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ce spectacle se jouera à la Grange le 7 juin 2025.
Spectacle au chapeau à but humanitaire sur réservation (jauge limitée) au 06 30 38 67 33
Spectacle à 21h Durée : 50 min Repas sur place à 19h30 sur réservation au 06 30 38 67 33 Buvette sur place Ouverture des portes à 19h
Une Famille à Gaza est un drame non fictionnel basé sur l'amitié entre la dramaturge Crystal Zevon et un jeune père de Gaza. L'histoire est racontée à travers leur correspondance depuis l'automne 2023, reflétant les efforts de Zevon pour aider la famille, entrecoupée de reportages qui donnent un contexte aux messages textuels. La pièce fait la chronique des messages reçus du jeune père. Tout en racontant une histoire qui reflète des vérités universelles sur la vie dans n'importe quelle guerre, la pièce offre un aperçu du génocide actuel qui se déroule à Gaza. Il s'agit d'une rare narration d'une expérience de guerre en temps réel, qui nous invite à ne jamais oublier notre humanité commune.
La version française de la pièce est en train d’être montée an Ariège.Nous travaillons sur ce projet en lien avec Yasser, Rada, Maria, Mohammed et Youssef. Yasser a 34 ans, sa femme aussi et leurs enfants ont moins de 8 ans. Nous sommes en contact constant. La pièce raconte leur histoire quotidienne et les déplacements forcés de Khuza'a, dans le Nord de la bande de Gaza, leur ville qu'ils ont dû quitté en novembre 2023 jusqu'à ,Mawasi-Khan Younès . Depuis octobre 2023, ils dorment où ils peuvent, ils vont où ont leur dit d'aller. Au début, les enfants avaient les yeux qui pétillaient mais maintenant, ils sont amaigris et ont peur. Tout le temps. Ils sont retournés dans leurs maisons pendant le mois du Ramadan 2025 . Elle avait été endommagée mais ils ont pu y rester quelques temps. Maria était âgée de 3 mois le 7 octobre 2023. Elle a découvert sa maison en mars 2025.Yasser dit qu'elle a appris à marcher dans les décombres et que quand elle tombait par terre sur le carrelage de la maison, elle se frottait les genoux comme elle le faisait dans les dunes de Mawasi pour enlever le sable et les déchets collés à ses genoux. La brutalité de l'arrêt de la trêve a énormément perturbé les enfants car, quand la famille a du à nouveau fuir, ils savaient tous où ils allaient, vers la souffrance et la mort . Même les petits le savaient. Ils sont partis à Beni Suheila, car c'est là qu'on leur a dit d'aller.
Quand je suis allée voir mon amie réfugiée au Caire pendant les vacances d'avril, je souhaitais apporter de l'argent et de l'aide à la famille de Gaza au Caire: sa mère et sa sœur s'y trouvent. Elles subissent toutes deux les souffrances du cancer. Avant le 7 octobre, les soins médicaux tels les chimios , les dialyses et autres traitements étaient administrés en Égypte. Les malades devaient attendre parfois de longs mois pour avoir l’autorisation israélienne de sortir au point de passage de Rafah. De même, ils devaient attendre des jours, voire des semaines, pour pouvoir rentrer chez eux après les soins. La sœur et la mère de Yasser avaient eu l'autorisation d'aller se faire soigner juste avant le 7 octobre 2023. Depuis, elles n'ont pas pu rentrer chez elles. Ils sont des centaines de milliers, bloqués au Caire. Ils ne reçoivent pas d'argent, leurs familles à Gaza ne peuvent pas leur en envoyer et ils ne peuvent pas poursuivre les soins, se loger décemment ni vivre au Caire. Mon amie et son frère ont organisé un réseau d'aide pour distribuer de l'argent à ces personnes afin qu'elles puissent poursuivre leur traitement. L'aide arrive de Suisse, de France d'Espagne. Mon amie la partage équitablement entre les familles. Une jeune Gazaouie exilée, belle et pétillante, dont la famille a été tuée après le 7 octobre, traverse plusieurs fois par semaine toute la ville du Caire pour distribuer cet argent, à Al Nasr, 6 Octobre, Gizeh... Les personnes qui sont inaccessibles reçoivent l'argent via leur portable, avec Vodaphone Cash.
