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Billet de blog 7 août 2025

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quand j'ai le malheur de rentrer dans une pharmacie ou un supermarché, je reste éberluée devant tous ces bidons-flacons, mers de litres crémeux aux écumes de particules de plastique coulées dans du plastoc, sorte de déchets au carré étalé pile sur les faces, des PFAS ou bien du P. Fabre, la "santé" comme on fait sauter la pièce de monnaie, une autoroute vers du dermocash principalement dirigé vers des poches de mecs.

Des bidons aux ventes rebondies si l'on en croit la place que ça prend, qui bondissent sur le ressort de la peur : peur du soleil, peur des moustiques, peur de ne pas plaire, et bien évidemment, peur de se voir vieillir.

Suffit-il pour ne pas se voir vieillir de ne pas se regarder ?

Je ne tartine pas ma tronche, juste les tranches du petit-déjeuner. Alors oui, je m’apprête à flétrir sévère. Je ne vieillirai pas comme une Golden ou une Pink lady, star des étagères et de la chambre froide, bourrée de pesticides mais à la peau lisse et rose comme un museau de petite souris, souris bon sang, ou prend des vitamines, au moins, pour quelques tubes de plus.

Je pourrai dire que ce refus de la tartinade, c'est du boycott, un refus politique de consommer, une préservation évidente de mes ressources tant financières que cutanées... Tout cela est vrai. Mais je n'ai pas écrit "j'ai choisi de ne pas me tartiner la tronche". C'est juste comme ça, un constat. Car il ne faudrait pas sous-estimer dans ce non-acte ce qui le constitue majoritairement : une solide part de flemme.

Voyons ça comme un acte flemministe.

La sororité élémentaire m'invite à embrasser chaleureusement toutes celles qui se tartinent pour tout un tas de bonnes ou de mauvaises raisons individuelles ou structurelles sur lesquelles il ne me viendrait pas à l'esprit d'émettre le moindre jugement, petite souris que je suis.

La fraternité basique m'enjoint également à envoyer un big up énergique à toute personne qui travaille dans ces filières et mène sa barque du mieux qu'elle le peut sur cette mer d'huiles et de glycérine.

Juste, l'avoine, le miel et le lait, je les préfère au petit-déjeuner, et j'aimerais bien que l'industrie aussi.

C'est pourquoi je finirai toute ridée comme une petite pomme bio, tavelée à jamais et bannie des circuits des "nouvelles formules" 1, 2, 3, 4, avec les 10% gratuits, et les 90 autres aussi.

Avec l'ambition de flétrir le plus longtemps possible à l'abri des pépins.

Espérons que ça passe crème.

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