Sa spectaculaire campagne présidentielle, le barnum impressionnant de l’hologramme, sa faconde d’intellectuel, ses novations verbales tonitruantes jetées dans un débat politique terne et convenu, usé, particulièrement minable car uniquement centré par la presse sur la délation, son rameau d’olivier à la boutonnière et sa veste en tricot de grand-mère... furent une réussite, une fête inespérée par ces temps de frilosité contestataire, une noce rouge dont l’enthousiasme général qu’elle a déclenché à gauche lui a valu pour le coup 20% de voix "présidentielles". "Dégagés" les frondeurs, tournez manèges !... Vous alliez voir ce que vous alliez voir.
Le hic c’est que l’enivrement causé par ce qui était devenu une messe à sa gloire, un culte de Sa personne, s’est brisé net le soir du premier tour, quand la Méluche est redescendu sur terre et à sa place de quatrième larron dans une lice électorale pour le moins inédite.
Mauvaise limonade pour un homme éméché par les louanges et qui s’y voyait déjà. Face à la maritorne ou au banquier acnéique.
Et c’est là, avec l'extinction d'un hourvari et le dessillement d'une illusion, que le naturel est revenu au galop. Gueule de bois du mauvais joueur, ses lèvres de politicien ne sont pas parvenues à prononcer ce que la logique commandait, lui substituant une rancœur muette mais effervescente, écumante aux commissures, que nourrit en son for tout gauchiste qui se respecte.
Il ne sut donc pas se rallier à l’intrus pour faire barre à la catastrophe brune. Du moins blonde en l’occurrence.
Ça, les « gens », même un temps idolâtres, n’aiment pas. Et une dévotion bien entretenue de six mois s’est éteinte en peu de jours. Par la faute d'un silence.
Dépressif, le simulateur a laissé ressortir ce qu’il est : un acteur talentueux, certes, mais un personnage politique de second plan. Parce que pour être au premier rang dans ce monde-là, Mônsieur, il faut avoir des convictions, sinon la force mentale de persuader sur le long terme qu’on en a. Des convictions... et autre chose. Qu’on n’est pas le simple comptable d’une carrière en dents de scie, pas une baltringue.
Or, c’est son cas : Capitaine d'un Costa-Concordia qui tant moqua celui de pédalo, il a merdé la course aux Législatives, escapé à Marseille pour sauver sa peau en abandonnant en quelque sorte les dupes de cette France Insoumise qui avaient cru en lui. Je crois, moi, comme beaucoup de Français, qu’il doit s’apprêter à prendre une baffe sérieuse, ce soir et dimanche prochain, même s’il représente actuellement la seule consistance idéologique de gauche opposable au tsunami marcheur, le PS s’étant évaporé... et la droite classique ne valant guère mieux.