Je viens ici dans les foulées d'un ami médecin qui n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour manifester son sentiment sur feu le journaliste Hervé Ghesquière... Ainsi certainement, mais non dit, que sur son confrère Taponier. C’était en 2009. Ces deux présumés opiniâtres, doublés en toute hypothèse de lamentables ingrats, appâtés par l’idée d’un reportage inédit en Afghanistan, auraient enfreint les avertissements et recommandations exprès de militaires français sur zone. Ils avaient par conséquent été enlevés par des talibans, et leur libération avait coûté leur jeune vie à 3 de nos soldats !...
Rentrés à Paris, les deux « héros » coururent plateaux-télé sur plateaux-télé pour raconter leur épopée, mais sans avoir eu, ce qui dépasse l’entendement et si mes souvenirs sont bons, le moindre mot de reconnaissance envers leurs sauveteurs, et surtout pour les 3 engagés, dont un père de famille, laissés sur le tapis. Lamentable, je le redis.
Or, je m’irrite à mon tour au rappel, aujourd’hui même, de la mésaventure d’une autre inconséquente, une sexagénaire « humanitaire » nommée Sophie Petronin, qui apparait sur une vidéo publiée par ses ravisseurs à l'occasion du séjour de Macron au Mali.
En effet, en 2016 cette femme avait été enlevée, elle, à Gao, au Mali donc, par des voyous endémiques de ces régions.
Endémiques ?... Oui : Immense saharien, mon digne Père qui connaissait cette partie de l’Afrique comme sa poche, me racontait déjà quand j’étais petit les problèmes de l’Armée coloniale avec cette engeance, dorénavant affublée du titre de djihadistes bien qu’il ne s’agisse de rien de plus que de vulgaires et traditionnels pillards, de maures et touaregs négriers, avides de trafics divers et de rançons depuis la nuit des temps. A l’époque, après 1945, les rezzous allaient encore à dos de chameaux et utilisaient de vieux Lebel ou Mas 36. De nos jours cette vermine chevauche de véloces Toyota lourdement équipés de mitrailleuses et de kalachnikovs. Autres temps...
J’ai moi aussi, début des années 2000, goûté comme la "philanthrope" en question, mais par accident, aux plaisirs exotiques de l’humanitaire ; très peu certes et j’ai expliqué pourquoi. Il s’est nonobstant avéré un jour où j’exprimais par mail à la très respectable Mme Jacqueline Delassus, chargée à l'époque du « bureau de pleurs » de l’Express (courrier des lecteurs), mon intention de monter une nouvelle mission dentaire dans le Trarza mauritanien, où l’association Terre d’Azur avait créé un dispensaire. Une de ses consœurs, probable spécialiste de cette partie de l’Afrique tropicale, et dont j’ai honteusement oublié le nom du fait de certaines médications actuelles, m’avait parallèlement répondu et alerté, me mettant très aimablement en garde contre ce projet : À vrai dire débutaient en ce temps-là et dans cette région les prouesses de cette crapule de Belmokhtar, qui se fit par la suite une notoriété dans le « métier ». Sa bande et lui venaient d’assassiner un père français et son fils à 60 bornes de Toumboïali ou de R’Kizz, je ne sais plus : très près en tout cas de Maata Moulana où je voulais me rendre. Cette secourable journaliste insista sur la dangerosité de ce déplacement, bien que je fus normalement protégé par l’autorité religieuse d’un Hadj soufi, Mohamed Mechri, viandard de première lui aussi, mais c’est là une autre histoire ... que j’ai déjà pareillement racontée sur ce blog.
Eh bien, n'écoutant que mon courage, j’écoutais surtout ce conseil judicieux d’une personne qui savait de quoi elle parlait... et j’ai donc abandonné l’humanitaire. Puisque seule cette région du monde m’intéressait pour ce faire, et pour avoir été parcourue des milliers de fois par mon vénéré géniteur : Raison exacte de ma fugitive vocation de Dr Schweitzer.
Pour en revenir à cette Sophie Petronin, Gao du temps de la colo c’était, après l'âpreté des Ifoghas, ou du Tanezrouft et de son fech-fech, un havre merveilleusement arboré dont mon Père ramenait des films (en 16mm) qui me faisaient rêver : Pirogues, pêches et chasses matutinales, promenades embrumées sur le Niger, Mr et Mme Fabre, les responsables de poste du "M-N", des protestants inoubliables qui faisaient le bien dans une paisible ville de pisé. Les "gendarmes", ces petits oiseaux tisserands dans d'immenses tamariniers. Les "crocos" et les "hypos"... Le tombeau des Askias : Gao l'onirique.
Aujourd’hui, avec la fin de la colo Gao est lentement devenu un enfer islamique, où le danger guette à chaque venelle.
Or cette folle est restée sur place, sachant très bien ce qui l’attendrait un jour ou l’autre : C’était là son choix. "D'barrassek !"* comme on disait à Oujda. Mais ce qui est grave c’est que toute tentative pour la faire libérer ou la libérer représentera, désormais qu’on la sait vivante, soit le versement de sommes inouïes pour la récupérer de la racaille qui la séquestre, soit des risques semblables à ceux encourus en Afghanistan par les militaires qui ont arraché les deux journalistes des mains des Talibans... En payant un encore plus lourd tribut.
Les Anglais ont immédiatement été plus fermes que nous : Eux refusent de payer rançon, quoi qu'il arrive, ce qui est totalement dissuasif auprès de truands dont on sait que seul l’argent les intéresse, et non la gloire d’un Créateur dont il se foutent en vérité comme de leur premier burnous.
* "Tant pis pour toi !"