Nom : Tali
Age : 32
Profession : traductrice
Lieu : Je ne préfère pas le dire – Ramallah
1) Comment, en tant que citoyenne israelienne, vivez-vous la colonisation des territoires palestiniens ?
En tant que citoyenne israélienne je ne vis pas la colonisation des terres palestiniennes. Le système est construit de telles façon que nous ne sentons pas les répercussions de notre violence coloniale. L’apartheid est incorporé pas seulement dans l’unilatérale injustice envers un segment ethnique de la population mais aussi dans le fait que le segment privilégié de la population ne voit pas l’injustice.
En tant que dissidente israélienne, je vis et je respire la colonisation. Je vois les gens que j’aime et les amis perdre tout en un instant, quand on les isole et qu’ils deviennent partie intégrante de la punition collective.
2) Qu’est-ce qui vous a amené personnellement à devenir militante de BDS ?
Je pense que j’ai répondu à cela. Je peux ajouter que grandir dans la société israélienne et faire des efforts pour essayer d’exposer le crime que commet l’état en son nom nous amène toujours devant le proverbial mu de briques. Les réactions face à notre activisme sont de plus en plus violentes et cela se voit. Pour la plupart d’entre nous, la seule façon d’arriver à un bilan est de faire pression sur l’état d’Israël par des moyens économiques – parce qu’un processus démocratique n’est pas autorisé à fonctionner. Pour commencer, les Palestiniens n’ont aucun mot à dire par rapport à leur destin. Ils sont mis à l’écart – boycotté, de la démocratie – ce qui revient à dire qu’il n’y a pas de démocratie et à cause aussi la véhémence que l’état d’Israël oppose aux droits de l’homme. Leur démocratie est basée sur les crimes de la colonisation. Il faut aussi prendre en compte, enfin, nous parlons de crimes de guerre, crime contre l’humanité, et probablement aussi de génocide. Tous ces crimes sont sanctionnés par des instances juridictionnelles internationales. Ce qui veut dire que le monde a LE DEVOIR d’intervenir
3)Où en est le mouvement pour la justice et le respect des droits des Palestiniens dans la société israelienne ? Que pèse –t-il ? Comment agit-il ?
Le mouvement est très clair sur ce sujet. L’une des revendications est l’égalité des droits pour les Palestiniens à l’intérieur d’Israël Je ne suis pas sûr de bien comprendre la question. Le mouvement BDS est constitué de tous les segments de la société palestinienne : Gaza, Cisjordanie et à l’intérieur d’Israël ainsi que des réfugiés Palestiniens du monde entier Le clivage entre ces groupes est le résultat de l’épuration ethnique, des politiques contre la liberté de mouvement et de retour des réfugiés. C’est pourquoi nous recherchons l’unité entre tous ces segments.
Au premier ministre français, Manuel Vals, qui affirme que tous les militants pour le boycott sont antisémites, qu’aimeriez-vous dire ?
4) Ma nièce est un bébé juif. Elle est citoyenne d’Israël. Elle a exactement le même âge qu’Ali Bawabsha qui a été brûlé par des colons israéliens. Je ne veux pas que des bébés brûlent. Je pense que M. Valls voit les choses à l’envers : le fait de brûler la famille BAwabsha est un pogrom raciste dont les chemises brunes d’Hitler auraient pu être fières. Le mouvement BDS n’associe pas ce crime à la catégorie « Loup solitaire fou »De tels pogroms sont systématiquement encouragés.et ont été perpétré au rythme moyen de deux par jour en 2015 La diffamation du mouvement BDS est un acte contre les droits de l’homme et leurs défenseurs et va à l’encontre du consensus international qui dit que les droits de l’homme doivent toujours être respectés et revendiqués. Je pense que M. Valls a le devoir d’être un leader politique plus responsable. Surtout venant d’un état qui se considère comme faisant partie du « monde éclairé. »