DOUCEUR
Je dis douceur envers les enfants qui glissent leur main dans la nôtre
Je dis douceur envers l'étranger que l'on fusille du regard
Douceur envers ceux qui n'existent pas ou si peu
Douceur pour nos corps jadis élancés, aujourd'hui de poisons lestés
Je dis douceur pour les fleuves et les rivières dont les eaux sont torrents de larmes
Douceur pour les océans noyés de plastiques, méduses infernales
DOUCEUR
Je dis douceur pour les arbres que l'on décapite, débite, délite; douceur pour éteindre les brasiers des essences incendiées
Je dis douceurs pour les pâquerettes, les mauves aux cernes lilas, les coquelicots, la nigelle de Damas, la potentille des montagnes dont on fauche la vie sans condamnation
Douceur pour les animaux dont le regard ne dira jamais l'effarement de l'asservissement
Douceur pour les cigognes, les martinets, les hirondelles, les grues cendrées, oiseaux seigneuriaux qui, au-delà des temps immémoriaux, volent à grand-voile vers nos maisons, depuis les pays équatoriaux
Je dis douceur pour les étoiles et les constellations qui s'éteignent petit à petit comme de très anciens réverbères
Douceur pour la Terre que le chagrin ravine; douceur pour apaiser la violence qui défigure
Douceur pour l'Univers car nous ne sommes que gens de passage
J'ai dit : DOUCEUR