Ce mouvement populaire vient de loin.
Déjà, en 1981, l'élection de François Mitterrand, qui fut une "divine surprise", il faut bien le dire, et qui suscita un grand espoir:plus de justice sociale, plus de solidarité, des aspirations légitimes pour le peuple d' être compris, entendu, dans l' éducation Nationale, notamment, où tout déjà était loin d'être rose, si je puis dire, et où j'étais bien placée pour voir les manques, les divers problèmes, notamment de moyens et de personnels, déjà.
Première déception: après l' "état de grâce", qui rétablit un peu de justice sociale, le "tournant de la rigueur", car déjà il fallait rembourser la dette dûe aux banques privées: c'est peut-être là d'ailleurs que se situe la première trahison, ainsi que le souligna en son temps Michel Rocard, qui dénonça mais une fois sorti de toute fonction officielle, tout ce que pouvait avoir de dangereux et de pervers cette attribution aux banques privées des emprunts d' Etat, décision prise par Ms Pompidou et Giscard d'Estaing.
Deuxième déception et trahison: le referendum pour ou contre l' Europe, dont le "non" majoritaire a été bafoué et annihilé par le traité de Lisbonne conduit par M. Jospin, et qui a encouragé l' Europe des lobbys et des passe-droits, au mépris des intérêts populaires et écologiques.
Troisième déception et trahison: le quinquennat de François Hollande, avec notamment sa fausse promesse de s'attaquer au capital, à la finance qui-soi-disant "n'a pas de visage"...mais on lui en connait pourtant de nombreux, dont l'un expie en ce moment ses malversations au Japon, qui, lui, ne badine pas avec les mauvaises pratiques, tout ce qui en France et en Europe, demeure impuni.
Quatrième déception et trahison: la présidence de M. Macron, énarque protecteur de la finance et des lobbys, "président des ultra-riches", qui paupérisait le peuple sans état d'âme, puisant dans le déjà bien maigre budget des travailleurs les plus modestes ce qu'il fallait trouver en compensation pour les dépenses publiques, à cause de la suppression de l'impôt sur la fortune.
Mais il y a eu le mouvement des Gilets Jaunes, la fierté, oui, je dis bien la fierté retrouvée du peuple de France, qui défend ses droits à une vie digne, qui défend ses services publics, qui rétrécissent comme peau de chagrin, grignotés toujours plus par le privé et les fonds de pension, je pense notamment aux services de santé, indispensables, pourtant.
Cinquième déception et trahison, liée aux précédentes: la non représentativité des élus, que ce soit le président, élu avec un très faible score de suffrages exprimés, et les députés qui doivent bon gré mal gré faire des "réformes" iniques, allant clairement à l'encontre des intérêts de ceux qui les ont élus. sans parler de leur corruption et de leurs pratiques de népotisme, et suscitant donc la plus grande méfiance, car ayant menti et trahi les idéaux populaires.
Il ne reste qu'à souhaiter que les desiderata du peuple soient enfin entendus et pris en compte, et on méprisés par les élites auto-proclamées, ces soi-disant élites qui ne suscitent que mépris et indignation pour leur appétit du toujours plus. Elles ont créé par leur attitude pleine de morgue et de sentiment d'impunité un mouvement révolutionnaire qu'elles espèrent- n'est-ce pas M. Bernard-Henri Lévy, n'est-ce pas M. Luc Ferry, voir anéanti par la force policière tirant à balles réelles?
Mais ce scenario lugubre ne se réalisera pas, heureusement, car le peuple a bien plus de raison et de sagesse que ces gens-là. Il n'est que de voir l'attitude responsable et digne des dernières manifestations de Gilets Jaunes, avec service d'ordre et service sanitaire, protégeant les manifestants et anticipant les éventuels mouvements des CRS. Cela force l'admiration et le respect, et me rend fière d'être de ce peuple-là.