Mon dernier billet traitait de l'addiction à la voyance. Je viens de trouver de nombreuses sources sur le net pour réfléchir avec l'aide de spécialistes, psychologues cliniciens pour la plupart au concept d'addiction en général et donc aux compulsions des personnes accros à la voyance et notamment aux consultations par téléphone puisque leur accès est d'une grande facilité.
Je viens de tomber sur une interview d'une psychologue, chercheuse en psychologie spécialisée dans les troubles addictifs très intéressante.
Elle y décrit les addictions sans substances et le parallèle est très facile à faire avec la dépendance à la voyance : "Ces addictions comportementales peuvent se définir comme le résultat d’un processus interactionnel entre un individu et un objet externe, banal, à disposition de tous. Ce processus conduit à une dépendance principalement psychologique, en raison des effets qu’elle procure et des fonctions qu’elle remplit. Cette dépendance peut entraîner des conséquences négatives pour le sujet et son entourage".
Elle y parle très justement du fait que les personnes qui souffrent d'addictions comportementales sont difficiles à dépister puisque les critères diagnostiques sont encore flous dans le domaine de l'addiction et que ces personnes, lorsqu'elles sont en souffrance, ne consultent pas dans des lieux de soins spécifiques. Les accros à la voyance ont souvent un peu honte de leur compulsion à consulter, ce sont des personnes qui ont tendance à minimiser leur dépendance, leur comportement ne "se voit pas" pour l'extérieur, est peu pris au sérieux par leur entourage.
On peut aussi vraiment s'interroger sur ce qui fait que les consultations de voyance peuvent devenir l'objet d'une addiction sans drogue. Il me semble que tout d'abord, les facteurs environnementaux sont importants à prendre en compte, la société dans laquelle nous évoluons laisse peu de place aux croyances, la vie perd parfois de son sens, elle génère des angoisses, des questions sur l'avenir, sur le couple... Il est agréable d'être écouté, rassuré, d'entendre ce que l'on veut entendre, de rêver.
De plus, les consultations de voyance sont désormais accessibles par téléphone, même par SMS. La démarche est facilitée, c'est immédiat et rapide, présenté comme peu onéreux avec par exemple les consultations sur des numéros surtaxés à la minute. la voyance est désormais accessible, anonyme, la personne qui consulte a le sentiment de maîtriser et la législation joue en la faveur des cabinets de voyance.
Mais est-ce que la dépendance à la voyance est toujours pathologique ?
Lorsqu'il n'y a pas d’effets particulièrement néfastes sur la vie des personnes qui consultent de manière répétitive, par exemple. La dépendance à la voyance deviendrait pathologique quand elle envahirait l’existence des personnes accros au point de devenir leur principal centre de préoccupation, au détriment d’autres investissements, par exemple affectifs, relationnels, sociaux, professionnels ou familiaux.
Pour lire l'interview très intéressante d'Isabelle Varsecon, professeur des universités dont les recherches portent sur les facteurs de vulnérabilité individuels et environnementaux au développement, au maintien et à l’arrêt des addictions comportementales dont la voyance pourrait faire partie, c'est par ici http://shorttt.com/whJegq.