Il arrive en effet que les armes de destruction massive aient des effets à très long terme ; peu à peu le rescapé du cancer, qui croyait avoir durement payé avec les chimios, la radiothérapie et la curiethérapie, le droit de reprendre pied, devient un petit Fukushima en sursis. Lentement, l’ennemi travaille en secret, sans bruit les rayons poursuivent leur ouvrage et tout aussi insidieusement la situation se dégrade. Les crises, dont il est vain de chercher à décrire l’horreur, s’accélèrent, les examens en tout genre aussi, les intrusions dans ce corps souffrant se multiplient. Un jour enfin un docteur ose nommer ce qui sape tranquillement, mais pas sans souffrances, l’intérieur du corps lourdement irradié : entérite radique. Peu à peu l’intestin se nécrose. Et quand les traitements ne fonctionnent plus, quand on a perdu pas loin de vingt kilos, qu’on ne peut plus manger, il reste une seule option, radicale, couper… Avec l’espoir, ténu, de redonner une unité à ces fragments devenus fragiles et rares comme le verre de Chen Zhen.
 
     
                 
             
            