(Vlad est un ex-Officier de l'Armée Française, expatrié à St Petersbourg)
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Une campagne électorale assez particulière ou le chant du cygne de Manolo la terreur
Vu de loin, et par quelqu’un qui n’est pas concerné par ce scrutin, la campagne électorale à l’occasion des départementales est pitoyable, même si intéressante toutefois sur la forme. Presque hilarante !
Inutile de relever que les Français vont voter pour des gens dont les compétences sont actuellement en cours de discussion et encore pour quelques semaines devant le parlement, ce qui évidemment est de nature à les aider à mesurer les enjeux du scrutin. Déjà cela montrerait l’aspect insolite de ces élections. Mais ce n’est pas le sujet. Car l’objet de l’élection, c’est l’élection… et son résultat. Triompher, progresser, se prendre une bâche…, voilà l’enjeu au niveau national. Au niveau local c’est autre chose. Mais cet « autre chose » n’est pas forcément avouable. Et c’est cette partie non avouable qui provoque un certain affolo chez les socialistes. Professionnels du clientélisme, il existe pour eux un problème crucial lié au résultat de cette élection. Ce sera d’ailleurs la même chose avec la suivante, les régionales. Le problème est tout simplement alimentaire, directement ou indirectement. Les élus, ceux qui espèrent un emploi de complaisance, les associations généreusement subventionnées… tout ce beau monde est en danger. Du coup, on nous sort super Zorro pour arranger tout ça, ou peut-être seulement limiter la casse. Et super Zorro c’est notre flamboyant premier ministre. C’est lui la vraie star de cette campagne, menton en avant, cheveu gominé à souhait, chargé de vendre à ceux qui n’y croient plus guère un socialisme au bilan si élogieux après presque trois années de pouvoir. Non, je rigole ! Ça il n’essaie même pas de le vendre, et même il n’ose pas. Ce qu’il essaie de vendre, c’est de l’angoisse, de la peur. La peur du FN, virtuellement premier parti de France à cette élection, et qui pourrait, achtung tenez-vous bien, remporter la prochaine présidentielle.
Ce qu’il oublie le Manolo, dont les excès verbaux lui valent déjà dans certains milieux le surnom d’Adolfo Ramirez, du nom de ce sulfureux personnage interprété par Gérard Jugnot dans « Papy fait de la résistance », ou ce qu’il affecte d’ignorer, c’est qu’il est peut-être un peu responsable de la chose si 30% de votants sont capables de mettre dans l’urne le nom d’un candidat tiré d’un fond de poubelle, comme le dit fort élégamment le premier secrétaire du PS, l’homme aux diplômes douteux condamné par deux fois pour recel d’abus de biens sociaux et pour abus de confiance. Un homme bien, quoi ! Et qui peut donc de ce fait accabler de son mépris ceux qui pensent mal. Si en effet un parti douteux, au programme « nauséabond », aux propositions « catastrophiques », et présentant des candidats « sortis des poubelles » est devenu le premier parti de France, il y a lieu de peut-être s’interroger sur les causes avant de fustiger les conséquences. Et se demander si davantage que de voir arriver ce parti au pouvoir, ceux qui sont passés « du côté obscur » n’ont pas tout simplement envie de voir dégager ceux qui ont failli sans pour autant perdre leur arrogance. Et c’est bien cette arrogance qu’on retrouve dans les propos outranciers d’un premier ministre qui a le culot d’espérer que les électeurs, par peur du FN, vont voter pour les socialistes et leurs alliés de plus en plus rares par ailleurs.
Mais le Manolo, il ferait bien de comprendre une fois pour toute que ses postures de matamore, avec le menton mussolinien comme accessoire principal, font désormais davantage rire que convaincre. Que ses propos tissés de formules choc, se succédant en se contredisant ne font plus aucun effet, bien au contraire. Que quand le matin on déclare la guerre à l’islamo-fascisme et que le soir on fustige la République responsable par sa politique d’apartheid de créer des terroristes, chacun peut s’y retrouver à un certain moment, mais plus personne à la fin. Manolo, c’est l’esbroufe permanente, la multiplication des rôles, l’homme schizophène, par exemple grand défenseur de la laïcité mais pensant à la mosquée que le ramadan est un grand moment républicain, défenseur des plus démunis mais qui, à la demande de sa femme, fait expulser les SDF qui osent trainer au pied de son immeuble. Manolo, c’est tout et son contraire, donc rien. S’il a pu faire illusion auprès de certains pendant quelque temps, et bien ça se termine. Et donc, comme c’est souvent le cas quand on commence à perdre pied, plutôt que de revenir à des positions plus raisonnables, plus cohérentes, on s’agite, on s’affole…avant de couler.