Les autres membres de la famille de Yasser sont à Gaza. La famille élargie comprend plus de mille personnes, c'est une communauté. Toutes les familles de Gaza ont explosé. Comme au Viet Nam , ces familles élargies sont la base de la société palestinienne. La vie était rythmée par les mariages et les naissances, les passages de diplôme et les successions, les partages de ressources et de biens . Depuis 1948, ces grandes familles ont été déplacées, mutilées, arrachées à leur terre. Elles ont vu leurs enfants et petits enfants mourir. La maman de mon amie a 80 ans. Elle a beaucoup souffert et souffre encore chaque jour. Sa maman a été expulsée en 1948 et ils se sont retrouvés à Gaza. Certains membres de la famille ont fui vers l'Algérie, la Jordanie. Depuis cette première Nakba, les familles qui le peuvent achètent de l'or, sous forme de bijoux. Cette valeur- refuge leur permet de survivre. Quand ils fuient, ils le font avec " leur or" comme ils disent. La famille de Yasser, quant à elle, a déjà perdu 12 membres . Le "mukhtar", c'est à dire le chef de la famille élargie, a été emprisonné pendant les rafles de décembre 2023, menotté, en sous-vêtements, emporté dans un centre de torture. Il a été libéré et a retrouvé sa famille amputé de 12 membres...
Hier, lundi 19 mai, ils ont reçu un ordre d'évacuation: toute la zone centrale de la bande, l'ouest de Khan Younes mais aussi Beni Suheila , Abasa, Khuza'a, et tous les Gazaouis des villages qui restent d'est en ouest le long de la rue Sala Adin , jusqu'à l'hôpital Nasser, sont poussés à Mawasi vers l'ouest, dans une zone qui contient déjà les gens qui ont été expulsé du nord .. Près e deux millions de personnes dans un espace de 20 kms2 soit 100 000 habitants au km2, sous les bombes et affamés par Israël. La nuit qui a précédé l'ordre d’évacuation a été pire qu'un cauchemar.
Ce que raconte les survivants est d'une horreur sans égale : des quadcopters , des hélicoptères, des militaires déguisés qui rentrent dans les tentes et tuent, des soldats qui sont apparemment drogués. Les familles sont partis sur ordre et doivent faire des kilomètres à pied ou dans des charrettes, sous les bombardement. Hier soir mardi , Yasser m'a dit qu'après une nuit "dans la rue" ils avaient trouvé un emplacement pour leur tente, au milieu d'une rue inondée. Mon amie au Caire tente de garder le contact avec ses deux frères, ses neveux et nièces et les amis qui souffrent sous les bombes.. Que vont-ils devenir?
Aujourd'hui mercredi 21 mai, les bombardements ont tué au moins 24 personnes. Toute la bande est touchée, par tour . A Jabaliya, ils n'arrivent pas à sortir les blessés. Malgré les menaces de sanctions, Israël se croit invincible. Et moi, ma toute petite moi perdue dans mon Ariège, je pense qu' Israël devrait perdre son siège à l'ONU, être mis au ban des relations internationales. Je répète ce que je disais en 2017, quand j'ai commencé ce blog: Israël est une anomalie, une anomalie monstrueuse, c'est maintenant devenu un monstre sanguinaire .
Alors voilà, le théâtre est là.. Si vous souhaitez nous accueillir et écouter par nos voix les cris de cette famille, l'espoir, la misère, les rêves brisés, contactez moi , nus viendrons jouer partout, pour la famille de Yasser et pour tous les Palestiniens. Nous ne parlons par à leur place, nous sommes juste un corps et une voix humaine. C'est notre humanité , c'est tout -
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