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Billet de blog 3 juillet 2017

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Addiction pour de petits et gros objets en plastique et sillicone

Mon flair, habitué à traquer les addictions, a guidé ma curiosité vers le monde du silicone et du plastique pour adultes. Les sextoys sont l'objet d'une certaine addiction chez certaines personnes.

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Récemment un billet sur un blog Médiapart a éveillé ma curiosité. Il y était question de personnes qui se déplaçaient avec leurs sextoys et des problèmes que ces petits ou gros objets posaient dans les aéroports. Mon flair, habitué à traquer les addictions, a donc guidé ma curiosité vers le monde du silicone et du plastique pour adultes.  J'ai commencé à investiguer en récoltant les témoignages des vendeurs et vendeuses dans des vraies boutiques qui ont pignon sur rue à Paris* (* du sexshop glauque à la boutique chic comme le très célèbre Passage du Desir).

Quelle est la part de clients susceptibles de conduites addictives dans votre boutique ? Telle était la question, certes sous une forme un peu moins technique. J'ai pu constater que, pour une part non négligeable de la clientèle, le rapport aux sextoys était considérablement teinté d'un rapport addictif. Pour donner une idée d'ordre de grandeur : une proportion d'environ 10% des clients d'une boutique chic en plein quartier touristique est constituée d'habitué(e)s. Et ce d'autant plus que c'est la période des soldes !

J'ai pu finalement en aborder une belle brochette. L'addiction se manifeste différemment selon les cas.

Je mettrais à part les filles très curieuses du genre la blogueuse Jane (https://www.youtube.com/user/shlumpable) où le moteur est la découverte et un certain fétichisme du bel objet n'entretiennent pas vraiment de rapport à proprement parler addictif. Ceci-dit, le collectionnisme est aussi une forme d'addiction. 

De nombreuses femmes revendiquent une activité masturbatoire sans tabou. Elles sont célibataires ou en couple (hétéro ou bi). Les sensations procurées par les sextoys peuvent être hyper intenses. Et l'addiction se situe à se niveau. On est sur des sex-addicts, mais avec des objets. L'usage de matériel professionnel place peu à peu le niveau de sensibilité assez haut, autorisant les habituées à tous les excès. Cela me rappelle mes interviews avec les base-jumpers. Je ne sais pas si l'adrénaline et la dopamine sont également en jeu, mais de nombreuses femmes m'ont assurée que les orgasmes "sous" sextoys étaient incomparables. On clairement est dans la recherche des limites, de nos limites. Ce ceci est un élément que l'ont retrouve dans toutes les conduites addictives.

Autre typologie, les hommes seuls, certains avouent une conduite addictive envers des sextoys spéciaux qui remplacent/agrémentent/améliorent la masturbation. On note une certaine suffisance qui émane d'un rapport pathologique à l'objet. Au niveau conscient, rencontrer une femme n'est pas du tout un besoin. Arrêter de dépenser des centaines d'euros par mois dans le sexe solitaire signe l'état addictif. La masturbation comble un vide, un manque... mais il ne faut pas que ce soit conscient et c'est là ou l'objet intervient ! L'objet est LE BON bouc-émissaire.

Les couples gays rentrent la plupart du temps aussi, à l'instar des couples hétéro ou bi, dans la case sex-addicts.

Pour finir, nous avons interviewé des spécialistes des codes promo pour avoir leur sentiments sur ceux et celles qui les sollicitent pour les sextoys. Pendant les soldes, c'est d'actualité au 03/07/2017, il existe en effet des codes promos qui circulent pour les sextoys (http://www.servicevie.com/passagedudesir-code-promo-sextoys-boules-de-geisha/ ). En général, la typologie des chercheurs de code promo est relativement particulière. On tombe sur des gens qui veulent économiser, soit en général sur tout, soit sur des personnes focalisées sur un objet qu'ils consomment en masse, un peu comme des drogués. Le mot est dit. Certains sextoys-addicts veulent faire des économies et connaissent tous les bons plans.

Il y aurait beaucoup à dire pour affiner, mais avec la dizaine de personnes que j'ai questionnées je préfère rester sur des généralités. Si je pressens chez les sextoys-addicts la problématique commune à tous les sujets pris dans la spirale de l'addiction, il faudrait plus de temps pour préciser les choses et dévoiler leurs spécificités. En tout cas une mise en garde sur le caractère potentiellement addictif du sextoy me semble une bonne conclusion.

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