Avec Laurent Timothée à Djibouti
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Mon opinion?... sur ce qui, il y a plus d'un quart de siècle, fut un événement national - et encore : ça se passait si loin... - mais qui est de toute façon aujourd’hui totalement oublié par la masse malgré la perte de six militaires dans l'intervention (l’adjudant-chef Georges Moulié, les gendarmes Edmond Dujardin, Daniel Leroy et Jean Zawadzki, l'adjudant Régis Pedrazza et le 2e classe Jean- Yves Véron), et plusieurs blessés dont le Lieutenant Florentin grièvement atteint à la tête d’un coup de hache lors de l'attaque de la gendarmerie de Fayaoué, et un de mes amis, l’actuel Colonel Thimothée qui a reçu une balle, lui aussi à la tête, en commandant le premier assaut de la grotte d’Ouvéa par le GIGN...
Eh bien : Vu de très loin, donc, de par la distance, dans le temps et au travers de lectures et d’avis recueillis d’acteurs de cette opération de maintien de l’ordre républicain en territoire ultramarin, il appert qu’un conflit politique s’immisça dans le traitement de l’événement. Un conflit qui avait ses origines à Paris du fait de la difficile "cohabitation" Mitterrand/Chirac. Il fut transposée sur place, me semble-t-il, par un Capitaine Legorjus, « ami »* du célèbre Commandant Prouteau alors feudataire de Mitterrand : Un conflit dû à une rivalité capitale, attisée par la simultanéité de cette tragédie et d’une élection présidentielle imminente.
Pour corser le tout s'y mêla, toujours sur place, un ramassis de gauchistes "métros", d'activistes réunissant quelques enseignants "anticolos" et autres mal dans leur peau de rencontre... dont un curé (!).
Il va de soi que ce genre de circonstance peut... pas forcément mais «logiquement»... inciter à la partialité et au manichéisme. Dès lors l’optique de chacun est faussée et chacun présente les choses à sa manière.
Certes, sinon quelques mots échangés avec l’incontestable héros civil de cette tragédie, le courageux Procureur Bianconi, qui a tenu devant moi la sentence la plus expéditive sur Legorjus, je n’ai eu de confidences que de militaires, mes amis les Colonels Benson et Timothée, et quelques civilités fugitives du Général Vidal auquel j’ai été présenté à Paris, au Sénat, lors d’une manifestation en faveur de l’Association des « Veuves et orphelins d’Ouvéa ». Je n’ai lu par ailleurs que le livre d’un très sympathique journaliste, Patrick Forestier (Les mystères d’Ouvéa), dont je fus naguère le commensal au Mess de l’Escadron de gendarmerie d’Antibes, ainsi qu'un ouvrage « humaniste » du Général Picard (Ouvéa : Quelle vérité ?).
Et de fait, comme je ne recèle pas un talent analytique foudroyant j’ai pris l’habitude en toute situation de me référer à des fondamentaux. A la simplicité :
- Je suis l’homme d’un camp : celui de la France.
- Or, et en l’occurrence, les adversaires de mon pays, des indépendantistes kanaks, n’ont pas eu l’aval du FLNKS, parti séparatiste officiel de Jean-marie Djibaou, personnalité singulière car unanimement estimée pour sa pondération. En revanche il s’agissait en la personne de Dianou, le meneur des rebelles sans doute manipulé de l’étranger (Australie), d’un illuminé. Un fruste. Un fou. Ce qui rendait toute négociation aporétique, sujette à ses sautes d’humeur incontrôlables.
Mon propos initial, ici, était d’accabler Kassovitz que je ne peux personnellement pas blairer – c’est physique et indiscutable – et dont je suspecte de surcroit qu'il ait étalé dans son film ses exaltations parisianistes et sans doute un antimilitarisme nutritif. Je ne vais donc livrer qu'un à-priori sur son "navet" – Ne l'ayant pas vu - via un préjugé sur Legorjus, que je n’ai jamais rencontré non plus, mais qui fut son Cicérone dans la réalisation de « L’Ordre et la Morale » : Tous ceux des militaires dont j’ai ouï ou lu les opinions et qui le côtoyèrent dans l’opération de libération des otages de la grotte d’Ouvéa sont extrêmement péjoratifs à son encontre. Tous. Tous le considèrent, certains comme un lâche, ce dont je doute, mais en tout état de cause comme un affabulateur et un intrigant. Depuis ceux qui furent les hommes de troupe jusqu'aux Officiers. Seul le Général Picard le ménage dans son livre, mais je l’ai dit : j’ai eu l’impression, à la lecture de cet ouvrage de réflexion, d’ouvrir le journal d’un « humaniste ». D’un ecclésiastique. Mais de bon aloi celui-là.
Un signe ? Une anecdote ? Invité à Satory du temps du Commandant Gallois, je n’ai pu trouver une seule image lors de ma visite du musée du GIGN, la plus minime allusion concernant le passage de l’individu Legorjus au sein de la prestigieuse institution... qu'il commanda pourtant de 85 à 89!... Édifiant.
Pour une critique objective du film, quant à son honnêteté historiographique, je solliciterai l'opinion de mon ami le Colonel Alain Benson, présent à la réelle opération militaire et qui a vu « L’Ordre et la Morale ».
* Au dires de Legorjus dans Wikipedia
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