Cette époque n'est plus la leur, cette époque ne demande d'eux que le silence et que, désormais, sur eux tombe la nuit.
Aussi détestable et caricatural que puisse être cette appellation d'hommes blanc, on ne peut que constater, qu'au fil des années, la liste de ces personnalités admirables prises dans les mêmes turpitudes ne cesse de s'allonger, avec, à chaque fois, un refus similaire de regarder en face leurs agissements, cette même certitude qu'ils sont supérieurs au reste de la population et doivent être respéctés pour cela. D'Olivier Duhamel, en passant par Gabriel Matzneff, Dominique Strauss-Khan ou Didir Gaillaguet, l'ancien Président de la fédération de patinage artistique, leur histoire est semblable. Et
la question revient : comment osent-ils?
Comment Didier Gaillaguet peut-il encore affirmer que le patinage perd beaucoup en se séparant de sa personne et qu'il ne comprend toujours pas ce que l'on peut lui reprocher, lui qui a tout donné à ce sport et apporté une part de légende à la France. Lui qui n'a pas eu un mot ou un regard pour les victimes qui commençaient à se faire connaitre. Comment un Olivier Duhamel a-t-il pu continuer à pérorer sur les plateaux de télévision et de radio, son admirable vision de la démocratie et son dégoût du populisme, lui qui savait que ses agissement étaient connus et que le mouvement Mee Too, qu'il trouvait également admirable, avait peu de chance de passer à côté de son affaire. Comment pouvait-il expliquer, lors de son discours de Leçon inaugurale du Collège de Sciences Politique, à ses futurs étudiants, que les élites de ce pays se devait d'être admirable pour que fonctionne la démocratie.
Comment un avocat de la stature de Jean Veil, au nom admirable, peut-il donner une interviewe au journal Le Monde en expliquant que, certes,, il connaissait les agissements de son meilleur ami, "son ami absolu" dit-il, mais qu'en raison de sa bonne éducation, il n'avait jamais évoqué les détails de l'affaire, car il n'est pas de nature curieuse, et n'a pas de goût pour l'indiscrétion, surtout lorsqu'il s'agit d'affaires familiales.
Comment, des femmes, anciennes ministres socialistes comme Michéle Delaunay peuvent publier des tweets au sujet de la sortie du livre de Camille Kouchner en estimant" qu'il ne s'agit que de porter tord publiquement à une personnalité admirable, ou, pire, d'attirer l'attention sur un livre don on aurait, de toute manière, peu parler.".
Comment un Jack Lang, peut-il se rendre, il y a quelques jours encore, sur l'antenne d'Europe1 pour expliquer que ce milieu, dans lequel baignait Olivier Duhamel n'est pas le sien, lui qui sort si peu, en concluant qu'il ne peut pas s'indigner à chaque minute.
A leur indécence, à leurs mensonges, à leur immoralité, il n'y a que le récit des victimes pour leur répondre et leur intimer le silence.
Le récit de Camille Kouchner qui finit son livre en écrivant "On va leur expliquer s'ils ne comprennent pas. Je vais t'expliquer, à toi, qui professe sur les plateaux de télévision, que quand, un adolescent dit oui parce qu'il a confiance en toi, c'est de l'inceste. Il dit oui parce qu'il a confiance en toi et la violence consiste à décider d'en profiter. Je vais t'expliquer qu'à force le garçon va continuer, pour nier l'horreur de la situation. Ca va durer, il va culpabiliser, se dire que c'est sa faute. Ce sera ton triomphe, ta voie de sortie pour en réchapper".
Celui de Vanessa Spingora qui explique pourquoi il ne peut y avoir deconsentement entre un enfant et un adulte. Celui du député Bruno Questel qui atteste que les garçons et donc les hommes sont ausssi des victimes et qu'il est temps pour la société de s'emparer du sujet.
Celui de Christine Angot qui explique que le silence dans lequel est plongé les victimes n'est pas du au fait qu'elles ne veulent pas parler mais qu'elles ne peuvent pas : " vous avez les mots, vous,, à 13,14 ans pour dire ce qu'il s'est passé?". Les enfants n'ont pas les mots et c'est bien le problème. Comment dire quand on ne sait même pas nommé les parties d'un corps abusé? Beaucoup n'ont pas trouvé la réponse, même en langue des signes, pourtant elles en ont passées des heures et des années à chercher. Et lorqu'enfin vous commencez à parler, vous voyez se peindre l'incrédulité sur les visages qui vous entourent. et vous retournez au silence. Et si jamais vous trouvez le courage de persévérer en vous demandant si la justice ne pourrait pas vous soulagez. Un mot vous répond, simple et définitif, celui de prescription, le totem suprême. Et vous retournez au silence.
Alors pour toutes ces raisons, pour tous ce témoignages, on a envie d'une chose, que ces gens admirables se taisent, s'ils n'ont pas décidé de comprendre. Qu'ils se rendent enfin compte que si un Donald Trump a pu se vautrer dans les institutions américaines, c'est aussi à cause d'eux. De leur défaillance. Et puisque la justice s'en tient à une prescription qu'ils ont défendue en invoquant le droit à l'oubli pour l'auteur des faits, sans penser qu'il n'existe acun oubli pour les victimes, que la nuit tombe sur eux.
Que sur eux tombe la nuit