Je ne savais pas qu’il s’appelait Darou, et encore moins qu’il jouissait d’une telle notoriété dans le milieu sportif : I<Télé vient de consacrer ce soir un bon quart d’heure d’Info à son décès... des suites d’une « longue maladie ». 72 ans. Soit, mais je me demande dans quelles conditions j’arriverai, moi, à mes 70 en Octobre prochain : Du coup j'ai presque envie de dire qu’il a eu du bol.
Je l’avais connu pour quelques shows de ski nautique dans les années 68/70. Une « caisse ». Il se teignait déjà les cheveux, mais personne ne se serait avisé de le chambrer là-dessus. Grande gueule avec la viande qui suivait : pour faire court il ne me semblait pas avoir inventé le fil à couper le beurre : Erreur manifeste. Passé accidentellement sous un chris-craft lors d'une leçon, il portait les stigmates des pales de l’hélice qui lui avait tailladé le poitrail. Bref : un personnage particulier, qu’on va dire communément « haut en couleur ».
Un malin, surtout, que je retrouvai un jour coach (le mot était tout neuf à l'époque) d’un confrère, rejeton d’une dynastie de riches médecins parisiens, voisins l’été de mes parents. La maman, anesthésiste (entre autres) était la soeur de Cécilde Aubry. Il faut dire que le coach en question était parvenu à façonner un athlète d’un petit gars sympathique mais boulot et initialement fait pour le sport comme moi pour dire la messe.
Malgré ça je ne le sentais pas, et comme il paraissait ne pas me calculer, je ne le calculais pas non plus, et ainsi ça simplifiait les choses.
On le vit aussi dans le coin comme entraineur au Tennis, puis il disparut des radars antibois.
Ce n’est que des années plus tard qu’un copain me dit un jour incidemment : - « Tiens, tu te souviens de ce type qu'on appelait Tiburce ? Je viens de le voir sur TF1 : Il fait maintenant le coach à Star Academy.".
Et enfin, il y a 6/8 mois, avant que je ne tombe moi-même dans les griffes d’une longue maladie, quand j’allais encore boire le café le matin chez Mireille et Anaïs, à l’Escale, à Golfe, j’ai été très surpris de le voir débarquer un jour sur le coup des 7H, descendre d'un scoot’, amaigri à l’extrême, méconnaissable, et aller se poser discrètement à distance de notre groupe, à une table isolée et proche du parapet qui donne sur le port, commander un croissant-crème, chausser des lunettes et plonger le nez dans son Newmat. Sa lecture achevé, il avait tout aussi discrètement renfourché son « deux roues », et s’en était retourné vers Cannes. On le revit ainsi deux ou trois fois.
Un bonhomme qui autrefois aurait fait un tel volume qu’on en appréhendait presque sa présence. Du moins dans mes lointains souvenirs. Quand il n'était pas encore suffisamment connu pour que cela devienne un qualité sociale. Convenable à une certaine société. Parisienne.
On est vraiment peu de chose. Et moi donc...