière politique défendue par Médiapart depuis toujours a pris une résonnance toute singulière avec l’affaire Cahuzac. Cette intégrité sur les questions qui relèvent d’affaires juridiques n’est pas suivie de la même intégrité en matière d’analyse politique.
La petite phrase, dans l’article du 22 mai « Sylvie Andrieux lourdement condamnée, mais pas par le PS », qui dit que le FDG a soutenu S. Andrieux au 2ème tour, est une formulation rapide, qui s’appuie sur une analyse politique, dans le meilleur des cas, fausse. Et pourtant qui a des conséquences lourdes.
Il y en a assez de cette facilité à confondre le rôle du grand justicier et celui d’une organisation politique.
Pour rappel, tout de même, avant le premier tour nous avons appelé Sylvie Andrieux à se désister, nous avons clairement exprimé nos inquiétudes sur les conséquences de son maintien. Nous avons dit que cela n’est pas notre conception des élus républicains. Nous avons interpellé le PS pour qu’il soit cohérent et décide de soutenir la candidature du Front de Gauche. Tout ceci est resté lettre morte. Le PS a continué à soutenir S. Andrieux de manière discrète. Les solfériniens ont répondu avec dédain que les électeurs feraient leur choix, se détourant ainsi de la circonscription la plus peuplée de Marseille où se concentrent les difficultés sociales.
Le soir du 1er tour, le Front de Gauche se retrouve dans une situation effectivement compliquée. Sylvie Andrieux et Stéphane Ravier, pour le FN, sont au 2ème tour. Un certain nombre de nos électeurs nous disent déjà qu’ils n’iront pas voter au 2ème tour. Dès lors, le Front de Gauche fait la seule chose responsable à faire : appeler à battre l’extrême-droite.
Bien sûr, personne n’est dupe ! Cela signifie aller voter au 2ème tour pour Sylvie Andrieux dans les faits. Mais la raison de cet appel est celui de la République.
Stéphane Ravier perd avec 699 voix de moins que S. Andrieux. La présence d’un 3ème député du FN à l’Assemblée n’aurait pas été pour nous signe que la République française se porte particulièrement bien. Les conséquences pour la suite, notamment les municipales, auraient été lourdes. Les conséquences pour les habitants des 13ème et 14ème arrondissements auraient été dévastatrices dans des quartiers où le précariat, l’abandon et le délabrement sont le quotidien.
Le Front de Gauche ne peut pas faire le travail ni de la justice, ni des journalistes : qui est de décider si Sylvie Andrieux est coupable ou non. Nous devons avoir une attitude responsable pour l’intérêt général. Il fallait se donner les moyens de battre le FN et de combattre la haine véhiculée par des roquets nauséabonds. Cette haine jette les individus les uns contre les autres et cache la forêt.
Qui est responsable de l’abandon des cités comme Frais Vallon, Corot ou le Petit Séminaire ? Qui est responsable d’avoir construit ces cités sans permettre un lien avec les quartiers résidentiels voisins ? Qui est responsable de la paupérisation des classes moyennes qui alors, pointe du doigt le plus misérable parce que lui, il a le droit à l’aide sociale ? Voici les questions politiques auxquelles le Front de Gauche a répondu au cours de la campagne.
Le FN « vieille génération » des 13-14 ressasse toujours les mêmes rengaines : le Front de Gauche qui voudrait des délinquants dans les rues, le Front de Gauche qui va accueillir les Roms dans les villas de ses militants (c’est bien connu voyons, le Front de Gauche fait partie de cette oligarchie !).
Nous savons qui est l’ennemi des classes populaires ! Il fallait donc appeler à les battre. C’était de notre responsabilité politique.
Notre responsabilité politique, c’est de proposer, comme à Hénin-Beaumont, une alternative à une gauche qui trainent des casseroles, n’a pas de proposition pour améliorer les conditions de vie des classes populaires et qui favorise ainsi l’abstention et le vote FN.