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Billet de blog 8 septembre 2015

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L'illetrisme, faux problème ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je viens de lire en filigrane l'article de la Croix concernant l'illettrisme.

Dans les années 1980, ce problème était déjà la préoccupation de l'Education Nationale, de la Fédération des Oeuvres Laïques et des associations luttant contre l'illettrisme par divers moyens.

Formatrice pour les publics en difficulté, puis responsable de formation à la F.O.L. j'ai suivi maintes formations afin d' intégrer des programmes de lutte contre l'illetrisme, qu'il s'agissent d'outils spécifiques ou de méthodes diverses et variées. Ensuite, j'ai pris le poste de directrice d'un centre social dans un petit village des Ardennes et il m'arrivait de travailler avec les instituteurs. J'avais mis en outre en place une aide aux devoirs pour les enfants en difficulté (collège). Mais j'ai travaillé également avec des jeunes sortis à l'âge de 16 ans du collège et parfois avec des enfants qui venaient d' I.M.E.(instituts médico-éducatifs).

Afin de nous rappeler en quoi consite l'illetrisme voici un texte que j'avais écrit pour un rapport sur ce problème :

L'illetrisme

Le monde a pris conscience du phénomène de l'illestrisme au début des années 1980. Il concerne 7% de la population en France. L'UNESCO en donne la définition suivante : "les illettrés sont des personnes qui ontappris à lire et à écrire mais qui ne parviennent pas à comrpendre un texte simple"

Les personnes mettent en place des procédures de remplacement mais il est évident qu'elles ont beaucoup de mal à trouver leur place dans une société basée sur l'apprentissage scolaire. Il ne s'agit pas là uniquement de "manque de lecture" mais bien de comprendre des consignes. En effet, comment suivre un mode d'emploi si le vocabulaire et la syntaxe font défaut ou comment résoudre un cas mathématique si l'on ne connaît pas les 4 opérations et comment les organiser.

Depuis la prise de conscience de la situation d'illettrisme, des chercheurs ont mené - à partir d'observations- des travaux afin d'élaborer des outils susceptibles de favoriser l'apprentissage. Il s'agit donc de parler d'éducabilité cognitive et plus simplement apprendre à apprendre.

Je suis donc passée par les ateliers de raisonnement logique, le programme d'enrichissement instrumental (Feuerstein)l'édukinésiologie (Georges Goodheart) mais il en existe d'autres.

J'ai travaillé avec ces outils en partant bien entendu d'un projet pédagogique.Mais la seule manière qui vaut consiste à écouter la personne, enfant, adolescent, adulte et de comprendre pourquoi il lui est impossible de comprendre et d'appliquer ce qui lui est demandé.

Je raconte souvent cette anecdote : dans l'atelier d'aide aux devoirs, il y avait une jeune fille en 6ème au collège. Elle avait un problème mathématique à résoudre et n'y parvenait pas. Je lis le problème dans lequel il était question d'un foyer socio-éducatif et de cotisation à régler, tant par mois et au bout de l'année combien devait-elle payer. Cela paraissait simple. Pas pour elle. Alors, je lui ai demandé ce qu'elle entendait par foyer socio-éducatif. Et elle me répond : "le foyer, c'est ma maison" ensuite la cotisation "je ne sais pas" Je lui ai expliqué le sens de ces mots et tout de suite après, elle a su résoudre son problème.

un autre exemple concerne une recette de cuisine pour laquelle il fallait de servir d'une règle de trois - jeunes filles de 16 à 18 ans.

La formatrice a parlé avec une jeune fille qui ne connaissait pas la règle de trois mais qui lui a également prouvé qu'elle était capable de réussir à peser la dose demandée par une autre méthode.

Et bien d'autres exemples comme cela.

Mais, je crois aussi par expérience, qu'il arrive un moment dans la vie d'un enfant - et Piaget a défini ces étapes- où s'il n'a pas acquis certaines notions, il ne pourra pas les acquérir par la suite.

Un autre aspect également : si un enfant en apprentissage de lecture rencontre des difficultés pour lire et emploie des mots à la place de ce qui est écrit, il est possible qu'il vive une situation difficile à la maison et que ce qui est écrit lui rappelle cette situation et pour s'en sortir, il emploie d'autres termes.

Ceci n'est qu'un aperçu de ce que je pourrais en dire.

Et quand je dis que c'est un faux problème c'est à cause de ce que je vous expliquais ci-dessus :

Apprendre à lire doit être un plaisir. Mais il faut être à l'écoute des enfants, repérer ce qui les bloque -une de mes petites filles confond le V et F et Bet D parce qu'elle n'a jamais osé dire à l'institutrice qu'elle ne comprenait pas.

Et qu'importe si au lieu d'additionner dans les règles de l'art, l'enfant prend des chemins détournés, le principal est de résoudre l'opération.

Mais pour cela, il faut que les enseignants, formateurs, soient à l'écoute et ne suivent pas bêtement une voie qui ne mène, pour certains, nulle part.

Mais je pense également que les parents ont un rôle capital à jouer dans cette éducation en repérant les lacunes, les difficultés et en en faisant part aux éducateurs.

Et je crois que l'apprentissage devrait avoir comme support la valorisation de l'apprenant, quelque soit son âge et son niveau.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.