L’université d’été des «Jeunes Pop» de l'UMP, c’est aussi ça : une ambiance à mi-chemin entre « Intervilles », la fête au village et une soirée HEC. Des effluves de bière, des chemises bleues mouillées, des chapiteaux frôlant les 40°C, des «c’est à bâbord qu’on gueule les plus fort» entre le fromage et le dessert. Et sans doute un petit côté Criterium de grandes écoles proche du «on est de la même famille mais pas du même coin».
Alors pas question de mélanger les torchons et les serviettes. Un département, une fédé, un T-shirt. Ca va du – désormais cultissime - «Morano, what else ?» des jeunes de Meurthe-et-Moselle au plus sobre «La Sarthe avec Fillon», en passant par le fluorescent «A nous de vous faire préférer le 93» et le «Moi je suis de la France d’en haut. J’habite dins l’chnord».
Puis il y a les chants, quelque part entre un OM-PSG, une manif pour la préservation du patois picard et un week-end « scout toujours ». Car finalement, ici aussi on finit toujours par se demander «et ils sont où, et ils sont où les Parisiens ?». A l’exception, sans doute, qu'à l'université d'été de l'UMP, on tire une certaine fierté à s’égosiller en retour «Hauts-de-Seine, Hauts-de-Seine !», le 9-2 étant, outre le fief du président de la République, le fournisseur officiel de conseillers élyséens et de ténors de l’UMP.
Le Campus des «Jeunes Pop», c’est tout de même un peu plus qu’une histoire de t-shirts et de chants doucement belliqueux. La campagne pour la succession de son président, Fabien de Sans Nicolas, l’a bien montré, qui a vu deux camps s’affronter (lire notre Republico du 22 août). Pour le dire vite, d’un côté les HEC d’Auteuil-Neuilly-Passy et de l’autre les militants de la base du parti, davantage issus de province et qui crachent volontiers sur ces «fils à papa comme Jean Sarkozy», dixit Alexandre, 18 ans, de la fédé iséroise.
Et les aînés de l’UMP, dans tout ça ? Lors du dîner de samedi soir, Patrick Devedjian a réussi à faire scander son nom au milieu d'une table en délire, ce qui, dans le contexte qu'on connaît (décrit ici et là sur Mediapart), est déjà pas mal.
Flanquée de Jean Sarkozy et sa dame Darty, Valérie Pécresse s’est elle surtout aventurée chez les Jeunes Pop du 9-2 avec une armée de caméras. Une manière d'y retrouver ses militants, ceux des Yvelines, mais surtout ceux de la région Ile-de-France, qui, elle l'espère, voteront pour elle lors de la désignation de la tête de liste pour les régionales.
A quelques mètres de là, un autre membre du gouvernement fait sa tournée des fédés. Dans un tout autre style, qui relève plus du strass-et-paillettes-décontracté que du cardigan-versaillais-sourire-colgate. Nadine Morano, la secrétaire d’Etat à la famille, promène sa fraise de table en table, enchaînant les poses photos-souvenirs avec les militants. Ici, point de «ouistiti», on dit «Sarkozy» pour sourire devant l’objectif. «Madame Morano, quand est-ce que vous faites des meetings pour critiquer la gauche ?», implore un jeune avec un air inquiet.
Bientôt, un attroupement s’est formé autour d’elle, qui va bien au-delà de la seule Meurthe-et-Moselle. Il faut dire qu'après sa prestation de la veille (voir la vidéo ci-dessous), la secrétaire d’Etat à la famille est devenue l’attraction du week-end, volant presque la vedette au fils cadet du chef de l'Etat.
Les jeunes militants sont montés sur les tables, entonnant un «Nadine on t’aime» puis un «Nadine présidente !». Un militant grenoblois est, de son propre aveu, «en transe». Les cordes vocales usées, il raconte : «Avant, j’aimais bien Bertrand, Darcos. Depuis que j'ai vu Nadine Morano hier, je la trouve impériale. En 2017, elle sera la première femme présidente !». «Elle est simple, et elle sait ce que c’est d’être proche des gens, des militants», confie un autre.

Mais voilà bientôt «Nadine» embarquée dans une chenille initiée par les militants basques. Portée à bout de bras par les jeunes assis en file indienne, «Nadine» flotte, slame, passant de mains en mains, sous les hurlements … et le regard inquiet de son garde du corps (voir la vidéo ci-dessous).
Coup de com’ ? Pas seulement. Celle qui est surnommée «Madame sans gêne» évolue dans ce Campus comme un poisson dans l’eau, et, à l’heure où ses collègues rentrent sagement dormir, la secrétaire d'Etat s’en va goûter sa popularité sur le dancefloor.

22h45. «Est-ce que vous avez la forme ce soir ?», hurle le chauffeur de salle. «Ce soir Nadine Morano va mettre le feu au dancefloor !». Morano fait son show et enchaîne les partenaires. Les garçons font la queue pour avoir leur quart d’heure de gloire devant les caméras du «Petit Journal» de Canal Plus. Patrick Devedjian, lui, attend sagement son tour.
Une heure plus tard, «Nadine» passe au hip-hop et tombe la veste, qui disparaît dans la foule. Son garde du corps ne sait plus où donner de la tête. Il le reconnaît, la secrétaire d'Etat «est difficile à suivre. Elle va finir à 3 heures», affirme-t-il, mi-blasé, mi-amusé.
Une bière et ça repart. A minuit, «Nadine» réapparaît sur la piste après un passage éclair à la buvette. La voici cette fois aux côtés du DJ, se déchaînant sur du David Guetta, bientôt rejointe par Xavier Darcos et l’ancien leader des Jeunes Pop, Fabien de Sans-Nicolas. Chacun l'a compris, ce soir la piste de danse est "the place to be". Une demi-heure plus tard, le ministre de l’éducation jette l’éponge. «Elle est infatigable, elle est partie jusque 5 heures du mat’», confie-t-il en s’extirpant de la masse, transpirant.

Nadine Morano, elle, ne s’éclipsera pas avant deux heures du matin. Le lendemain, au petit déjeuner, la soirée de «Madame sans gêne» occupait toutes les conversations de militants qui n’en revenaient toujours pas. Un jeune ironise: «Elle était géniale. Mais si ça avait été quelqu’un de l'opposition, on aurait fustigé une baisse des valeurs républicaines… ».