J'ai lu le billet de Mathilde Goanec et je veux apporter ici témoignage du travail de ces éducateurs de rue.
Evidemment, pour les politiques, leur travail semble inconsistant, non abouti et on n'en voit pas les effets parce qu'ils ne sont pas spectaculaires.
Il faut dire que se substituer à la famille absente -pour une raison ou une autre et sans stigmatiser cette absence ici- lorsque le jeune sort du collège ou traîne dans la rue, n'est pas une évidence pour quiconque voit cela de l'extérieur.
Mais un éducateur de rue est déjà présent et disponible pour ces jeunes qui sinon seraient livrés à eux-mêmes. Or qui dit livrés à eux-mêmes dans la rue offre toutes sortes de tentations plus ou moins avouables et qui conduisent bien souvent à faire des bêtises et à se retrouver au poste de police.
Et c'est là toute la subtilité du travail de l'éducateur de rue, être présent et parler avec ces jeunes, s'intéresser à eux, à leur vie, à leur devenir.
Combien j'en ai vu qui étaient sans travail, plus scolarisés et qui partait vers la délinquance. Ils ont eu la chance qu'au centre social, un éducateur de rue les prenait en charge, avec des projets de chantiers rémunérés- premiers pas vers une insértion sociale et professionnelle.
Les conversations, discussions avec lui créaient le lien indispensable pour pouvoir avancer. Puis le chantier qui leur permettait d'être rémunérés et de pouvoir monter le projet d'un voyage.
Ce n'était pas encore la panacée bien sûr, mais lorsqu'ils avaient réussi à réaliser cela, ils pouvaient ensuite avancer plus sûrement dans leur projet personnel avec soit l'éducateur, soit des personnes-relais qui poursuivait l'action entreprise.
Cela n'a l'air de rien : un lieu où se retrouver, une personne référente à qui on peut parler en toute confiance et qui va aider à trouver des solutions à des situations parfois désespérées, il suffit parfois de cela pour sauver des jeunes qui sans eux, finiraient par sombrer dans la délinquance, la drogue, le désespoir.