We want sex equality

J uin 1968. Rita (Sally HAWKINS) conduit la grève historique des 187 couturières des usines Ford. Prenant conscience, via le délégué syndical, que la disparité salariale et l'inadéquation avec la réalité du travail effectué, provient, non pas d'un problème de statut, mais de condition, elle embrasse corps et âme la cause de l'égalité salariale. A imant à citer Marx au cours d'une négociation, le délégué syndical, rappelle, à bon escient qu'on mesure le degré de civilisation d'une société à la place qu'y tiennent les femmes.Rita évolue de la passivité et de l'acceptation de son sort, à une radicale remise en question de cette vision imposée. A son mari qui lui fait remarquer que s'il boit de temps à autre, il ne l'a jamais battue, elle rétorque que ce n'est un rien un privilège, mais un droit.La plus grande oppression n'est elle pas dans le travestissement volontaire des droits en privilèges ?Rita embrasse la cause féminine, et, par de-là, celle, universelle, de l'égale dignité et valeur des individus. L e parti pris assumé du réalisateur, Nigel Cole, nous permet, avec d'autant plus d'acuité, de sentir que 40 ans plus tard, cette égalité est, dans les faits, en France, réduite à une obligation de moyens plus que de résultats.Les promesses de l'égalité salariale, eu égard à la loi de 2006 relative à l'égalité entre hommes et femmes, pas plus que celles du pouvoir d'achat n'ont eu les effets escomptés. U ne réponse est peut-être dans la bouche du personnage qui incarne Barbara Castle, alors Ministre de l'Emploi sous le travailliste Harold Wilson. Les politiciens voient le coup d'après. Ce à quoi Rita répond, désarmante, qu'elle n'est pas politicienne, mais travailleuse, exigeant non pas des effets d'annonce mais une mesure immédiate et concrète. Le personnage de Rita l'avait bien compris. La politique ne consiste pas à croire, mais à faire croire.