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Billet de blog 7 février 2017

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anomalies

Israël le seul pays du monde qui bénéfice d’une large reconnaissance internationale mais qui néanmoins doit faire face à une menace existentielle de la part de ces voisins. Le professeur et anthropologue Yuval Noah Harari, auteur de Sapiens, met en lumière dans un article publié dans Haaretz ce qu’il appelle les anomalies qui ont conduits à cet état de fait.

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Israël le seul pays du monde qui bénéfice d’une large reconnaissance internationale mais qui néanmoins doit faire face à une menace existentielle de la part de ces voisins. Le professeur et anthropologue   Yuval Noah Harari, auteur de Sapiens, met en lumière dans un article publié dans Haaretz ce qu’il appelle les anomalies qui ont conduits à cet état de fait.

Pour comprendre l’état du monde, des frontières et des rivalités post coloniales et impérialistes, il est intéressant d’étudier les cartes.  Bien sûr, il y a encore beaucoup de disputes frontalières mais globalement, on est d’accord pour dire que les Grecs ne vont pas attaquer les Turcs ni que le Chili ne va pas envahir l’Equateur et si un Saddam tente d’annexer un pays voisin, on a vite fait de lui rappeler qu’on ne vit plus au temps de Nabuchodonosor. *

Quelles sont les régions du monde qui restent très floues en termes de frontières ou de bornage quand on regarde les cartes aujourd’hui ? Il y en a principalement deux : l’Antarctique et la Judée Samarie. Si l’on remonte au début du 19ème siècle, on voit que le monde était composé de multitudes de régions politiques allant de l’état souverain aux colonies des empires, des cités- états aux régimes impériaux stricts et féodaux. Aujourd’hui, le modèle quasi unanime c’est l’état souverain. Alors, qu’en est -il de cette région, - la Judée Samarie ? Exprime-t-elle sa souveraineté ? Fait-elle partie de ce nouvel ordre mondial ou en est-elle le talon d’Achille ?  Pourquoi, toujours en regardant les cartes, on observe tant d’anomalies la concernant ? la réponse que l’anthropologue israélien propose pointe la plus sérieuse et la plus flagrante des anomalies : tout le monde s’en contrefiche et ce de manière très ostentatoire. Les violations sont si énormes qu’ils seraient très faciles d’y mettre un terme mais le monde entier s’en contrefiche.

Voyons de plus près ces anomalies : Tout d’abord, l’anomalie d’Israël, qui jouit d’une grande reconnaissance au niveau international, mais que ses voisins proches veulent voir disparaitre, et qui s’est établi par la force juste après la seconde guerre mondiale. Alors, à cette époque-là, la Hongrie a été envahie par l’Union Soviétique, et puis plus tard les Américains ont envahi l’Iraq, les Russes la Géorgie mais les conquérants n’ont jamais pour autant nié l’existence de la Hongrie, de l’Iraq ou de la Géorgie. Alors que depuis sa création, et ce il y a soixante -dix ans, Israël voit ses plus proches voisins refuser son installation reconnue souveraine par le reste du monde. La deuxième anomalie est celle de l’occupation :la Judée Samarie n’avait jamais été transformé en pays, et vit aujourd’hui sous occupation, enclavée dans un pays qui l’a conquise par la force. Ces voisins proches, l’Egypte et la Jordanie n’ont pas réclamé ces terres riches de plusieurs millions d’habitants et la Palestine n’existe toujours pas. Ces territoires fonctionnent comme les terres colonisées au XVIIème siècles, et n’entrent pas dans la logique de l’ordre mondial actuel. C’est pourquoi on parle toujours de recherche de solutions quand on parle de ces régions, ou de solutions temporaires.

Cet attentisme semble avoir une visée pragmatique car il semble plus facile à nos dirigeants d’adopter le compromis et la paix (ou l’absence de conflits) plutôt que la justice. Ce qui nous amène à une autre anomalie, celle des réfugiés. Il semble plus facile de fournir à ces populations exilées de la nourriture, du travail et une citoyenneté ailleurs que la justice chez eux. La création du nouvel ordre mondial après la seconde guerre a créé des millions de réfugiés et de déplacés, en Europe de l’est, en inde, en Asie, en Afrique dont 700 000 Palestiniens – arabes et chrétiens de Judée Samarie déracinés au moment de la création d’Israël.

Soixante-dix ans après leur expulsion, ils sont maintenant cinq millions, et ils n’ont pas droit au retour. Pourquoi ? c’est peut-être dans le rapport Koening qu’on peut trouver des éléments de réponses. * Ce statut de réfugiés permanents, soutenus par les pays d’accueil et par les organisations internationales, est unique et invivable. Imaginez l’Allemagne et l’Autriche refusant le droit au retour des 12 millions d’Allemands et d’Autrichiens déplacés pendant la deuxième guerre mondiale…

Devant des bizarreries si flagrantes, si contraire à la norme globale, il serait facile d’intervenir. Mais on a préféré depuis 1945 accepté et normalisé cet état de fait, dans l’indifférence quasi générale et ça, c’est la plus aberrantes de toutes les anomalies.

Inspiré librement de l’article de Harari paru dans Haaretz et auteur de Sapiens, une brève histoire de l’humanité

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