Aussi Manolo, ressemblant de plus en plus à Adolfo Ramirez, s’agite, s’affole, tient des propos de plus en plus outranciers, s’en prend de façon haineuse à ceux « qui ne sont plus dans l’esprit du 11 janvier », donc ceux qui le prennent pour ce qu’il est… et finit par récolter cette courte mais si éloquente appréciation sur sa personne : un crétin.
C’est Michel Onfray qui le qualifie ainsi, réagissant aux critiques d’un Manolo dont on comprend maintenant l’intérêt qu’il porte à l’apprentissage du français à l’école (belle découverte en effet, dont l’originalité et le côté révolutionnaire n’échappera à personne !), ayant lui-même apparemment quelques problèmes avec la compréhension et le maniement de cette langue. A sa décharge, il faut reconnaitre que ce n’est pas sa langue maternelle et c’est pourquoi je trouve Onfray un peu sévère avec un homme en cours d‘acquisition d’une compétence qu’il ne maitrise pas encore tout à fait. Si j’étais méchant je dirais que c’est presque de la xénophobie.
Car notre pauvre Adolfo n’a de toute évidence pas tout compris à ce qu’a dit Onfray dans Le Point (je crois) même si quelques mots-clés ont pu titiller son cerveau comme « préférer », « gauche », « droite », « intellectuel ». Mais pas le reste, « analyse juste ou injuste ». Mais cela importe-t-il à notre pourfendeur du mal ? Après tout, depuis un certain temps déjà, Onfray tient des propos « douteux » pas très conformes à la bienpensance. Et, rendez-vous compte, il est même capable de trouver justes certaines analyses de Zemmour et, pire, sommet de l’horreur et de la défection (sans a), de parler avec lui sans l’insulter et sans baver. Pas bien ça ! Donc dans ce cas les raccourcis fondés sur des propos déformés et des inexactitudes sur de Benoist, son appartenance au club de l’Horloge et la filiation idéologique du FN avec ses idées, sont forcément justifiables. Il ne faut reculer devant rien pour combattre le mal, n’est-ce pas ? Même le mensonge et la malhonnêteté sont parfaitement justifiables.
Pauvre Manolo ! Pitoyable Manolo ! Qui ne cesse de montrer, par ses expressions et ses propos haineux, dans quel état de mépris il tient ceux qui ne portent pas la bonne parole, ne pensent pas bien ou ne voient pas en lui cet homme providentiel qu’il pense être, confondant sans doute scène politique et scène théâtrale. Un homme qui se dit courageux mais qui, en cas de raclée électorale, tandis que son investissement dans la campagne, quelle qu’en soit la qualité, est particulièrement remarquable, ne le serait pas assez pour en tirer les conséquences. La France a sans doute besoin de lui ! Quelle vanité ! Sans doute se prend-il pour un guide. Ne prétend d’ailleurs-t-il pas nous dicter, au-delà de nos choix électoraux, nos choix intellectuels en nous dénigrant le travail de quelques écrivains et en nous indiquant même qui ne mérite pas d’être lu. A quand les autodafés ? Républicains, cela va s’en dire !
Au moins Hollande aura-t-il fait une chose bien pendant son quinquennat : nommer cet individu premier ministre et nous aider ainsi à mieux le connaitre, à l’apprécier à sa juste valeur, donc pas grand-chose si ce n’est un don véritable pour le théâtre. Sans doute devrait-il y penser. D’autres politiques, de circonstance comme Tapie, ou professionnels comme Michel Noir l’ont fait avant lui. Mais avec un succès bien moindre que ce que serait le sien. Dans le registre "Guignol", évidemment.