Wolfgang Schaüble en voilà un homme un vrai ! Et je tiens à vous rendre hommage Wolfgang Schaüble au nom de tous mes contemporains grecs et européens reconnaissants. Comme il est dur de nos jours d’en dénicher un n’est-ce pas ? Un homme comme vous. Un vrai, bien burné. Un homme véritablement vrai, seul élu parmi cette foule d’imbécile qui vous entoure n’est-ce pas ?
Pourtant, il fut un temps que les moins de deux mille trois cents ans ne peuvent pas connaître, un philosophe cynique dénommé Diogène en cherchait également un. Il errait désespérément dans les rues d’Athènes une lanterne à la main. Il se promenait ainsi en plein jour en répétant sans cesse à qui voulait l’entendre, “Je cherche un homme”. Cela se passait à une époque lointaine où les hommes, même les plus entreprenant, ne décidaient point de leur avenir, sans s’être une fois confiés, non aux agences de notation, à Wall Street, la City ou autre CAC 40 et Down Jones, mais plus assurément à la pythie de Delphes ou quelques autres sibylles prophétiques.
C’était un monde de contes, de légendes et de mythes, où le peuple grec s’entrouvrait aux dieux, et devisait d’égal à égal avec eux, en les célébrant, leurs yeux braqués vers les cimes de l’Olympe. Vers ce panthéon glorieux de l’empyrée céleste, qui n’était point le fric, mais la cité des dieux qui se trouvait là haut, perchée à toucher de doigts. Ils étaient sages et joueurs, philosophes et jouteurs de rhétorique. L’agora, prolongeant l’écho au marbre blanc de ses pierres séculaires, répercutait les discours de toutes les ferveurs philosophiques. On pouvait entendre Socrate, Platon, Aristote pour les plus célèbres, mais aussi Diogène, Démitrius, Protagoras, Démocrite, Euridipe et tant d’autres encore, dont les sept sages fondateurs de l’esprit démocratique grec, parmi lesquels se trouvaient Thalès, Solon. Chilon, Bias, Parménide jusqu’à remonter au demi dieu Empédocle... Eux étaient des hommes ! De vrais hommes ! Des vrais !
Moi aussi je cherche un homme. Un homme vrai ! Un homme volontaire. Pugnace. Un être borné. Têtu, intègre, droit, généreux et honnête. Un homme que l’on n’achète pas. Pas arrangeant et sans arrangements. Incorruptible et animée d’une soif extrême de justice. Un être sans concession. Sans manipulation. Un homme qui comme l’écrit si bien Salman Rushdie, ira peut-être quatre vingt dix neuf fois sur cent, se briser sur le mur des habitudes. De toutes les convenances inhumaines. De tous les interdits. Des “il ne faut rien changer ! Surtout pas ! Vous pensez ! Restons entre nous ! Nous sommes si bien ! À macérer dans les fanges liquides de la putréfaction néolibérale”. Mais qui à la centième des tentatives pourrait radicalement changer le monde. Changer ce monde de merde. De fric. D’escalade inutile et de misère. Qui draine de fausses valeurs. Un monde sans foi, sans idéaux et sans morale.
Malheureusement, il y a d’un côté, ceux qui pensent et s’essayent à le faire, à le parfaire, bien ou mal, et de l’autre, ceux qui en profitent, en bouffant à tous les râteliers d’une existence pleutre et blafarde. Ainsi, va cette vie. Pourtant à tout choisir, ces décideurs, comme ce Wolfgang Schaüble, sont bien mal inspirés, tant le monde des idées est éminemment supérieur à celui des faits, l’un découlant invariablement de l’autre. Cela pourrait Wolfgang Schaüble vous donner à penser, si vous le pouvez encore.
Ce sont les idées qui devraient être mises en avant pour mener à bien la destinée des hommes, et non les faits. Les faits n’étant que des avatars imparfaits mis en place par ceux qui ne peuvent appréhender la vraie réalité des idées. Des idées qui ne sont plus que de fausses idées. Reprises et manipulées par ceux qui désirent les dénaturer avant d’en faire des idées dégénérées qui se traduisent alors en fait. Un peu comme le clamait déjà René de Chateaubriand : Tout arrive par les idées : elles produisent les faits, qui ne leur servent que d’enveloppes.
Et il avait bougrement raison. Car à bien regarder, c’est bien par le biais du réel de la nature humaine, que les idées sont généralement dévoyées de leurs pensées premières, et en l’espèce leur application dans l’à peu près des circonstances, entraîne l’ensemble de l’humanité dans la tourmente et le chaos. Il n’est qu’à voir avec les lois. S’il n’est de vivre, que de l’intention de la loi, ou de l’esprit de la loi, ou de l’interprétation abusive de la loi.
Les décideurs européens ne sont ni légistes ni penseurs, ils ne font que suivre au plus près les besoins de leur maître en confirmant les tendances opportunes et les mouvances situationnistes d’un capitalisme ravageur. En fait, ils ne décident rien. N’anticipent rien. Ils obéissent aveuglément et s’adaptent constamment aux circonstances douteuses infligées par la finance mondialisée. Continuellement. Ce ne sont que des opportunistes, prêteurs sur gages et parasites usuriers qui pèsent de tout leur poids sur l’échiquier mondial. C’est tout ! Pas très glorieux tout ça n’est-ce pas Wolfgang Schaüble ?
Tiens, Wolfgang (tu permets que je t’appelle Wolfgang) je peux te jeter la baballe ? Aller rapporte la baballe. Mais idiot que je suis, je sais que tu ne la ramèneras pas ! Ton maître ce n’est pas moi. Ni le peuple grec. Ni le peuple allemand. Ni aucun peuple du reste. Ton maître à toi aussi, (comme pour Sarkozy) c’est le pouvoir de l’argent.