
Manue ne souhaite pas être prise en photo, par timidité plus qu'autre chose.
Quant à ses motivations pour participer au rassemblement, elle en a « une liste longue comme ça ! ».
Le projet de loi et les autres décisions du gouvernement de ces derniers mois, dans tous les domaines, étoffent à chaque coup porté son envie de se battre et de militer.
La loi El Khomri ne fait que renforcer son écoeurement : « Nous faire croire que fléxibilité égale sécurité du travail c'est une grosse blague. Toujours à opposer les travailleurs aux chômeurs... Avant on opposait les travailleurs au grand patronat. Le travail n'est plus un droit et une richesse, c'est quelque chose qui devient aliénant, de plus en plus. Ce n'est plus : on participe à la société, on apporte chacun quelque chose, on se construit individuellement. Maintenant on travaille jusqu'à épuisement et on a le droit de rien dire. »
Manue est très jeune et a toute sa vie à construire, dont professionnellement. Son souhait est que le mouvement prenne de l'ampleur, « que de plus en plus de gens se sentent concernés et se mobilisent. Que ce ne soit pas que des gens déjà politisés ou un mouvement maintenu uniquement par des orgas. » Elle aimerait que la contestation vienne de la base, que chacun-e prenne les choses en main.
Manue témoigne d'une volonté de construire collectivement, et d'une révolte transverse à différentes luttes, qui semblent en apparence sans point commun et qui pourtant dénoncent la même injustice, la même logique marchande.
Elle dit ressentir cette envie de convergence des luttes dans les AG étudiantes : migrants, écologie, justice, éducation, parité, etc.
Pour le moment les AG restent sans prétention : 120 étudiant-es se sont retrouvé-es après le rassemblement en fin de journée, dans l'amphi Pierre Bourdieu, de l'UFR Sciences Humaines et Arts, situé en centre-ville. Mais elle pense que beaucoup d'étudiant-es ont envie de se mobiliser, sans trop savoir comment s'y prendre et qu' « ils n'ont pas envie d'être rattachés à une orga en particulier. Ils ont envie de venir et de rester sans étiquette. Il faudra faire attention à ce que les orgas ne monopolisent pas la parole. »
A propos de son avenir globlement elle répond qu'« aujourd'hui (9 mars 2016) je suis optimiste car on était quand même pas mal, on était nombreux ! Pour mon futur et pour la suite de ce mouvement je ne suis ni optimiste ni pessimiste, on verra. Je suis comme Gramsci, je pense qu'il « faut allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volonté !»
Une nouvelle AG a lieu aujourd'hui, jeudi 10 mars à 17h à la Maison des étudiants, où elle sera bien entendu !