« ... Il n’y en a que pour eux. J’en sais quelque chose : Je bosse avec eux tous les jours ». C’était la réflexion, hier, d’un quarantenaire très actif parmi mes meilleurs amis.
D’un autre, du même âge, auquel nous sommes Bobonne et moi aussi très liés, lui aussi actif dans un boulot socialement important : « Je suis marié avec une juive*, tu le sais très bien, mais je dois reconnaître... qu’il n’y en a que pour eux ».
C’est vrai : Ils font chier.
Mais primo je m’entends très bien avec les Séfarades, les connaissant parfaitement et usant de discrètes véroniques ou bien d’un relèvement de ton quand ils se mettent à déraper dans la condescendance ou même le mépris. J’y ai et y ai eu beaucoup d’amis. Des gens souvent d'une rare finesse. Surtout les femmes.
Je dois d'ailleurs mon CPEM-Grenoble, en 68, à un juif, Michel Hanoun, apparemment aujourd’hui haut-placé à l’UMP et que je n’ai jamais revu depuis. J’explique : On jouotait tous les deux au Rugby, lui le petit gros, moi le loubia. Un jour, alors que je suis pourtant un pétochard de première je file un coup de boule à un connard de pilier adverse qui l’avait agressé sur le terrain de Médecine militaire-Lyon. 6 mois plus tard je croise Hanoun, en pleine période de session d'Octobre (lui a réussi à la session précédente reportée de Mai à Septembre à cause des événements). Il est venu renifler la situation car il a su se glisser dans les commissions paritaires (Enseignants/élèves) du bordel de l'été 68 . Je lui confie que je n’ai jamais... ne serait-ce qu'ouvert le polycop de Biochimie, Coeff 6 et 5cm d’épaisseur, et que je suis donc niqué! (Je ne sais d'ailleurs toujours pas à 70 berges ce qu'est la Biochimie). On est le matin à 9H. L’épreuve a lieu à 14H. « Bouge pas, je reviens... ». Il se barre vers ce qu'on appelait avec Kèk** les bâtiments "pyjamas", à St Martin d'Hères. C'était en ce temps-là le siège des bureaux administratifs de la Fac de Sciences, dont dépendait le CPEM. Une heure plus tard il est de retour devant l’amphi : « J’ai ta parole de PNoir que tu fermes ta gueule ? ».... « Ullah ! »... « Tu lis juste la page de résumé de la Vitamine C. Juste ça. Salut !... ». Il se tire. Je ne l’ai en effet jamais revu.
Ma-tkhaefsh, a-tshahbab : c’est prescrit, Hanoun, ils ne peuvent plus rien contre nous! Tu parles, à notre âge... En outre, par ton esprit de camaraderie tu as donné à la France un de ses meilleurs dentistes de ces 40 dernières années. Bon, ça c’est beaucoup moins vrai. Et même pas vrai du tout, mais on s’en fout.
Voilà une raison pour laquelles je défends les juifs. Il y en a d’autres. Je raconterai dans un autre billet...
* j'éprouve une affection quasi "paternelle" pour cette jeune femme, pourtant si revèche quand nous l'avons connue et si froide de contact, mais qui est en vérité un trésor d'humanité.
** Mon plus grand copain à l'époque. Très-très haute pointure intellectuelle, le "Kèk", un génie en Maths/Physique, mais pas juif : Sicilien.