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Billet de blog 23 février 2012

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Petit conte pour comprendre le MES

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La messe est dite. Mon père est un salaud.

Imaginez ! Nous sommes nés d’une grande famille ancestrale et même plus que millénaire. Une fratrie à l’ancienne. Et comme mainte famille à l’ancienne nous sommes bien nombreux. Dix-sept ! Nous sommes dix-sept frères et sœurs. Une paille ! Et de plus s’ajoutent avec nous dix cousins et cousines germains. Tous et toutes, nous sommes mariés, et de fait avons nous-mêmes, une petite famille à nourrir.

Donc j’avoue qu’il est bien dur de vivre tous ensemble, même si nous vivons dans un immense château. Mais quand même. Mon père est un salaud.

Devant les problèmes financiers d’une de mes sœurs prénommée Grâce, qui trompant son mari, a trop donné en cachette à son amant américain, avant qu’il ne l’abandonnât pour en charmer une autre, il nous a tous convoqué séance tenante.

Son idée était fort simple. Il nous demanda à tous de mettre dans un pot commun une somme d’argent, au prorata des revenus de chacun, afin disait-il, de palier à quelques déconvenues financières qui pourraient advenir, comme celles subies par ma sœur adultérine et éconduite par l’affreux américain.

L’idée nous semblait bonne, je dirais même excellente. Alors, nous nous exécutâmes.

Mais mon père est un salaud et comme tous les salauds, il avait instauré en douce, un statut spécial pour réglementer cette caisse commune. L’immunité. Mon père avait l’immunité et en toute légalité par devant la justice, pouvait nous siphonner toutes nos économies sous prétexte de venir en aide à chaque membre de la fratrie.

Lorsque nous l’apprîmes, il était trop tard. Effectivement, le problème n’était pas tant le fait de mettre une somme en commun, non ! Le problème résidait sur le fait qu’il nous fallait pour éventuellement y accéder, laisser notre propre budget familial, entre les mains de notre père et de lui seul. Le salaud.

Mon père est un salaud qui royalement se voyait très bien profiter de la situation. Ma femme me fit alors remarquer qu’il s’ingérait ainsi dans notre foyer conjugal comme en celui des autres, et que cela pourrait entraîner quelques contrariétés, aux termes desquelles l’un des foyers pourrait exploser. Et de là à évoquer le divorce, il n’y avait qu’un pas.

Quelque temps après, un de mes frères eut la douloureuse surprise d’apprendre qu’il lui fallait rembourser un huissier de justice venu chez lui pour lui signifier la somme totale de ses dettes. S’adressant à mon père, il lui demanda l’aide de la caisse commune. Mon père lui confia l’argent, mais en contrepartie demanda à recevoir, à dater de ce jour, les salaires, émoluments et autres revenus du couple. Mon frère contrit dû accepter, mais sa femme et ses enfants ulcérés de voir l’affligeante situation décidèrent de le quitter et de quitter le château.

Les mois passèrent, et les couples se défirent un à un, dans la misère les pleurs et les sanglots. Maintenant le château est presque vide, puisqu’il n’y reste juste que notre père ce salaud, et sa caisse commune remplie du magot. D'ailleurs il escompte tout revendre à l'affreux américain un certain Goldman Sachs. Oui l'amant de ma sœur se prénommait ainsi. Le coup de grâce était bien monté, d'évidence tous les deux étaient au parfum.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.