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Billet de blog 7 septembre 2015

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Et si la générosité et la bonté ne suffisaient pas ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis la publication de la photo de ce petit garçon rendu par les vagues sur une plage de Turquie, un formidable élan de solidarité s'est instauré en France.

Cela fait pourtant des années que des migrants sont en France et lorsque je considère les difficultés que rencontrent les associations de Calais lorsqu'elles tentent de leur venir en aide, je me dis que là, il y a un sacré problème.

Rappelons-nous que les personnes qui venaient en aide aux migrants pouvaient avoir affaire à la justice : délit de solidarité !!

Bien sûr qu'il faut les aider mais est-ce du ressort du particulier ? Les bonnes volontés se font jour, mais avons-nous réfléchi à cet " et après " car accueillir avec joie, des êtres en souffrance ne peut être que bien.

Cependant, combien de temps peut-on tenir ? combien de temps une famille accueillie pourra-t-elle vivre dans une autre famille ? Quel aide peut-on apporter réellement à des gens qui ont tant souffert, qui ont rencontré tand de dangers, qui sont traumatisés.

L'élan de solidarité en lui-même est une bonne chose, mais il a ses limites.

Il me semble qu'il aurait fallu une réflexion collective incluant des personnes connaissant bien ces problèmes. Car il me semble que cela demande une prise en charge de la collectivité et non de personnes isolées.

Apporter des solutions adaptées, comprendre d'abord, héberger et soigner, aider, mais ensuite ? Que vont-ils devenir ? Quel travail ? quelle vie ? toutes ces souffrances ont généré des traumatismes. Qui les aidera ?

La générosité si elle n'est pas suivie d'effet n'a qu'un temps. Il faudrait mettre en place dans chaque lieu global d'accueil des équipes apportant des solutions à long terme, une aide effective.

Il me semble que dans l'urgence, le public peut et doit apporter une aide, mais devant l'afflux d'une telle population avec des modes de vie différents, des pays et coutumes différents, des souffrances engendrant des traumatismes, il faut des réponses adaptées et globales, à l'initiative d'équipes pluri-disciplinaires qui soient le garde-fou des débordements possibles.

J'ai participé il y a 24 ans à l'accueil des albanais arrivés dans la Marne. Ils ont été accueillis dans des locaux de l'armée et il y eut un élan solidaire formidable de la population. Mais personne n'avait tenu compte de leur manière de vivre et leur vision de la vie en France et il y eut des dérives. Ils n'étaient pourtant que 200. Alors, quand ils arrivent par milliers, la réponse ne peut pas être seulement individuelle, elle doit être politique, mise en place dans chaque lieu où se trouvent les migrants autant pour les aider que pour aider les accueillants.

Car accepter dans le pays des gens venus de pays différents, si cela n'est pas réfléchi et doté des moyens adéquats, le risque d'être source de problèmes importants dans l'avenir ne doit pas être à négliger.

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